Génération 2.0: des artistes ayant suivi la trace de leurs parents se confient

Sarah-Émilie Nault
Ils ont grandi sur des plateaux de tournage, dans les salles de répétition ou dans les coulisses de salle de spectacles avec leurs célèbres parents. Puis, parfois par hasard et souvent par piqûre du métier dès leur plus jeune âge, ils ont choisi à leur tour de tenter leur chance dans le monde artistique.
Faire partie d’une deuxième génération d’artistes d’une même famille vient assurément avec son lot de défis. Ont-ils été encouragés ou, au contraire, se sont-ils fait remettre les pieds sur terre par leurs parents connus? En ont-ils assez d’être vus comme «le fils ou la fille de»? Souffrent-ils de la comparaison ou parviennent-ils à tracer leur propre chemin? Ont-ils eu des passe-droits ou doivent-ils plutôt prouver leur valeur plus que les autres nouveaux artistes?
Le Journal en a discuté avec le comédien Henri Picard (fils d’Isabel Richer et de Luc Picard), l’artiste multidisciplinaire Émile Proulx-Cloutier (fils de Danielle Proulx et de Raymond Cloutier) et la chanteuse et musicienne Elizabeth Blouin-Brathwaite (fille de Johanne Blouin et de Norman Brathwaite), ainsi qu’avec l’animatrice et actrice Rosalie Bonenfant, le comédien Fayolle Jean Jr, le chanteur Ludovick Bourgeois et la chroniqueuse et coach Delphine Morissette. Des artistes allumés et sensibles qui ont chacun vécu leur expérience propre et qui n’ont pas hésité à s’ouvrir sur le sujet en partageant leur histoire.
«Les pas d’avance que j’ai dans ma vie, c’est la jeune Mélanie qui les a faits.»

Fille de Mélanie Maynard, animatrice, comédienne, productrice
C’est à sa mère que Rosalie Bonenfant dit devoir son côté allumé et curieux. En la stimulant et en la faisant baigner dans les arts depuis qu’elle est toute petite, l’animatrice aujourd’hui âgée de 50 ans a permis à sa fille de rêver d’un métier dans les arts.
«Ma mère a fait de ce rêve de faire de la télé quelque chose d’accessible pour moi, dit la co-animatrice de Deux hommes en or. C’est grâce à elle que je n’ai pas eu à rêver de ce métier depuis ma maison de campagne comme elle l’a fait. Car ma mère est partie de L’Ange-Gardien à 16 ans pour aller vivre son rêve.»
Cette fille ayant du caractère et ne se laissant pas marcher sur les pieds qu’elle souhaitait avoir, Mélanie Maynard l’a eue en élevant Rosalie et en lui offrant une foule d’outils pour mener la vie d’artiste dont elle rêvait.

«Maintenant, je dois faire mes preuves et prouver à ma mère que ses attentes étaient justifiées, mais après, j’ai l’impression qu’elle m’a offert un certain détachement aussi, ce qui me sert énormément.»
Sa célèbre mère, croit-elle, l’a surtout aidée à accumuler le bagage nécessaire – dont une rigueur au travail – pour arriver à nourrir cette partie d’elle qui souhaitait jouer et devenir comédienne.
«Elle m’a donné envie de le faire aussi, poursuit celle qui a obtenu – et interprété avec beaucoup de sensibilité – le rôle d’Inès dans le film du même nom réalisé par Renée Beaulieu. Ma mère est toujours aussi passionnée et cela fait 25 ans qu’elle fait cela. Je trouve cela remarquable ! Je ne lui ai jamais annoncé que je voulais faire ce métier, mais on a tout le temps eu cette dynamique de duo très complémentaire, donc je pense que cela a nourri mon envie d’alimenter cela.»
«Mon chemin, je l’ai tracé»

Fils du comédien et réalisateur Luc Picard et de la comédienne Isabel Richer
Henri Picard accompagne ses parents sur des plateaux de tournage depuis qu’il est tout petit. S’il a tout d’abord souhaité devenir musicien, celui qu’on a pu voir dans le film Maria Chapdelaine explique qu’il adorait aussi l’atmosphère retrouvée sur les plateaux. Doucement, son père l’a initié aux films classiques, puis vers l’âge de 14 ans, Henri a commencé à ressentir un intérêt pour le jeu.

