François Legault met l’ex-ministre Pierre Dufour à la porte du caucus caquiste et la grogne se poursuit en Abitibi

François Legault a mis l’ex-ministre Pierre Dufour à la porte du caucus de la CAQ, après qu’il a menacé de quitter le parti si un député de l’Abitibi-Témiscamingue n’obtenait pas une place au Conseil des ministres. Devant la grogne exprimée par les élus locaux, il semble que le PM se désignerait lui-même responsable de la région.

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«L’équipe gouvernementale est et doit rester unie. Comme premier ministre et chef de parti, je prends les décisions qui s’imposent pour maintenir cette cohésion et pour que nous soyons à la hauteur des attentes des Québécois», a déclaré M. Legault par voie de communiqué, vendredi matin.

Après le départ d’Andrée Laforest, qui a quitté jeudi ses fonctions de députée et ministre des Affaires municipales pour briguer la mairie de Saguenay, le député d’Abitibi-Est Pierre Dufour a confié à différents médias qu’il soupesait ses options, si aucun élu de sa région n’accédait au Conseil des ministres.

Même s’il s’est ensuite défendu de lancer un ultimatum au premier ministre, il s’est vu signifier son exclusion du caucus.

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Dufour indépendant

«Si le premier ministre croit que c’est le geste qu’il doit poser pour conserver la cohésion [...], je ne peux pas dire qu’il a mal agi», a réagi le député Dufour avec philosophie, précisant qu’il siégera à titre de député indépendant.

Il maintient toutefois que l’Abitibi-Témiscamingue mérite une place à la table des décisions et il ne regrette pas ses propos. «Dans la vie, ce n’est pas moi de faire semblant de rien et me taire, dans l’espoir d’avoir un poste», a-t-il dit à notre Bureau parlementaire.

Malgré les fortes rumeurs, il est peu probable qu’il se lance dans la course à la mairie de Val-d’Or.

Pierre Dufour a été ministre des Forêts lors du premier mandat du gouvernement Legault. Il a été dégommé en 2022, laissant la région sans représentant au Conseil des ministres. «Cette erreur de 2022 nous rattrape, eux [la CAQ] et moi», a-t-il poursuivi.

Il estime par ailleurs avoir pris les balles pour l’équipe lorsqu’il défendait les positions du gouvernement sur la gestion de la forêt et qu’il apparaissait comme un ministre controversé.

Depuis, les ministres Mathieu Lacombe (Outaouais) et ensuite Jean Boulet (Mauricie) ont été nommés responsables de la région.

De l’huile sur le feu

Rien pour calmer la grogne des élus municipaux de l’Abitibi-Témiscamingue, qui a augmenté d’un cran. Le préfet d’Abitibi-Ouest Jaclin Bégin «n’en revien[t] pas» que le premier ministre punisse ainsi M. Dufour. «On a une personne qui se lève et qui défend les intérêts de l’Abitibi, puis qui porte le message qu’on porte depuis des mois et qui se fait exclure du caucus», a-t-il déploré.

Il se souvient qu'à l'instar de M. Dufour, le député caquiste de Rouyn-Noranda–Témiscamingue Daniel Bernard a dû s'excuser au printemps, après avoir dénoncé que les régions n’ont pas suffisamment de poids au sein de son gouvernement.

«Si nos députés ne peuvent pas porter ce message-là, qui est-ce qui va le faire», se demande le préfet.

Il a dit espérer que le remaniement sera l’occasion pour François Legault de rectifier le tir, soit avec M. Bernard ou Suzanne Blais (Abitibi-Ouest).

Or, selon une source gouvernementale fiable, le premier ministre se donnera probablement la responsabilité de l’Abitibi lors du remaniement, la semaine prochaine.

On plaide notamment que la région est «le moteur de projets miniers et énergétiques majeurs», filière dans laquelle s’engage particulièrement M. Legault.