Fusillades à Montréal: au tour d’une école primaire d’être touchée
L’interminable série de coups de feu atteint un autre niveau
Erika Aubin, Frédérique Giguère et Michael Nguyen
Alors que Montréal se remet d’une nuit aux allures de Far West, l’inquiétude monte d’un cran pour des parents de jeunes enfants de Rosemont et d’Anjou en raison de deux fusillades survenues à un jet de pierre d’écoles primaires, fracassant même la fenêtre de l’une d’elles.
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Quand la cloche de l’école des Roseraies a retenti en fin d’avant-midi, mardi, Fouzia Aourtilane attendait sa fillette devant la porte à la pluie battante. Elle était embêtée, non pas par le déluge qui lui tombait sur la tête, mais par les coups de feu qui avaient été tirés sur l’établissement scolaire du boulevard des Galeries-d’Anjou, quelques heures plus tôt. Des jeunes qui se trouvaient dans la cour ont été pris pour cible par des individus à bord d’un véhicule, mais n’ont pas été blessés. Une fenêtre abîmée par un projectile a dû être remplacée en matinée.
«C’est parce que je devais venir la chercher pour dîner, mais je serais restée chez moi aujourd’hui», admet la femme, perturbée.
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Quelques instants plus tard, la petite est venue rejoindre sa maman pour aller dîner. La fillette, dont la mère a préféré taire le nom, célébrait son anniversaire et s’apprêtait à souffler ses 11 bougies, mardi.
«J’ai peur. C’est une drôle de fête», dit la jeune élève vêtue d’un imperméable, visiblement troublée.

Une victime atteinte
Peu après minuit, d’autres coups de feu ont retenti, cette fois-ci au centre-ville. Un homme de 38 ans qui se trouvait à la place Émilie-Gamelin, rue Berri, a été atteint par au moins un projectile et repose dans un état stable.
Une heure plus tard, un véhicule a été criblé de balles alors qu’il était stationné en bordure de l’école primaire des Monarques, dans Rosemont.
«Ça s’en vient sérieux, c’est vraiment moins sécuritaire et je n’aime pas ça», lance René Thériault, qui vit dans le quartier depuis une cinquantaine d’années et qui a été réveillé par les coups de feu.
Finalement, vers 2 h du matin, la série de fusillades s’est conclue sur la rue Saint-Denis, près du boulevard De Maisonneuve Est, au centre-ville. Deux hommes de 26 et 32 ans ont été atteints et se trouvent dans un état stable. Le crime pourrait être relié à celui survenu plus tôt à la place Émilie-Gamelin et serait en lien avec le trafic de stupéfiants, selon nos sources. Les deux scènes sont situées à 200 mètres.
Comme l’événement de la rue Saint-Denis s’est produit au milieu de cette artère commerciale, plusieurs personnes en ont été témoins malgré l’heure.
Des gens se trouvaient entre autres sur la terrasse de la microbrasserie Saint-Houblon, située tout près, et se sont mis à hurler lorsqu’ils ont entendu les détonations. Le cuisiner s’est dirigé vers la scène de crime, alors qu’un barman s’est empressé de composer le 911.
«Quand je finis tard, la nuit, je vais peut-être prendre un taxi maintenant», indique un employé qui a préféré demeurer anonyme.
Plusieurs antécédents
Deux individus ont d’ailleurs été arrêtés en lien avec cette dernière fusillade.
Jordance Jean, 34 ans, et Joseph Jean-Louis, 47 ans, ont brièvement comparu par visioconférence, au palais de justice de Montréal.
L’air contrarié, Jean-Louis a demandé «à voir les images vidéo», sans préciser à quoi il faisait référence. Jean, de son côté, n’a pas dit un mot. Son avocate a toutefois eu l’air surprise qu’il ne soit accusé que de possession de drogue et de possession d’armes.
«Il y a sûrement des nouvelles accusations qui vont venir», a toutefois fait savoir la Couronne.
Comme la poursuite s’est opposée à leur libération sous caution, ils resteront détenus pour le moment.
Le duo traîne un imposant passé criminel, principalement pour des dossiers de voies de fait.
Joseph Jean-Louis a notamment été condamné à cinq ans de pénitencier en 2019 pour avoir poignardé deux travailleuses du sexe quelques années plus tôt.
Les quatre fusillades dans la nuit

Vers 20 h
École primaire des Roseraies, Anjou

Vers minuit
Place Émilie-Gamelin, centre-ville

Vers 0 h 30
Parc de la Louisiane, Rosemont–La Petite-Patrie

Vers 2 h
Saint-Denis et De Maisonneuve Est, centre-ville
Plusieurs bâtiments publics touchés par des tirs
La balle perdue qui a atteint une école primaire, une première depuis le début des fusillades dans la région de Montréal selon nos recherches, n’était que le plus récent incident où un édifice public est touché par des tirs depuis le début de 2021. Voici quelques exemples :
Septembre 2022 Des détonations ont retenti tout près d’un aréna dans l’est de la métropole ;
Mai 2022 La devanture d’une garderie désaffectée a été criblée de balles, à Rivière-des-Prairies ;
Avril 2022 Un projectile a perforé la fenêtre d’une bibliothèque, à Anjou ;
Septembre 2021 Une tentative de meurtre est survenue près de garderies, dans Saint-Michel ;
Mars 2021 Une balle perdue a fracassé la fenêtre de l’hôpital Pierre-Boucher, à Longueuil.
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