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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Arthabaska, en douce

Photo d’archives, STEVENS LEBLANC
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Photo portrait de Yasmine Abdelfadel

Yasmine Abdelfadel

2025-07-09T04:00:00Z
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Si François Legault voulait nous dire qu’il n’avait aucune attente quant à la performance de la CAQ dans Arthabaska, il n’aurait pu faire mieux. Déclencher une partielle en plein mois de juillet, pour un scrutin le 11 août, c’est l’équivalent politique de crier: «Circulez, il n’y a rien à voir!»

C’est aussi une façon à peine voilée d’admettre que son parti n’est pas dans la course, celle qui se dessine désormais entre le Parti québécois et le Parti conservateur. Dans ce duel, la CAQ joue le rôle de figurant, spectateur de sa propre érosion.

Réalité

Secrètement — très secrètement —, François Legault doit espérer une victoire d’Éric Duhaime. Non pas par affinité ou admiration, mais parce qu’une telle victoire aurait l’immense avantage de briser le momentum péquiste. Le PQ, rappelons-le, enchaîne les victoires depuis un an, grugeant méthodiquement l’électorat caquiste. L’arrivée d’un député conservateur à l’Assemblée nationale, surtout un tribun comme Duhaime, viendrait changer le paysage. Il s’imposerait rapidement dans les médias et participerait, lui aussi, à égratigner sérieusement Paul St-Pierre Plamondon, premier dans les intentions de vote depuis un bon moment déjà.

Nouvelle dynamique

Mieux encore, cette nouvelle dynamique offrirait à François Legault une diversion bienvenue, alors qu’il s’apprête à rebrasser les cartes de son conseil des ministres. Un remaniement qui laissera forcément des blessés, des oubliés, des frustrés. Et rien de tel qu’un nouveau joueur polarisant sur la colline pour détourner les projecteurs.

Tant qu’à être cynique — et pourquoi s’arrêter en si bon chemin —, on pourrait même se demander si l’annonce précipitée du remaniement ne visait pas à calmer les ardeurs des députés nerveux. Histoire de leur faire miroiter un avenir ministériel pendant les épluchettes de blé d’Inde et les soupers spaghetti, et de contenir, temporairement, l’inquiétude montante sur le sort même du chef.

Car dans Arthabaska, ce n’est pas la CAQ qui est en jeu. C’est le contrôle du récit.

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