Autos chinoises au Canada: et si les objectifs environnementaux servaient d’accélérateur?

Jessica Lapinski
Si les voitures chinoises ont envahi les routes européennes et celles d’Amérique latine, elles demeurent marginales au Canada. L’imposition d’une taxe de 100% sur ces véhicules n’est évidemment rien pour accélérer leur arrivée. Mais pour combien de temps encore?
La réponse est loin d’être évidente et la taxe n’est pas l’unique frein aux véhicules chinois. Les frais de transport et les normes nord-américaines strictes le sont aussi.
Le Canada pourrait toutefois devoir transiger avec la pression des consommateurs, une réalité à laquelle ont fait face certains pays d’Europe, et un jour accepter de réduire les barrières douanières.
Sur le Vieux Continent, malgré la volonté politique de protéger l’industrie locale, l’arrivée massive de modèles chinois a forcé les consommateurs à réaliser qu’il était possible d’acheter une voiture électrique neuve, performante et bien équipée.
Pour, parfois, des prix de 30 à 40% moins élevés qu’une rivale européenne.
En Allemagne, des journalistes spécialisés se sont d’ailleurs mêlés du débat lors de leurs comparatifs entre la MG4 de MG Motor, une voiture compacte, et la Volkswagen ID.3.
Le succès fulgurant de marques comme MG, mais aussi BYD et NIO, en Europe, envoie un message clair: quand les consommateurs ont le choix, ils tendent à opter pour la solution économique.
Pour atteindre l’objectif
Le Canada fait aussi face à un échéancier et il pourrait avoir besoin d’un coup de pouce de la Chine afin de l’atteindre.
Le pays souhaite interdire la vente de véhicules thermiques neufs dès 2035 afin d’atteindre ses objectifs de carboneutralité.
Pour cela, il faudra des voitures électriques qui conviennent à tous les budgets. En 2025, au Québec, les autos électriques neuves qui se vendent moins de 40 000$ (avant subventions) sont rares.
Les manufacturiers chinois n’offriraient sans doute pas au marché canadien des prix équivalents à ceux offerts en Chine. Il faudrait probablement calculer quelques milliers de plus à débourser pour les acheteurs d’ici.
Mais certains modèles de compactes de BYB se vendent 12 000$ canadiens dans leur pays d’origine.
Des intérêts opposés
Le gouvernement fédéral devra donc jongler avec des intérêts opposés: d’un côté, l’objectif environnemental ainsi que l’accessibilité économique et, de l’autre, la protection de l’industrie nord-américaine.
Notamment celle de constructeurs établis tels que GM et Ford, qui comptent sur des politiques favorables pour survivre à la transition électrique.