C’est lorsque son père s’apprêtait à réaliser le film Les rois mongols – dans lequel se trouvait le rôle d’un jeune de 15 ans à jouer – qu’Henri a manifesté le souhait de passer une audition. Son paternel a accepté un peu à contrecœur, croyant que ce serait simplement une première expérience d’audition pour son fils. Ce sont les directrices de casting qui ont convaincu Luc Picard – qui ne voulait pas choisir son fils – qu’Henri avait été le meilleur en audition et qu’il méritait le rôle.
Le travail avec son père, qu’il avait souvent vu diriger des tournages et avec qui il a tenu à garder une certaine distance professionnelle sur le plateau, s’est bien passé. Assez pour donner à Henri l’envie de jouer davantage.
«Au début, mes parents m’ont conseillé de m’inscrire dans leur agence et étaient là pour me guider dans mes choix, explique-t-il. Lorsque j’étais plus jeune, ils ne m’ont pas découragé de faire ce métier, mais ils ne m’encourageaient pas non plus. Depuis trois ans et après quatre projets, ils m’ont laissé aller. Je fais tout avec mon agence sans forcément leur en parler.»
«Je veux faire mon propre chemin, qu’on oublie que je suis le fils de, poursuit celui qui ne fait aucun coaching avec ses parents comédiens. Mais oui, cela a fait de moi quelqu’un qui voulait être acteur et je sais que c’était un cadeau de pouvoir aller si jeune sur les plateaux, car c’est ce qui m’a donné la piqûre.»
Lorsqu’on lui demande si le fait d’être fils d’acteurs est parfois difficile à porter, il insiste : comme il n’a jamais vécu autre chose, il lui est impossible de comparer sa vie à celle d’un enfant de médecins ou de tout autre travailleur.
«De toute façon, je ne peux pas faire autrement, dit celui qui a décroché le rôle principal du film Le plongeur, adaptation du roman primé de Stéphane Larue, qui sortira plus tard cette année. Et puis, je reçois aussi de super beaux commentaires qui n’ont rien à voir avec mes parents.»
Il explique aussi ne pas se comparer à son père et, lorsque les autres le font pour lui, ne pas vraiment écouter ce que disent les gens. En prenant soin de faire les choses sans penser au reste, Henri a réussi à mettre de côté la crainte qu’il avait à ses débuts: qu’on dise qu’il «l’avait facile» grâce à ses parents. Ce qui ne fut jamais le cas.

«Je suis super fier de lui, mais j’étais fier de lui avant cela, dit Luc Picard. Je suis très fier du fait qu’il est entier dans son travail, il veut vraiment faire de belles choses, au-delà de vouloir devenir une vedette ou non, il veut vraiment faire de belles choses. Cela me rend fier.»
«Les rois mongols était un film que je réalisais, donc je ne voulais pas qu’il se sente imposteur, poursuit-il. Je voulais vraiment qu’il sente qu’il l’avait gagnée, et il a fallu qu’il la gagne, son audition. C’était cela, ma responsabilité, là-dedans : m’assurer qu’il sache que c’est parce qu’il est bon qu’il l’a eue.»
►On retrouvera Henri Picard dans les films Le plongeur et La cordonnière ainsi que dans la série Cerebrum 2.
«Quand je joue en spectacle avec une de ses guitares, je me dis que je continue à la faire vivre, sa guitare.»

Fils de Patrick Bourgeois, chanteur et musicien membre du groupe Les BB, décédé le 26 novembre 2017.
Ludovick Bourgeois possède désormais toutes les guitares de son célèbre papa, certaines qu’il utilise à son tour en spectacle.
«Je n’ai pas le talent de mon père qui a commencé à jouer de la guitare à 6 ans, je le sais et c’est ben correct», lance candidement celui qui a été élu grand vainqueur de l’émission La Voix en 2017.
On pourrait croire que la musique a été un parcours naturel pour ce fils de musicien, mais celui-ci explique que cela est plutôt arrivé par hasard dans sa vie et sans lien avec son célèbre père qui ignorait même que Ludovick savait jouer et chanter.
S’il a peu connu son père lorsqu’il était enfant et qu’il vivait avec sa mère, Ludovick confie avoir pu reprendre le temps perdu à l’été 2017, alors qu’après sa victoire à La Voix, il est parti en tournée avec Les BB.

