Augmentation de 2000 %: l’armée russe frappée par une épidémie du VIH

Agence QMI
Les cas détectés de VIH ont explosé au sein de l’armée russe depuis le début de la guerre en Ukraine. On rapporte une augmentation de près de 2000 % entre le premier jour de l’invasion, en février 2022, et la fin de l’année 2023.
Les nouvelles données du ministère de la Défense russe sur le VIH, relayées à la fin juillet par Carnegie Politika, un institut de recherche sur la Russie basé à Berlin, sont très inquiétantes – bien que la situation nationale l’ait déjà été auparavant. Ce phénomène a même été officiellement reconnu par les médecins militaires.
Durant la première année du conflit, les cas de VIH détectés parmi les militaires russes ont été multipliés par plus de quarante. Entre le premier trimestre 2022 et l’automne, les cas ont augmenté de cinq fois, et ils étaient multipliés par treize à la fin de l’année.
En février 2023, après une année complète de guerre, le taux de détection dans l’armée indiquait un pic à quarante fois plus de cas de VIH. À la fin de cette même année, le nombre de cas restait alarmant, avec des chiffres plus de vingt fois supérieurs à ceux d’avant-guerre.
«Les pertes démographiques et économiques que subira la Russie en conséquence auront des répercussions pendant des décennies, et pourraient même, à terme, dépasser les dommages causés par l’invasion elle-même», a indiqué Carnegie Politika.
Cette explosion des cas de VIH s’explique avant tout par la guerre elle-même. Les épidémiologistes rencontrés par l’institut ont souligné que les risques de transmission sont plus élevés sur le front, notamment à cause des nombreuses transfusions sanguines et de la réutilisation de seringues dans les hôpitaux de campagne.
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Les experts précisent toutefois que l’épidémie s’explique également par les modes de transmission classiques, tels que les rapports sexuels non protégés et le partage de seringues chez les usagers de drogues.
Par ailleurs, plusieurs soldats russes, qui perçoivent un bon salaire et vivent chaque jour comme le dernier, consomment des substances illicites et ont recours aux services de travailleuses du sexe, d’après des journalistes indépendants cités par Carnegie Politika.
La crise du VIH n’est pas nouvelle en Russie. Le nombre de personnes vivant avec le virus dans le plus grand pays du monde dépassait déjà le million en 2016, soit près de 1 % de la population et environ 2 % des citoyens en âge de travailler.
Aujourd’hui, la Russie figure parmi les cinq pays comptant le plus de nouvelles infections au monde, selon le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA). Elle concentre 3,9 % du 1,5 million de cas annuels rapportés dans le monde.
Seuls l’Afrique du Sud (14 %), le Mozambique (6,5 %), le Nigeria (4,9 %) et l’Inde (4,2 %) affichent des proportions plus élevées – toutefois, dans le cas du Nigeria et de l’Inde, cela s’explique en partie par une population nettement plus importante que celle de la Russie.