Au travail, les enfants!

Steve Ouellet | Enseignant en français
Depuis plusieurs semaines, plusieurs débats ont cours quant au fait que de plus en plus d’enfants de 12 ans et moins travaillent. Plusieurs appréhendent que des entreprises profitent des enfants pour se payer du cheap labor. Appréhension tout à fait fondée, il va sans dire.
Sous pression, le ministre du Travail et de l’Emploi, Jean Boulet, a dû se prononcer sur le sujet et a qualifié de « pas normal » ce phénomène. Il aurait d’ailleurs sollicité les avis des associations syndicales et patronales et ouvre la porte à une législation pour encadrer la pratique, ce qui est fort probablement une sage décision.
Pas des victimes !
La réflexion autour de ce phénomène, qui n’est pas aussi nouveau que certains semblent le croire, est absolument nécessaire. Cependant, je déplore vivement le discours de victimisation de nos enfants et la dévalorisation du travail qui vient avec cette réflexion. Selon plusieurs, les pauvres enfants au travail font donc pitié ! Il ne faudrait surtout pas qu’ils fassent des efforts et versent une goutte de sueur au nom de la dangereuse productivité !
Si un parent et son enfant jugent ensemble qu’il a la maturité pour travailler un certain nombre d’heures par semaine, quel mal cela peut-il faire ? Cessons de dévaloriser le travail, société de flancs mous...
Le travail est une activité tellement importante pour développer plusieurs aptitudes autant personnelles qu’interpersonnelles, en plus de développer la débrouillardise, la confiance en soi et la compréhension de la valeur de l’argent. J’ai commencé à travailler sur des fermes à 10 ans. Ramasser des roches au gros soleil pour 3 $ l’heure, bûcher, fendre et corder du bois, faire les foins et voir des gens de tous les âges travailler fort est certainement ce qui m’a permis de devenir quelqu’un de très travaillant et a développé ma force de caractère, en plus de me donner de l’argent pour développer une certaine autonomie. Cessons donc de victimiser les pauvres enfants !
La députée libérale Marwah Rizqy s’inquiète que des enfants de 11 ans travaillent entre 12 et 18 heures par semaine. Personnellement, je suis beaucoup plus inquiet quand je vois qu’un grand nombre d’adolescents passent autant, sinon plus d’heures devant leur console de jeux vidéo et leur téléphone intelligent. Ils sont beaucoup mieux au travail qu’assis sur le divan à jouer à Fortnite.
Expérience valorisante
Oui, il est important de fixer certaines balises. Oui, les parents doivent bien encadrer leurs enfants et s’assurer que leurs résultats scolaires ne sont pas affectés.
Mais, de grâce, cessons de dévaloriser le travail et réjouissons-nous que des jeunes aient assez de cœur au ventre pour mettre leurs bottes de travail, se salir les mains et aider à réduire les impacts négatifs de la pénurie de main-d’œuvre tout en développant des compétences et des aptitudes personnelles ô combien gratifiantes et importantes !
Steve Ouellet, enseignant en français, Québec