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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Attentat à Sydney: les assaillants se sont-ils rendus aux Philippines avant l’attaque pour s’entraîner avec des jihadistes?

AFP
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2025-12-17T11:36:31Z
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Avant de tuer 15 personnes dans une fusillade sur la plage de Bondi, les deux assaillants de Sydney avaient séjourné à Mindanao, une région du sud des Philippines que des islamistes extrémistes ont voulu ériger en capitale d'un califat d'Asie du Sud-Est.

La police australienne enquête sur la possibilité que les tireurs, Sajid Akram et son fils Naveed Akram, se soient rendus aux Philippines du 1er au 28 novembre pour s'entraîner avec des jihadistes. Manille a toutefois démenti mercredi abriter sur son territoire des camps de cette nature : le président Ferdinand Marcos «rejette formellement (...) la description trompeuse des Philippines comme étant le centre de formation du groupe État islamique», a affirmé sa porte-parole, soulignant qu'«aucune preuve n'a été apportée».

L'AFP revient sur l'histoire violente de Mindanao, les changements survenus ces dix dernières années et la lutte menée par le gouvernement du plus grand pays catholique d'Asie contre les islamistes extrémistes.

Une histoire de rébellion

Mindanao, le tiers sud de l'archipel et terre ancestrale d'une minorité musulmane de cinq millions de personnes, a connu des conflits armés depuis les périodes coloniales espagnole et américaine, du XVIe siècle jusqu'au début du XXIe siècle.

Après l'indépendance des Philippines, une rébellion séparatiste éclate au début des années 1970. Des frontières poreuses, une police faible et une abondance d'armes à feu aux mains de la population locale ont fourni aux groupes de guérilla islamistes un terreau fertile pour poursuivre leurs objectifs.

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Allégeance à l'EI

Au début des années 1990, les jeunes combattants ont commencé à se séparer des rebelles séparatistes pour former des groupes tels qu'Abu Sayyaf, menant des campagnes d'attentats meurtriers contre des cibles chrétiennes et kidnappant des touristes occidentaux afin de financer leurs activités.

Des conseillers militaires américains ont commencé à se déployer dans la région en 2002 pour aider les Philippines à combattre ces groupes après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.

En 2014, des organisations telles Abu Sayyaf ou Maute, ont commencé à prêter allégeance au groupe État islamique (EI).

Une paix fragile

La génération plus âgée des rebelles musulmans a mis fin à son combat en 2014 en signant un accord de paix en échange d'une autonomie limitée accordée à un petit nombre de provinces musulmanes. Mais les groupes liés à l'EI n'ont pas reconnu cet accord et ont poursuivi leurs opérations armées.

Alors que la nouvelle région autonome du Bangsamoro dans le Mindanao musulman aura bientôt son propre Parlement élu, le processus de désarmement a été lent. Les rebelles armés ont parfois pris part à des vendettas familiales qui ont conduit au meurtre de soldats et de policiers.

La sanglante bataille de Marawi

En mai 2017, des centaines de combattants musulmans philippins et des combattants étrangers ont uni leurs forces pour prendre le contrôle de la ville de Marawi, dans la province de Mindanao, dans le but d'en faire la capitale d'un califat d'Asie du Sud-Est régi par leur version radicale de l'Islam.

Le siège sanglant mené par les forces gouvernementales a pris fin cinq mois plus tard, faisant plus d'un millier de morts et éliminant la plupart des principaux dirigeants de ces groupes armés.

«Fragmentés», mais pas disparus

L'armée philippine a assuré que les jihadistes restants à Mindanao n'étaient désormais qu'un peu plus de 50, contre 1.257 en 2016.

«Ils sont fragmentés et n'ont plus d'autorité», a déclaré mercredi aux journalistes sa porte-parole, la colonelle Francel Padilla, affirmant que le tourisme était désormais florissant dans des régions autrefois connues pour les enlèvements.

Mais les opérations militaires se poursuivent. L'armée a annoncé la semaine dernière avoir tué le chef présumé d'un groupe.

Tout en reconnaissant que les offensives du gouvernement ont rendu difficile l'action des jihadistes, Rommel Banlaoi, analyste en sécurité basé à Manille, a déclaré à l'AFP qu'ils avaient maintenu leurs connexions «au niveau local et mondial» et qu'ils continuaient à gérer des camps d'entraînement dans le centre de Mindanao.

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