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L'article provient de Le Journal de Montréal

Mariana Mazza: assagie mais toujours rebelle

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Photo portrait de Raphaël Gendron-Martin

Raphaël Gendron-Martin

2022-03-12T05:00:00Z
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La trentaine a-t-elle assagi Mariana Mazza ? Avec son deuxième spectacle solo, Impolie – Pardonne-moi si je t’aime, l’humoriste de 31 ans affirme désormais avoir moins « le couteau entre les dents » que lors de Femme ta gueule. « Je ne vois plus l’intérêt de vouloir sortir avec mes gants de boxe, dit-elle. Quand j’ai besoin de frapper pour provoquer, je pense que je peux le faire de façon plus douce et plus subtile. »

À la fin février 2020, Mariana Mazza annonçait en grande pompe la sortie d’une tournée double. Elle ferait d’abord 100 dates du spectacle Impolie. Puis, quelques mois plus tard, elle reviendrait avec une nouvelle proposition pour 100 autres dates : Polie. Mais à peine quelques jours plus tard, une certaine pandémie venait royalement chambouler le projet... 

Aujourd’hui, que reste-t-il de ce concept original ? Les deux spectacles successifs sont toujours dans les plans, répond l’humoriste – Polie sortira à une date indéterminée. Mariana n’a toutefois pas eu d’autre choix que de laisser tomber l’idée des 100 représentations maximum pour chaque création.

« Je ne peux pas juste faire 100 dates maintenant, dit-elle. Il faut que j’aille compenser pour les spectacles que j’ai dû faire dans des moitiés de salles [en raison de la COVID]. L’idée des 100 dates, c’était de créer une rareté pour que je puisse m’épanouir créativement. »

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Elle prévoit ainsi faire entre 150 et 160 représentations de chaque tournée. Il n’est pas question qu’elle refasse 450 soirs comme à l’époque de Femme ta gueule. « C’était un petit défi personnel qui a été très payant, dit-elle. Mais je ne veux plus le refaire, parce que mon corps est fatigué. C’est très demandant. Et j’ai envie d’être à la maison. J’aime ma routine, me lever, aller nager, me faire à manger, jouer avec mes chiens, faire une sieste. J’aime tout ça. J’aime mon quotidien, vraiment. »

Perspective différente

Parce que le spectacle Impolie a évolué depuis l’hiver 2020, Mariana a voulu en modifier légèrement son titre. Accolée au titre initial, on y trouve maintenant la phrase Pardonne-moi si je t’aime. « C’est une façon pour moi de l’adoucir sans enlever le propos qui peut être plus cru ou plus frontal, dit-elle. Mais je ne pense pas que je me suis adoucie avec le temps. C’est juste que je pense que je n’ai plus besoin de sortir les armes aussi souvent. »

« Avant, j’étais la fille un peu rebelle qui venait de sortir Femme ta gueule et qui voulait montrer une facette vraiment crunchy de moi, où je ne mettais pas de gants blancs. Mais le temps passe. J’ai eu 30 ans et je vois les choses d’une perspective différente. J’ai une stabilité financière, amoureuse et familiale qui fait que je n’ai plus ce désir d’aller brasser les choses. Je vais encore les brasser, mais de façon naturelle, sans l’appuyer. »

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Quand on lui demande de résumer son nouveau spectacle, Mariana répond qu’il se veut une introspection sur ce qu’elle vit par rapport à différentes situations. « C’est moi par rapport au sexe, par rapport au couple, par rapport à ma relation avec ma mère, par rapport à mes amis. [...] Ça parle de ma façon d’aimer, qui est maladroite et qui peut paraître impolie pas mal, puis des fois déplacée, puis des fois frustrante, puis des fois vulgaire. Finalement, c’est de la vulnérabilité. »

Ne pas faire l’unanimité

Comme pour Femme ta gueule, Mariana a refait équipe avec Michel Sigouin à la script-édition. Pour ses textes, elle a aussi eu un coup de main d’Odrée Rousseau, Justine Philie et Simon Delisle. 

« En humour, il y a quelque chose de tellement orgueilleux de dire qu’on travaille tout seul sur ses textes, dit-elle. Même en Formule 1, ceux qui roulent ont des équipes de 15 personnes. Pour avoir la voiture la plus rapide, ce serait stupide de me priver du talent des autres. »

En nomination comme Olivier de l’année au gala qui se tiendra le 20 mars, Mariana ne fonde pas beaucoup d’espoir sur ses chances de l’emporter. « Le public ne vote pas [pour cette catégorie cette année] », remarque-t-elle. 

Sans se considérer comme « le mouton noir de l’humour », Mariana admet candidement savoir très bien qu’elle ne fait pas l’unanimité dans le milieu. 

