Autoroute Dufferin-Montmorency: un couple miraculé prédit d’autres accidents

Marc-André Gagnon
Contrairement à ce que martèle le gouvernement, un couple qui a survécu miraculeusement à un accident sur l’autoroute Dufferin-Montmorency juge la présence d’un radar photo insuffisante pour sécuriser le secteur.
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«J'ai l'impression qu'on priorise, en fait, les revenus des contraventions avant même de rendre cette intersection-là sécuritaire», a déploré Coraline Toupin, en racontant ce qu’elle a vécu avec son conjoint, le 6 février dernier, dans le secteur Beauport.
Il était 18h45, ce jour-là, lorsque la voiture dans laquelle elle se trouvait avec David Rioux a été percutée violemment par l’arrière, alors qu’ils attendaient au feu rouge pour tourner à gauche vers le boulevard François-De Laval.
Il s’agit du même endroit où quatre personnes d'une même famille ont perdu la vie, en septembre 2021.
Un petit miracle
Selon le témoignage de Coraline et David, les premiers répondants intervenus sur les lieux de l’accident, la semaine dernière, peinaient à croire qu’ils aient réussi à s’en sortir la vie sauve.
«On a été chanceux, on a tout de suite eu de l’aide», a raconté Coraline, qui a partagé son histoire devant la presse parlementaire à l’invitation de Québec solidaire.
«Toute la carrosserie était avancée jusqu'à nos dossiers de chaise, a-t-elle relaté. Heureusement qu'il n'y avait personne avec nous en arrière. [...] S'il y avait eu des planches à neige, [...] bref, d'autres choses derrière la voiture, ça nous aurait écrasés. Ça aurait été un autre accident, peut-être moins plaisant aux nouvelles.»
«S’il y avait eu quelqu’un en arrière [de leur véhicule], un enfant, il serait mort», a insisté le député solidaire Sol Zanetti. Selon lui, c’est «un petit miracle de la vie» si le jeune couple s’en est sorti presque indemne, mais aussi «un avertissement», a-t-il ajouté au Salon bleu, en faisant appel au sens des responsabilités de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, pour qu’elle ferme cette sortie de l’autoroute.
Le «pari» du radar photo
Or, la ministre Guilbault estime que la mise en service d’un nouveau radar photo dans ce secteur, le 3 février dernier – il était donc fonctionnel lors de l’accident – a déjà une incidence sur le comportement des automobilistes.
«Le pari qu’on fait, c’est que les excès de vitesse vont réduire de manière telle que ça va être de plus en plus sécuritaire, cet endroit-là», a expliqué Mme Guilbault, après avoir rencontré le couple.
«Le radar photo fait son travail», a laissé tomber au Salon bleu la ministre Guilbault, comme elle l’a répété la semaine dernière, en assurant que le secteur est sécuritaire.
«Ce n’est pas un secteur qui est accidentogène comme tel», a indiqué pour sa part le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel.
C’est précisément ce genre de réaction du gouvernement caquiste qui a «choqué » Coraline et David, au point de les inciter à contacter le porte-parole de Québec solidaire en matière de Transports, Etienne Grandmont, via Instagram, à la suite de l’accident.
«C’est un endroit dangereux. Il faut vraiment empêcher qu’il y ait d’autres accidents», s’inquiète Coraline.
«Justement, s’il fonctionne [le radar photo] et qu’il donne des contraventions, c’est parce que le monde va encore trop vite», a observé son conjoint.
D’autres mesures à l’étude
Relancée à ce sujet à l’entrée du conseil des ministres, Mme Guilbault a souligné que son ministère continue, en parallèle, «d’étudier les scénarios possibles», comme celui de la fermeture de la sortie François-De Laval, réclamée tant par Québec solidaire que par le maire de Québec et le député caquiste de Montmorency, Jean-François Simard.
La ministre craint toutefois l’effet de rabattement qu’entraînerait la fermeture d’un point d’accès aussi important à l’autoroute Dufferin-Montmorency. Sur les 5300 automobilistes qui tournent chaque jour sur le boulevard François-De Laval, la moitié ferait le détour par la sortie D’Estimauville et l’autre par le boulevard des Chutes, un quartier résidentiel où se trouvent des écoles, a-t-elle exposé.
«Il n’y a pas d’adversité dans ce dossier-là, dans le sens où on est tous d’accord qu’il faut avoir une intersection puis une autoroute qui [sont] sécuritaires», a assuré la vice-première ministre, en remerciant le couple pour sa démarche.
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