Attention à ces faux tickets: des avis d’infraction fantoches exigent une amende pour les voitures garées illégitimement

Louis-Philippe Messier
À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux, dans cette chronique urbaine.
Des Montréalais qui se rendent au CLSC Angus et qui garent leur voiture dans le stationnement de la SAQ Sélection de l’autre côté de la rue se sont vu décerner des « avis d’infraction » de 69 $ en apparence officiels, mais qui sont illégaux.
« Comme le stationnement de la SAQ était vide, j’ai garé ma voiture devant, puis je suis allé au CLSC de l’autre côté de la rue pour des prises de sang... et à mon retour un homme sans uniforme glissait un papier sous mon essuie-glace », raconte l’avocat Julien Gagné, conseiller pour une grande centrale syndicale.
« Le type avait l’air louche et mal à l’aise. Il est vite retourné dans son char en me disant d’appeler le numéro sur le ticket. »

Me Gagné a fait suivre au Journal sa correspondance par courriel avec un représentant de la compagnie Max Park Solutions, une compagnie située à Laval, qui l’intime de payer, sans quoi des frais supplémentaires s’ensuivront et des mesures de recouvrement pouvant aller jusqu’à la saisie de son véhicule.
« C’est illégal comme procédé d’imiter la ville ou la police avec de faux tickets, et cette compagnie n’a même pas accès au registre de la SAAQ ! » explique l’avocat.
Le règlement municipal de l’arrondissement de Rosemont–Petite-Patrie permet de remorquer les véhicules illégitimement stationnés sur un parking privé.
Imitation illégale
« Tout recouvrement d’argent qui essaie de ressembler un tant soit peu à une contravention émise par une autorité compétente est illégal », nuance Charles Tanguay, le porte-parole de l’Office de la protection des consommateurs du Québec.
M. Tanguay déconseille de joindre la compagnie pour contester un avis puisqu’ainsi, on risque de faire connaître son numéro ou son courriel.
« Si en plus vous leur laissez votre nom et votre numéro de téléphone, ça leur donne la possibilité de vous joindre à nouveau. »
Il ajoute qu’un citoyen floué par le procédé et qui a payé un tel avis en le pensant officiel pourrait réclamer un remboursement et un dédommagement aux petites créances.
« Nous analysons la possibilité d’intenter un recours collectif », affirme Geneviève Morand, directrice de l’Union des consommateurs, après avoir informé son équipe légale de ce dossier.
Il y croyait
Deux véhicules près de la SAQ avaient reçu des faux tickets mercredi matin dernier. Je n’ai pas vu l’employé de Max Park qui les distribuait.
« J’aurais payé, ça a l’air convaincant ! » dit Antonio Lanca, qui a trouvé un simili-ticket sur son pare-brise en revenant d’un rendez-vous au CLSC.

Me Gagné a conseillé à M. Lanca d’ignorer l’avis.
« Ce n’est pas la SAQ qui embauche cette compagnie, mais le bailleur (NDLR à qui la SAQ loue son local et son stationnement) », dit la porte-parole Linda Bouchard.
La compagnie, Propriétés de choix, basée à Toronto, n’a pas réagi au courriel du Journal.
« On protège les stationnements du fléau de ceux qui en abusent », se défend un remorqueur de Max Park qui a préféré ne pas s’identifier.
« La clientèle des commerces est contente d’avoir des places libres parce que le stationnement n’est pas encombré par des gens qui n’ont pas d’affaire là ! » poursuit-il.
Un surveillant donne des avis seulement aux gens qui vont ailleurs que dans les commerces auxquels le stationnement est réservé.
« C’est une manière de laisser une chance aux fautifs, que nous pourrions remorquer ! » dit-il.
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