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L'article provient de Le Journal de Québec
Affaires

Autonomie alimentaire: les grands investisseurs veulent mettre la main à la pâte

Patrice Jolivet, le vice-président responsable de l’agroalimentaire au Fonds de solidarité FTQ.
Patrice Jolivet, le vice-président responsable de l’agroalimentaire au Fonds de solidarité FTQ. Capture d'écran
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Photo portrait de Sylvain  Larocque

Sylvain Larocque

2020-09-26T04:00:00Z
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Déjà très présents en agroalimentaire, les grands investisseurs québécois veulent tous jouer un rôle pour accroître l’autonomie du Québec dans ce secteur clé. 

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« Aussitôt que la pandémie a commencé, on s’est vraiment assurés de parler de façon encore plus régulière que d’habitude avec nos entreprises », indique Yves Calloc’h, chef de l’exploitation de Desjardins Capital. Environ 15 % du portefeuille de l’institution est investi dans l’agroalimentaire.

L’une des entreprises que Desjardins Capital a financées, Productions horticoles Demers, s’est adaptée rapidement à l’explosion de la demande dans les supermarchés, ce qui lui a permis de doubler ses ventes de tomates et de connaître des résultats financiers exceptionnels.

Fonds de 40 millions $

De son côté, Fondaction CSN a mis en place, dès le mois d’avril, une enveloppe de 40 millions $ à investir dans des PME agroalimentaires au cours des prochains mois.

Fondaction a notamment réinvesti dans les Viandes biologiques de Charlevoix afin de permettre à l’entreprise d’agrandir son usine et d’en améliorer la performance. Les ventes de la PME ont fortement progressé depuis le début de la pandémie.

« On veut un secteur agroalimentaire robuste au Québec, mais qui est aussi durable, respectueux de l’environnement et bon pour la santé. Ce n’est pas juste de produire pour produire. Si c’est local, mais que c’est de la production fortement industrielle qui ne tient pas compte des impacts sur l’environnement, on n’est pas là », explique Claire Bisson, chef adjointe à l’investissement d’impact chez Fondaction.

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Plus efficace, moins cher

Avec la crise, les consommateurs québécois ont redécouvert les produits québécois, se réjouit Patrice Jolivet, le vice-président responsable de l’agroalimentaire au Fonds de solidarité FTQ. 

« Le premier facteur pour le consommateur, c’est souvent le prix, note-t-il. Les entreprises doivent donc être innovantes dans l’efficacité de la production. On travaille beaucoup là-dessus avec elles. »

Chez Investissement Québec (IQ), le bras financier du gouvernement, on a multiplié les offres de garanties de prêt dans le cadre du programme d’aide pandémique PACTE. Mais au final, certaines entreprises n’en ont pas eu besoin.

C’est notamment le cas de deux transformateurs de produits de la pêche de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.

« Même si les fonds n’ont pas été utilisés, ç’a permis de rassurer tout le monde, plus particulièrement les pêcheurs, et les usines ont pu commencer leur saison », souligne Joël Girard, directeur des investissements en agroalimentaire chez IQ.

Peu de nouveaux projets

La pandémie a donné des ailes à plusieurs entreprises agroalimentaires, de sorte que les interventions des investisseurs institutionnels dans le secteur ont été somme toute limitées. Par contre, la crise a nui au développement de nouveaux projets d’investissement.

« Il y a encore beaucoup d’incertitude, constate M. Girard. [...] Mais ça commence à revenir ».

Le gouvernement mise grandement sur le créneau de la production en serre pour accroître l’autonomie alimentaire. Le Québec est encore à la traîne à cet égard par rapport à l’Ontario et à la Colombie-Britannique---, mais l’écart se referme graduellement, soutient l’expert d’IQ.

Vers l’autosuffisance

« Dans les légumes de serre, on est à entre 45 et 50 % d’autonomie, relève Joël Girard. On pense que d’ici trois à cinq ans, on s’approchera de 80 à 90 %. »

En avril, Québec a investi 1,3 million $ dans Ferme d’hiver, une jeune pousse fondée en 2018. L’entreprise produit des fraises « en combinant les principes de l’agriculture verticale à l’intelligence artificielle ». Les clients des supermarchés IGA pourront bientôt en acheter.

Mme Bisson, de Fondaction, rappelle toutefois qu’il serait futile de vouloir cesser complètement de s’approvisionner à l’étranger.

« L’autonomie, ce n’est pas de dire qu’on fait tout au Québec, insiste-t-elle. Je pense que ce serait de l’utopie. L’autonomie alimentaire, c’est un équilibre entre ce qu’on va chercher d’ailleurs et ce qu’on exporte. »

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