Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Au revoir, Monsieur Bédard!

Photo d'archives
Partager
Photo portrait de Stéphane Cadorette

Stéphane Cadorette

2023-10-15T20:13:46Z
Partager

Je n’ai pas eu l’opportunité de travailler pour Claude Bédard, mais je sais une chose. Quand j’allais le rencontrer pour une entrevue, j’avais intérêt à être méticuleusement bien préparé. Parce que peu importe le sujet, lui, il l’était. Pas à peu près!

Quand je suis arrivé au Journal au tournant des années 2000, il n’était plus en fonction, mais c’est tout comme si je le connaissais. Après tout, mon père Claude a été l’un de ses hommes de confiance sur le beat des Nordiques du début jusqu’à la fin de l’aventure, en 1995. 

Les deux étant reconnus comme des têtes fortes, j’ai évidemment eu vent de certaines de leurs confrontations de coqs. Il y avait, bien au-delà de ces quelques prises de bec, un profond respect mutuel entre les deux.  

Le paternel le disait lui-même à la maison, quelques minutes après avoir repris ses esprits à la suite d’une sainte colère. À son tour, son patron m’a aussi souvent confié, des années plus tard, toute l’admiration qu’il vouait à ceux qui servaient la cause du Journal, notamment sur la couverture des Nordiques. 

Un grand savoir

Depuis que c’est moi qui tapoche le clavier tous les jours, j’ai eu souvent des discussions avec Claude Bédard.  

Publicité

On a toujours besoin, un jour ou l’autre dans ce métier, de consulter quelqu’un qui a tout vécu. Un témoin du passé pour comprendre le présent. Une source de savoir où s’abreuver. Un almanach des événements marquants. 

Claude Bédard, c’était pas mal ça.  

Je savais que son association avec le Journal ne s’était pas terminée dans la plus grande harmonie en 1997. La première fois que je l’ai appelé parce que j’avais besoin de ses lumières, je me demandais bien s’il voudrait vraiment m’éclairer. Et pourtant... 

Monsieur Bédard, comme je l’ai toujours appelé par marque de respect, n’a jamais hésité une seconde à partager sa mémoire encyclopédique du sport.  

Par respect pour les services rendus par mon père? Peut-être, mais peu importe, il a toujours été un chic type. 

De longs dîners

Avec lui, un dîner qui devait durer 30 minutes sur l’arrivée des Nordiques en 1979 dans la LNH pouvait s’étirer sur trois heures. Une rencontre d’une heure sur le 50e anniversaire de l’AMH devenait un délectable retour dans le temps d’un après-midi. 

Le pire dans tout ça? Chaque fois, on en aurait pris plus. 

Je me souviendrai toujours qu’il arrivait, jusqu’à notre dernière rencontre il y a un an, droit comme un chêne avec un porte-document rempli de tonnes de feuilles de notes manuscrites. Pas question de laisser un détail au hasard, quitte à rappeler à n’importe quelle heure du jour pour rectifier une date, une passe sur un but, le numéro d’un joueur ou peu importe. 

Tous ces très longs entretiens vont me manquer, Monsieur Bédard, parce qu’au fond, ils étaient bien trop courts. Je vous laisse, cette fois. C’est le temps de vous reposer. 

Publicité
Publicité