Attaque sanglante au palais de justice: l’accusé de tentative de meurtre sur un interprète judiciaire aurait voulu s’attaquer «au système»
La victime avait été poignardée à plusieurs reprises dans un cubicule

Valérie Gonthier
L’homme accusé d’avoir poignardé un interprète judiciaire au palais de justice de Longueuil aurait dit, lors de son arrestation, avoir voulu s’en prendre à quelqu’un «du système».
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Alexandre Garcés, 44 ans, a été formellement accusé de tentative de meurtre, de voies de fait graves, de voies de fait armées et de port d’armes.

Il a comparu mercredi à l’endroit même où il aurait commis son crime la veille.
La sauvage agression au couteau avait semé la panique et la confusion pendant de longues minutes au palais de justice, mardi midi.
Plusieurs témoins avaient aperçu la victime ensanglantée peu après l’attaque. Hai Thach, un interprète connu par plusieurs acteurs du milieu judiciaire, repose toujours dans un état critique à l’hôpital au moment d'écrire ces lignes.
Après avoir été attaqué dans un cubicule, il avait réussi à se réfugier dans une salle de bain. Lorsqu’il a été retrouvé, il s’était effondré au sol, a-t-on appris.
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À la recherche d'un avocat
M. Thach a visiblement été victime d’une attaque gratuite. Selon nos informations, l’accusé aurait verbalisé en avoir contre «le système» les instants après l'agression.
Peu avant de s’en prendre à la victime, il aurait d'ailleurs demandé à parler à un avocat.
Garcés n’était pas connu des autorités, avait confirmé le Service de police de l’agglomération de Longueuil.
Il n’avait d’ailleurs rien à faire au palais de justice au moment du drame, ni comme accusé ni comme témoin, selon les premières constatations.
Garcés n'était pas représenté lors de sa brève comparution. Il aurait en effet du mal à se trouver un procureur, notamment parce que le bureau d’aide juridique de Longueuil soulève un conflit d’intérêts majeur.

La majorité des avocats connaissent en effet plusieurs des témoins, mais aussi la victime.
Il devra faire des démarches afin de se faire représenter pour son retour en cour prévu jeudi.
– Avec Élizabeth Laplante
Retour au palais de justice sous haute tension
La vie a repris son cours au palais de justice de Longueuil au lendemain d’une violente agression au couteau, mais l’ambiance tendue était malgré tout palpable.
«Les gens sont inquiets, ébranlés. C’est arrivé sur notre milieu de travail, ça [nous] affecte!» a lancé Me Erin Kavanagh, procureure en chef adjointe au bureau des poursuites criminelles et pénales de Longueuil.
Un service d’aide a d’ailleurs été déployé pour les employés qui avaient besoin de discuter ou de ventiler.
«C’est important d’être présent pour ceux qui en ressentent le besoin. Chaque personne réagit différemment», a-t-elle expliqué.
Deux enquêteurs des crimes majeurs du Service de police de l’agglomération de Longueuil étaient d’ailleurs encore sur place en avant-midi, à questionner des témoins.
Des mesures de sécurité avaient aussi été mises en place au palais de justice. D’abord, trois policiers dans des autopatrouilles étaient postés devant chacune des trois entrées. D’ailleurs, seule une entrée était ouverte pour accéder au bâtiment.
Manque d'équipement
Un huissier-audiencier questionnait ensuite les gens sur la raison de leur présence et les dirigeait vers la bonne salle.
Pendant ce temps, un constable spécial scrutait tout le monde pour éviter qu’une personne louche n’entre dans l’établissement. Ils n’ont pas le droit de procéder à une fouille systématique des individus.
«Nos seuls moyens pour procéder à une fouille, c’est si un juge l’ordonne ou si on a des motifs raisonnables de croire qu’une personne est armée. Sinon, on ne peut pas intervenir», a expliqué le président du Syndicat des constables spéciaux, Franck Perales.
Même la juge coordonnatrice de la Montérégie, Julie-Maude Greffe, a pris le temps de s'assurer du bon fonctionnement des mesures de sécurité en place. Elle s’est aussi adressée aux constables concernant leur intervention de la veille.
M. Perales salue d'ailleurs la rapidité des constables auprès de la victime.
Il déplore par contre la pauvreté de l’équipement médical à la disposition de ceux qui assurent la sécurité dans les palais de justice.
«On n’a rien pour les blessures par balle ou par une arme blanche», a-t-il dénoncé.
Il compte exiger davantage de matériel, dont les épaisses compresses utilisées par les ambulanciers pour contenir le sang après une grave blessure.