Au tour des ambulanciers de réclamer un rattrapage salarial
Jean-François Tremblay
Aussitôt la grève dans les CPE réglée, un autre conflit se pointe à l’horizon tandis que les ambulanciers haussent à leur tour le ton pour obtenir un rattrapage salarial.
Les moyens de pression des ambulanciers pourraient aller jusqu'à ne plus s’occuper de la facturation, ce qui équivaut à dire que le transport en ambulance serait gratuit pour tout le monde.
Le contrat de travail des quelque 3500 ambulanciers syndiqués à la CSN est échu depuis avril 2020.
«[On lance] un appel au respect. C'est vraiment ça. Le gouvernement ne comprend pas notre tâche», a déclaré Jonathan Beaupré, membre du comité de mobilisation à Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN (FSSS-CSN).
Les travailleurs exigent un rattrapage salarial avec les autres corps de métier des services d'urgence, car ce sont eux les moins bien payés.
«Quand on parle des policiers, pompiers, infirmières, on est à une dizaine de dollars de l'heure de différence avec eux», a précisé M. Beaupré qui participait lundi à une mobilisation devant un centre commercial à Alma.
Ambulancière depuis 18 ans, Annick Fortin croit que son tour est venu d’être reconnu avec ses collègues. «Les infirmières, les CPE, la Sûreté du Québec aussi. On voit beaucoup de systèmes qui sont rattrapés. Les écoles aussi. Nous, on est encore dans la rue à manifester. C'est décevant», a-t-elle confié.
Un rattrapage signifierait des hausses de salaire entre 15 et 20 %, ce qui est loin de l'offre de Québec. «Sur la table présentement, c'est 2 %, 2 %, 2 % avec rien d'autre. Pas de santé mentale. Pas de charge de travail. Rien», a ajouté Jonathan Beaupré.
Les ambulanciers passent donc à l'offensive. Une vidéo de revendications a été mise en ligne sur leur page Facebook.
Le public est aussi invité à appuyer les ambulanciers en se faisant prendre en photos avec eux.
Leur grève qui dure depuis quatre mois manque de mordant en raison des services essentiels à donner. Mais la CSN va maintenant demander au Tribunal administratif du travail d'autoriser de nouveaux moyens de pression plus musclés, notamment au niveau administratif.
«Nous, on fait une grève des ambulances, ça va durer cinq minutes, croit Jonathan Beaupré. Par contre, on ne peut pas le faire et on ne veut pas le faire pour la population. Mais à un moment donné, il va falloir que nous soyons écoutés. On va aller jusqu'à demander que tout ce qui est facturation, que ce soit terminé. Donc, on va avoir le transport gratuit pour la population partout au Québec pour les ambulances qui sont CSN. On va couper le robinet à zéro. Ça va être la gratuité pour tout le monde. Ça va être difficile pour les entreprises de savoir qui on a transporté. Donc, le transport va être gratuit. Circuler avec un patient dans un hôpital, ça peut être fait par d'autres personnes. Ce n'est pas essentiel. Faire les choses administratives comme la facturation. Mettre de l'essence dans les véhicules, ça peut être fait par d'autres personnes. Ce n'est pas considéré comme étant essentiel. C'est sous cette forme-là que la grève va être faite.»
Un autre syndiqué qui travaille dans ce domaine depuis 15 ans est tanné de la longueur répétée de toutes les négociations concernant les services préhospitaliers. «On est toujours en train d'essayer de se respecter. Là, on est tanné d'attendre», a affirmé Pascal Bouchard.
Annick Fortin a la même perception. «À toutes les fois qu'on demande un rattrapage salarial, c'est non reconnu. On est les moins payés de tout le système d'urgence par une grosse différence. C'est ce qu'on va faire là. C'est vraiment un appel au respect qui est demandé.»
La FSSS-CSN n'a pas encore déposé au Tribunal administratif du travail la liste des moyens de pression additionnels qu'elle compte pouvoir appliquer. Elle aimerait être en mesure de les utiliser en 2022.