«Mon père commençait à être vraiment malade et n’était plus capable de faire tout le spectacle, dit-il. Cela a été des moments inoubliables qui nous ont rapprochés.»
S’il a senti un peu de comparaison à ses débuts, il a toujours vu plus de positif dans le fait d’avoir eu un père connu.
«Être comparé à un gars qui a fait de la musique pendant 30 ans, ça me va et à la limite, c’est flatteur», dit-il, joyeux.
«Je n’ai jamais fait comme si cela n’existait pas, donc en spectacle, je fais des chansons de mon père pour faire plaisir aux gens qui viennent pour cela, ajoute-t-il. C’est familial. Mais sinon, les radios ne jouent pas mes chansons parce que mon père était connu. Je pense que je fais un bon compromis en gardant son œuvre près de moi et en faisant mes trucs.»
►Ludovick Bourgeois est sur la route en spectacles cet été. La sortie de son troisième album est prévue en octobre.
«Je sais que cela va me suivre toute ma vie, de toujours devoir prouver aux gens que je mérite ma place.»

Fille de l’animatrice télé et radio Véronique Cloutier et du comédien, auteur et producteur Louis Morissette
À 19 ans, Delphine Morissette garde la tête bien froide lorsqu’il est question d’une carrière dans le domaine artistique. Un legs de ses célèbres parents ; son père, notamment, qui n’a jamais caché à ses trois enfants que le milieu peut être difficile et sans merci.

«C’est un milieu difficile, que tu sois connu, “fils ou fille de” ou pas connu», dit celle qui livre des chroniques à l’émission Bonsoir bonsoir. «C’est difficile à chaque niveau. Mon père est tough, mais c’est ce dont on a besoin. Il m’a appris à être comme je suis, à comprendre que c’est un métier qui n’est pas toujours rose et j’en suis reconnaissante.»
La jeune femme explique avoir été si habituée à se faire désigner comme «fille de» qu’elle ne le remarque plus. Elle n’a d’ailleurs jamais accordé d’importance au fait que ses parents étaient célèbres, voyant ce qu’ils faisaient comme des métiers, tout simplement.
«Vers l’âge de 12 ou 13 ans toutefois, j’ai posé la question: avez-vous honte de nous, voulez-vous nous cacher ? Car on ne nous voyait nulle part. Cela a commencé à changer, mais jamais ils n’ont demandé : voulez-vous être filmés ? Ça s’est fait naturellement, et même encore aujourd’hui, s’ils ne nous poussent pas à être dans le milieu, ils ne nous freinent pas non plus. C’est vraiment notre choix.»
Celle qui se plaît à agir à titre de coach auprès des enfants jouant dans les spectacles Décembre et Annie a développé plusieurs intérêts. Elle étudie en cinéma, aimerait se diriger en production, pourrait vouloir reprendre la compagnie de son père – KOTV – un jour et... s’intéresse à tout ce qui touche à la criminologie et au droit!
«Plus ça va avancer, plus j’espère être reconnue comme ayant ma propre personnalité, mes propres habitudes, sans me faire dire: oh, tu as la personnalité de ton père et la gestuelle de ta mère, poursuit celle qui vient de signer avec une nouvelle agence, sans même en parler à ses parents. Je n’ai pas de passe-droit parce que j’ai des parents connus et je dois faire le même processus d’audition que n’importe qui.»
Elle vante l’humilité de ses parents qui ont eu des hauts et de nombreux bas, ce qui, croit-elle, les rend meilleurs.

«Ce sont mes modèles, ajoute celle qui doit aussi jongler avec les commentaires parfois désobligeants et méchants sur les réseaux sociaux. De mon côté, je crois que j’aimerais garder le côté artistique comme side-line et non comme discipline principale, car c’est un métier trop instable. Pour le moment, faire des chroniques m’allume plus que de jouer des personnages. Mais on verra.»
- Véronique Cloutier a animé de nombreuses émissions télévisées dont La fureur, Les enfants de la télé, le Bye Bye et le Gala des prix Gémeaux. Elle a aussi été VJ à Musique Plus.
- Louis Morissette est diplômé de l’École nationale de l’humour. On l’a vu dans une dizaine de films et dans une douzaine de séries télé. Il a scénarisé une douzaine de séries et de films.
- Le couple a fondé la fondation Véro et Louis ayant pour but de construire des maisons pour les personnes âgées de plus de 21 ans vivant avec un trouble du spectre de l’autisme.
«Être “la fille de”, c’est juste un concept.»

