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L'article provient de TVA Nouvelles

Après l’inflation, attaquons-nous à d’incontournables défis

Photo d'archives, Stevens Leblanc
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Luc Godbout, titulaire de la chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques à l’Université de Sherbrooke

2022-03-24T14:54:18Z
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Le ministre des Finances, Eric Girard, présentait mardi son quatrième budget, le dernier avant les élections d’octobre 2022.

Depuis une trentaine d’années, l’inflation tournait, bon an mal an, autour de 2 %. Elle ne tracassait ni les gouvernements ni les ménages. Sa réapparition soudaine entraîne un stress financier pour plusieurs citoyens. En utilisant des données mensuelles, certains parlent même d’inflation galopante. Elle est plutôt surprenante, car pour l’année 2022, le ministère des Finances estime qu’elle s’établira à 4,7 %.

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Aider pour la hausse du coût de la vie

Au lendemain du budget, c’est le montant de 500 $ pour le coût de la vie qui retient l’attention. Ce montant s’ajoute à la prestation exceptionnelle versée en janvier dernier aux bénéficiaires du crédit solidarité. Au total, ces deux initiatives coûteront près de 4 milliards $.

Le ministre des Finances a-t-il eu raison de verser un tel montant ? Certains lui reprochent de ne pas avoir fait assez. D’autres, au contraire, d’en avoir trop fait.

Au cours des dernières semaines, chaque parti a proposé des actions pour soulager les Québécois.

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Le PQ proposait un gel des tarifs des sociétés d’État et une allocation pouvoir d’achat variant selon la situation des ménages. 

QS proposait un gel des tarifs d’Hydro-Québec, et de doubler temporairement le crédit solidarité. 

Le PLQ proposait d’élargir les exemptions de la TVQ à davantage de biens de première nécessité, notamment la facture d’Hydro. Il ajoutait à cela une allocation aux aînés.

Enfin, le PCQ n’était pas en reste, il proposait d’enlever la TVQ sur l’essence.

C’est dans cette perspective qu’il faut évaluer l’aide de 500 $ transmise à chaque contribuable gagnant moins de 100 000 $.

Cette approche reste préférable aux propositions de gel de tarifs ou de réduction des taxes. Elle offre également l’avantage d’être ponctuelle sans affecter l’équilibre budgétaire à moyen terme.

Santé, climat et équilibre budgétaire

Outre le 500 $ versé aux contribuables, le budget révèle quelques défis encore bien présents. Sans être limitatifs, en voici trois.

La santé : on peut dire sans se tromper que la pandémie a révélé un système de santé qui n’est pas à la hauteur de nos attentes collectives. Malgré les importantes sommes que nous y consacrons déjà, on observe une forte hausse de son budget annuel, près de 14 G$ en seulement cinq ans (2024 versus 2019) et il n’est pas exclu que des efforts financiers additionnels soient requis pour remettre le système sur ses rails. Le défi consiste à trouver comment faire mieux.

Le climat : la question de la transition énergétique est nommée dans le budget, mais sans grand bouleversement. Or, le temps presse pour atteindre nos cibles de réduction de gaz à effet de serre, car les données récentes montrent une modeste réduction de 2,7 % par rapport au niveau de 1990 alors que la cible est établie à 37,5 % pour 2030. Le défi impose d’entreprendre d’autres actions pour changer les comportements afin de garder le cap sur la cible.

L’équilibre budgétaire : dans son budget, le ministre des Finances souligne la présence d’un déficit structurel annuel d’environ 3 milliards $. Essentiellement, ça signifie que le déficit budgétaire ne se résorbera pas automatiquement et que le gouvernement devra poser des gestes, aux revenus ou aux dépenses, afin de retrouver l’équilibre budgétaire. Un bon défi dans le contexte actuel.

Comme le budget n’apporte pas de réponses définitives à ces trois défis incontournables, nul doute que le débat se déplacera dans la sphère politique sur la route des élections d’octobre 2022.

Photo courtoisie
Photo courtoisie

Luc Godbout, titulaire de la chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques à l’Université de Sherbrooke

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