Aux États-Unis, les prix en hausse sous la pression des droits de douane
AFP
Les effets des droits de douane voulus par Donald Trump commencent à être ressentis par les Américains, confrontés pour la deuxième fois consécutive à une remontée des prix à la consommation, en hausse de 2,7% sur un an en juin, selon un indice publié mardi.
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L’indice CPI de mesure de l’inflation a progressé en juin de 2,7% en rythme annuel, contre 2,4% en mai. Cette progression du mois dernier est en ligne avec les attentes des analystes, selon le consensus publié par MarketWatch.
C’est le deuxième mois consécutif de hausse en rythme annuel, puisque les prix avaient déjà regagné en vigueur en mai, alors qu’ils avaient eu tendance à se rapprocher auparavant de la cible de 2% de hausse sur un an, fixée dans le mandat de la Banque centrale américaine (Fed).
L’accélération de l’inflation est également marquée en un mois, avec des prix en augmentation de 0,3% en juin (contre 0,1% en mai), sous l’effet de ceux de l’énergie, là encore conforme aux anticipations des analystes.
Hors les prix de l’alimentation et de l’énergie, toujours volatils, l’indice CPI a progressé en juin de 0,2% en un mois et 2,9% en un an, soit une légère hausse dans les deux cas par rapport à mai.
Dans un communiqué paru dans la foulée de la publication de l’indice, la sénatrice démocrate Elizabeth Warren a fustigé «ceux qui disent que l’on ne voit pas les effets des guerres commerciales de Trump», les invitant à «regarder les données d’aujourd’hui [mardi, NDLR]» et s’inquiétant de «voir les familles écrasées, alors que le président rend les choses encore plus difficiles».
Juin a été marqué par le conflit entre Israël et l’Iran qui avait entraîné une forte hausse du prix du pétrole, resté depuis à des niveaux plus élevés que ce qu’il était avant les douze jours d’échange de tirs de missiles.
La hausse du coût de l’énergie concerne également les prix de l’électricité et du gaz, qui ont connu une forte hausse en juin par rapport à mai.
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Nouveaux droits de douane à venir
Les Américains sont par ailleurs confrontés à une légère remontée des prix alimentaires ainsi que de ceux des services de santé, alors que les coûts du logement, qui a été l’un des principaux moteurs de l’inflation persistante ces derniers mois, marquent légèrement le pas.
«Nous envisageons toujours un point de pourcentage de hausse des prix du fait des droits de douane existants, avec la plus forte hausse sur les produits en juillet», a anticipé dans une note le chef économiste de Pantheon, Samuel Tombs, qui évoque «un risque de hausse supplémentaire sous l’effet de surtaxes prévues le 1er août».
Le président Trump a imposé début avril 10% de droits de douane sur la quasi-totalité des produits entrant aux États-Unis, avec une taxe douanière pouvant monter à 25% sur l’automobile et les pièces auto et même 50% sur l’acier et l’aluminium.
D’autres secteurs pourraient être touchés puisque des procédures ont été lancées pour les produits pharmaceutiques, les semi-conducteurs, les drones ou encore le silicium polycristallin et ses dérivés, utilisés pour la fabrication des panneaux solaires et des semi-conducteurs.
Une vingtaine de pays ont par ailleurs reçu depuis début juillet une lettre de la Maison-Blanche leur annonçant l’imposition de droits de douane sur leurs produits, compris entre 20 et 40% pour la majorité des pays et même de 50% pour les produits brésiliens. Des surtaxes qui seront appliquées au 1er août.
Le président américain a également annoncé sa volonté de taxer les produits européens et mexicains, deux des principaux partenaires commerciaux des États-Unis, à hauteur de 30%.
Les économistes ont insisté sur le risque que ces droits de douane allaient représenter en matière d’inflation. Le gouvernement américain, qui avait assuré dans un premier temps qu’il n’y aurait aucun effet, souligne désormais que l’effet devrait être mesuré et ne serait ressenti que pour un temps limité.
La reprise de l’inflation devrait cependant pousser la Fed à continuer à faire preuve de prudence, alors qu’elle a maintenu ses taux inchangés depuis le début de l’année. Les analystes anticipent que cette tendance devrait se poursuivre lors de sa prochaine réunion, prévue à la fin du mois, si l’on en croit l’outil de veille de CME, FedWatch.