Fille de l’animateur, comédien et musicien Normand Brathwaite et de la chanteuse Johanne Blouin
Elizabeth Blouin-Brathwaite a grandi sous l’œil du public. Celle qui se voit un peu comme « la petite-fille des Québécois » explique que le plus beau cadeau que ses célèbres parents aient pu lui faire fut de croire en elle et en son talent.
«Ils m’ont aussi permis de rencontrer et d’avoir des conseils, dès le départ, de gens d’expérience pour me montrer le métier comme Dan Bigras, Lulu Hughes et Patrick Bourgeois», dit la musicienne que l’on peut voir sur scène au Québec et en Ontario. «J’ai pu fleurir avec des conseils de gens de haut calibre. Ma mère m’a dit qu’elle avait toujours su, en son for intérieur, que ma voix et mon talent de musicienne allaient sortir de moi un jour et c’est arrivé quand j’étais enfant.»

C’est en compagnie de sa chanteuse de maman – qui est toujours aujourd’hui sa coach vocale et son guide dans le métier – qu’elle a commencé à chanter pour sortir un premier album intitulé Un monde merveilleux à l’âge de 8 ans. Puis, un album de Noël qui allait lancer sa carrière. Sa mère lui a prodigué de nombreux conseils sur le métier, notamment la façon d’avoir confiance en elle, de bouger, de rayonner et de prendre sa place sur scène.
«Mes deux parents se sont toujours assuré que je sois bien, poursuit la nouvelle maman qui n’a vu que du positif dans le fait d’avoir des parents connus. Ils me demandaient constamment si j’aimais cela, si j’étais bien. Ils m’appuyaient et étaient très fiers de moi. Ils m’ont tout montré, même au niveau de l’attitude : connaître tout par cœur, tout le temps (les partitions, les paroles), le respect avec tous les gens, j’ai vraiment pris tous leurs conseils».
De son père, elle retient les recommandations de rigueur, de bonne énergie, de respect et d’écoute des collègues à manifester en tout temps sur les plateaux. Elizabeth se voit en fait comme un amalgame parfait de ses deux parents.
« Cela a porté fruit dans ma vie », lance celle qui mentionne n’avoir jamais entendu de mauvais commentaires selon lesquels elle était «la fille de». «Je n’ai jamais connu autre chose, alors pour moi, c’est la normalité des choses. Avec mon père et ma mère, les portes se sont ouvertes pour moi et maintenant, c’est moi qui demande si mes parents peuvent venir sur mes spectacles (rires). Mon père, par exemple, vient jouer avec moi avec le Eli and the All Stars Girls Band.»
Elizabeth se réjouit d’avoir des parents qui sont très présents dans sa vie. Forcément, leurs soupers de famille sont truffés d’anecdotes de spectacles et de musique ; tout cela faisant partie de leur mode de vie.

«Elizabeth avait 4 ans et je le savais qu’elle allait faire cela, a d’ailleurs confié Normand Brathwaite au Journal. Elle se montait des rideaux dans la cave et elle ne chantait pas avec sa brosse à cheveux, elle chantait dans un vrai micro ! Il y a du monde comme cela, tu ne dis rien, cela va de soi, tu la laisses aller et tu l’encourages. Je regarde Elizabeth aujourd’hui, elle est à l’aise sur une scène comme ça n’a pas de bon sens ! Je suis très fier de son talent et je suis surtout fier de ce qu’elle fait avec.»
«Mes parents ont chacun une grande expérience, mais je ne les ai jamais vus être au-dessus de cela.»