« Je brasse peut-être des ego avec ma confiance. Moi aussi, s’il y avait quelqu’un comme moi dans le milieu, ça m’ébranlerait. »

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« Je ne suis pas surprise de ne pas être la petite sœur préférée. Je suis la cousine qu’on n’invite pas tout le temps à Noël. Mais je débarque pareil... avec ma caisse de 24. Je me saoule et j’envoie promener tout le monde. Je m’en vais et tout le monde dit : c’est pour ça qu’on ne l’a pas invitée ! Ouais... [rires]. »


► Mariana Mazza présentera son spectacle Impolie les 18-19 mars, ainsi que du 28 au 30 avril, à la Salle Albert-Rousseau de Québec. Elle jouera aussi les 25-26 mars, de même que le 26 avril et les 26-27 mai, à l’Olympia de Montréal. Pour toutes les dates : marianamazza.com.

 

Passionnée d’art visuel 

En novembre dernier, Mariana Mazza a tenu sa toute première exposition de toiles, Queso y papa, dans le Vieux-Montréal. L’humoriste y présentait près d’une quarantaine de ses toiles de style pop art. L’événement a été un franc succès. « Je les ai toutes vendues sauf deux, dit-elle. J’ai aussi régulièrement des commandes privées. Je trouve ça vraiment cool. J’y vais au gré du vent. Mon objectif n’est pas d’être une grande artiste. Je le prends comme un hobby vraiment le fun, comme quelqu’un qui modifie des voitures à temps perdu ou qui apprend le piano. C’est vraiment mon échappatoire. »

S’étant acheté une maison à Saint-Lambert en juillet 2020, Mariana a aménagé au sous-sol un atelier pour créer ses toiles. « C’est vraiment une petite maison artistique, dit-elle. Je m’y sens tellement bien. C’est là où je crée la plupart de mes choses. » Elle aimerait faire une deuxième exposition, peut-être cet été. « Mais ce ne sera pas en grande pompe comme la première. Je pense que ça va être un pop up. »

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Ces jours-ci, l’humoriste met aussi les touches finales à son livre, qui devrait paraître cet automne. « C’est une autofiction, dit-elle. Je ne veux pas que ce soit drôle. Je voulais écrire un livre que j’aurais aimé lire. » 

Heureuse en amour 

Dans son nouveau spectacle, Mariana Mazza aborde sa relation de couple. Eh oui, l’humoriste file le parfait bonheur depuis déjà plusieurs années. Mais n’essayez pas de savoir qui fait battre son cœur. L’humoriste tient à préserver l’identité de son amoureux. 

« On est deux personnalités publiques, deux artistes du même milieu, dit-elle. Si on le dévoile, les entrevues ne vont tourner qu’autour du fait qu’on est en couple. Ça ne tournera plus autour de nos projets et c’est ce qu’on ne veut pas. [...] Je pense que je me dévoile déjà assez beaucoup. Je ne dois rien à personne. J’aime garder un petit peu de privé juste pour sentir que j’ai encore le contrôle sur ma vie. »

Alors que d’autres humoristes de sa génération (Katherine Levac, Rosalie Vaillancourt) ont récemment donné naissance à leur premier enfant, il ne faut pas s’attendre à voir Mariana Mazza fonder une famille de sitôt. « Je n’ai jamais eu l’instinct maternel, dit-elle. Ça ne m’intéresse pas. Je vois toutes mes amies qui ont des enfants et je suis très contente pour elles. Mais moi, mes chiens me comblent vraiment beaucoup. J’ai une routine et une hygiène de vie qui me rendent très heureuse. J’ai une vie privilégiée. J’ai 31 ans et j’ai encore du temps, mais ce n’est vraiment pas dans mes plans, mais pas du tout ! J’aime ma carrière et la liberté que j’ai. » 

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Sur grand écran  

Le 6 juillet prochain, prendra l’affiche le film Lignes de fuite dans lequel Mariana Mazza campe l’un des rôles principaux, aux côtés de Catherine Chabot et Léane Labrèche-Dor. « On a tourné ça pendant 30 jours, dit Mariana. C’est écœurant, c’est un film vraiment le fun. C’est l’histoire de trois amies de très longue date qui passent une fin de semaine ensemble et qui se rendent compte qu’elles ne sont plus sur la même longueur d’onde. Chacune a sa ligne de fuite, si on veut. Moi je joue la fille qui a une blonde et qui est multimillionnaire. C’est un beau rôle super élégant. Je ne suis pas volubile du tout. C’est vraiment un beau contraste avec ce que je suis sur scène. »

L’an dernier, l’humoriste a tenu la vedette du film Maria, une expérience dont elle ne garde que de bons souvenirs. « Je suis tellement fière d’avoir fait ça, dit-elle. Je voulais essayer c’était quoi d’écrire un film, de jouer dedans et de comprendre tous les paramètres de producteur, producteur exécutif et producteur délégué. Ç’a été une super belle école. Je me suis payé une expérience vraiment cool. [...] C’est un film où j’ai compris les limites de mes talents d’actrice, pour l’instant. J’ai compris mes forces, mes faiblesses, ce que j’aimais du monde du cinéma et ce que je n’aimais pas. »

Quels sont les autres rêves qu’elle caresse pour l’avenir ? « J’aimerais avoir un rôle principal dans une série, répond Mariana. Mais je ne suis pas prête encore parce que ça demande beaucoup de se lever très tôt le matin. J’aimerais aussi écrire un film très engagé qui nous amènerait à Cannes. Un film pas mal totalement féminin, j’aimerais beaucoup ça. »

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