Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Au-delà de l’expropriation: le procédé défaillant de Stablex, un scandale ignoré

Photo fournie par SÉBASTIEN VENTURA
Partager

Martine Ouellet, Cheffe de Climat Québec

2025-03-01T05:00:00Z
Partager

Le débat sur l’expropriation du terrain convoité par Stablex à Blainville a soulevé de nombreuses oppositions. C’est une très bonne chose. Toutefois, il est paradoxal, voire irresponsable, de voir ces mêmes opposants – notamment la mairesse de Blainville et le porte-parole du Parti Québécois – proposer que Stablex continue ses activités pour un autre 25 ans avec un agrandissement sur son site actuel, alors que son procédé de traitement des déchets toxiques est reconnu comme totalement défaillant et non sécuritaire. 

Stablex prétend transformer les déchets toxiques en blocs de béton nommé «stablex», en les mélangeant à du ciment.

Or, en réalité, le béton est coulé dans des fosses exposées aux intempéries, empêchant sa solidification. Il en résulte une boue toxique qui contamine directement l’environnement.

Contamination 

Les dirigeants de Stablex ont eux-mêmes avoué indirectement les déficiences de leur procédé en affirmant devant le BAPE que l’eau s’accumulant au fond des cellules est tellement contaminée qu’elle doit être pompée à perpétuité et réinjectée dans le processus. Si le stablex était solide et inerte, cette eau ne serait pas polluée. Ce seul fait prouve l’échec du procédé et confirme les pires craintes.

Depuis des années, le ministère de l’Environnement ferme les yeux sur cette situation scandaleuse. Deux rapports, l’un de la Police verte et l’autre de la commission Charbonneau sur les déchets toxiques, confirment que «le stablex n’est pas inerte». Cela signifie qu’il contamine inévitablement le sol et l’eau avec lesquels il est en contact.

Publicité

Le procédé de Stablex breveté en Angleterre a été banni dans son pays d’origine après avoir causé des dommages irréversibles. Pourtant, au Québec, nous continuons de tolérer ce procédé aux ratés connus.

Vapeurs toxiques 

Lors du plus récent rapport du BAPE, un lanceur d’alerte, ancien sous-traitant de Stablex, a témoigné de son expérience. Il a affirmé que les vapeurs émanant du site étaient si toxiques qu’elles faisaient lever la peinture de son camion. Ces informations, rendues publiques, confirment la gravité du problème.

Nous ne pouvons plus tolérer qu’un site aussi dangereux continue d’opérer à Blainville, qui plus est au centre de la Grande tourbière, dont les effluents coulent jusqu’à la rivière des Mille Îles, juste en amont de la prise d’eau potable de Terrebonne.

Aucun agrandissement des déchets toxiques à Blainville ne doit être autorisé. L’argument du «bris de service» évoqué par Stablex est ridicule et malhonnête. En arrêtant l’importation de déchets toxiques à Blainville, le gouvernement aurait le temps, plus que suffisant, de trouver un autre site, un autre traitement, ainsi que de mettre en place des mesures de réduction à la source.

Si l’opposition à l’expropriation est justifiée, elle ne doit pas être instrumentalisée par certains politiciens pour permettre la continuité d’un traitement défaillant. Nous appelons les élus à assumer leurs responsabilités et à mettre un terme à ce scandale environnemental.

Martine Ouellet

Cheffe de Climat Québec

Publicité
Publicité