Fils des acteurs Danielle Proulx et Raymond Cloutier
Si Émile Proulx-Cloutier est devenu acteur-chanteur-musicien, bref un créateur et un artiste à part entière, c’est entre autres parce qu’il a grandi dans une famille d’acteurs qui s’est appliquée à lui démontrer qu’avec beaucoup de travail, tout était possible.
Celui que l’on peut voir briller en musique et en textes sur scène (le plus récemment avec le merveilleux spectacle À mains nues) comme au cinéma et à la télévision explique que c’est le fait d’avoir toujours vu ses parents travailler à fond leurs divers projets, et ce, malgré les succès, qui l’a motivé à faire de même.
«J’ai des parents qui ont fait toutes sortes d’affaires, explique-t-il. Autant du cinéma d’auteur que des spectacles dans un théâtre expérimental, que des téléromans, des téléséries et du théâtre d’été. Ils ont touché à tout et chaque chose est faite avec le même cœur. Pour eux, il n’y a pas de hiérarchie de projets. Tout est important. Ils se disent : je vais faire ce qu’on m’a confié avec tout mon cœur. Pour moi, cela a été un apprentissage profond.»
Il explique n’avoir jamais vraiment été attiré par le côté «paillettes» du métier; un métier pour lequel ses parents travaillaient dur, exempt du côté magique que plusieurs imaginent. Comme eux, Émile était plutôt attiré par le processus de création derrière chaque œuvre, chaque réalisation.
«Mes parents ont chacun une grande expérience et un certain savoir-faire, mais je ne les ai jamais vus être au-dessus de cela, poursuit le comédien qu’on a pu voir dans les séries Les moments parfaits, Sortez-moi de moi et Faits divers. Ne jamais dire: c’est beau, je sais comment faire cette affaire-là. C’est là où je suis profondément reconnaissant: le fait d’avoir vu des gens au travail, avec la même précision que quelqu’un qui répare une couture, une voiture ou une pierre précieuse.»

- Raymond Cloutier a aussi joué dans de nombreuses séries télévisées (La faille, Mémoires vives) ainsi que dans plusieurs films et pièces de théâtre.
- On a pu voir Danielle Proulx dans des dizaines de séries télévisées, dont L’œil du cyclone, Passe-Partout, Unité 9, Cornemuse et Jamais deux sans toi, de pièces de théâtre et de films, notamment dans l’inoubliable C.R.A.Z.Y.
C’est en regardant travailler (« chercher, fouiller, revenir d’auditions qui avaient mal été, revenir de tournages ou de spectacles qui avaient été plus ardus, avoir confiance en sachant pourtant que tout n’est pas dans la poche ») ses célèbres parents qu’il a compris qu’être acteur ou créateur voulait aussi dire savoir composer avec le doute et l’incertitude.
«Je me rappelle ma mère qui cherchait encore, un mois avant une première au théâtre, malgré ses décennies de métier, je la vois en train de chercher et elle allait chercher jusqu’à trouver, raconte-t-il. Un moment donné, cela te rentre dans la tête: je vais tout le temps être en train de chercher et être devant des défis. C’est la beauté de l’affaire: se retrouver devant des choses que tu ne sais pas comment faire.»
S’il a fait de la création et de l’interprétation son métier et sa vie, c’est beaucoup parce que ses parents ont cru en lui et en son talent. L’acteur se souvient d’un moment précis où, alors qu’il faisait du théâtre au cégep, son père lui a dit: «Sache qu’avec ce que je vois, tu peux le faire, tu as ce qu’il faut pour faire cela dans la vie, si tu as envie de le faire. Tu es capable, si jamais tu doutes.»
«Tout ce que je faisais quand j’étais jeune est ce que fais maintenant: de la musique, du théâtre, des films, ajoute Émile. Je ne pense pas que mes parents sont tombés en bas de leur chaise quand ils ont vu ce que je devenais. Ils se demandaient plutôt ce que je ferais ; et finalement, c’est de tout (rires).»
►Émile Proulx-Cloutier poursuit la tournée de son spectacle solo À mains nues à travers le Québec
«À 5 ans, je voulais être acteur. Je suivais mon père partout.»

Fils de Fayolle Jean, acteur, poète, écrivain, metteur en scène, animateur radio...
«On a fait chacun notre chemin. Il n’y a pas de comparaison comme telle, explique Fayolle Jean Jr. qu’on a pu voir récemment dans les séries Entre deux draps, Le pacte et Sans rendez-vous. Je vois plutôt mon père comme un pionnier dans les premiers acteurs noirs, ce qui est inspirant et qui a ouvert la voie pour ma génération et les générations à venir.»
Partageant le même nom complet ainsi que la même passion du jeu et de la création, il allait sans dire que Fayolle Jean Jr. et son célèbre papa allaient emprunter des sentiers similaires.
Son père touche-à-tout étant archiconnu dans la communauté haïtienne tout d’abord, puis dans la communauté québécoise, Fayolle Jean Jr. insiste: il doit bien se tenir et faire honneur à ce nom et à ce père ayant été forcé de quitter Haïti en 1979 parce qu’il avait créé une version créole de la pièce En attendant Godot ; un projet qui n’a jamais pu voir le jour, car n’ayant pas plu à certains là-bas...
Son père, ce grand rêveur pour qui tout est possible lui a montré à ne jamais s’imposer de limites. C’est d’ailleurs lui qui a aidé son fils à créer sa fiche de casting. Puis, avec le temps, ce n’est plus seulement le père qui aide son fils à répéter pour ses auditions, mais vice-versa.
«C’est un fonceur qui m’a légué une fibre artistique, une passion pour l’art et la possibilité de faire ce que je voulais, dit celui qui tient le rôle du Docteur dans la pièce Sainte-Marie-la-Mauderne, l’adaptation théâtrale du film La grande séduction. Je viens d’une famille de cinq enfants et on vit tous de nos passions, je trouve cela très beau. Mes parents nous ont toujours encouragés en disant: “Suis des cours, travaille bien et fais tout avec respect.”»

Être «le fils de» est-il difficile à porter, surtout quand on partage le même nom? «Non, je le prends bien. Il y a toujours le côté où les gens me disent: “J’ai travaillé avec ton père, salue-le !” J’ai toujours porté cela comme une fierté et nous avons une belle complicité. C’est une rareté que des immigrants qui faisaient un métier dans leur pays puissent continuer à le faire. Je fais aussi mon bout de chemin. Cela me permet de me rappeler d’où je viens aussi, et du travail accompli.»
D’AUTRES ARTISTES D’ICI AYANT SUIVI LES TRACES DE LEURS PARENTS CONNUS





- Marianne Verville, fille de Pierre Verville
- Charlotte Le Bon, fille de Brigitte Paquette
- Lunou Zucchini, fille de Luce Dufault
- Sophie Lorain, fille de Denise Filiatrault
- Thomas Delorme, fils de Julie Perreault et Sébastien Delorme
- Olivier Barrette, fils de Michel Barrette
- Maxime Le Flaguais, fils de Véronique Le Flaguais et Michel Côté
- Alice Déry, fille de Marc Déry et Élyse Marquis
- Thomas Postigo, fils de Marina Orsini et Serge Postigo
- Charlie Lemay-Thivierge, fille de Guillaume Lemay-Thivierge
QUELQUES ARTISTES D’AILLEURS DONT LES PARENTS SONT CÉLÈBRES

- Liv Tyler, fille de Steven Tyler
- Rumer Willis, fille de Bruce Willis
- Jaden et Willow Smith, enfants de Will Smith et Jada Pinkett Smith
- Scott Eastwood, fils de Clint Eastwood
- Colin Hanks, fils de Tom Hanks
- Dakota Johnson, fille de Mélanie Griffith et Don Johnson
- Stella McCartney, fille de Paul McCartney
- Angelina Jolie, fille de Jon Voight
- Kiefer Sutherland, fils de Donald Sutherland
- Charlie Sheen et Emilio Estevez, fils de Martin Sheen
- Nicole Richie, fille de Lionel Richie
- Kelly Osbourne, fille d’Ozzy Osbourne
- Lily-Rose Depp, fille de Vanessa Paradis et Johnny Depp
- Hailey Baldwin, fille de Stephen Baldwin
- Lily Collins, fille de Phil Collins
- Maya Hawke, fille d’Uma Thurman et Ethan Hawke
- Zoë Kravitz, fille de Lisa Bonet et Lenny Kravitz
- Brooklyn Beckham, fils de Victoria Beckham et David Beckham