«Arrêtez de faire peur au monde», implore un proprio de boutique hors taxes
Il souhaiterait que les relations tendues entre Ottawa et Washington restent politiques pour pouvoir conserver ses clients

Francis Halin
Un propriétaire d’une boutique hors taxes n’en peut plus du climat de peur qui sévit des deux côtés de la frontière et qui fait fondre ses ventes de moitié.
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«Donald Trump fait peur à tout le monde avec ses tarifs. Depuis qu’il est au pouvoir, notre clientèle a baissé de 50%. C’est catastrophique», soupire Philippe Bachand, 63 ans, proprio de la boutique hors taxes de Philipsburg, dans Brome-Missisquoi.
«Est-ce que l’on peut garder la crise politique au niveau des gouvernements? Ce n’est pas la fin du monde. Faut arrêter de faire peur au monde», pousse-t-il.
Alcool, parfums, cosmétiques, chocolats, sirop d’érable, sacs à main... les clients ne sont plus au rendez-vous ces derniers mois.
«Les gens ont peur d’être touchés dans leurs exemptions personnelles avec les douaniers, alors que rien de cela n’a changé», insiste le patron de l’entreprise familiale fondée en 1988.
Employeur important
Une vingtaine de personnes travaillent pour lui. C’est beaucoup de familles, dans ce village de 300 âmes. Il s’agit du deuxième employeur du coin, après les douanes.
D’après l’Association frontière hors taxes (AFHT), il faut une aide d’urgence, une directive ministérielle et un ajustement des taxes d’accise au plus vite pour arriver à sortir la tête hors de l’eau.
«Sans intervention fédérale immédiate, ces entreprises réglementées par le gouvernement fédéral risquent de disparaître complètement», va jusqu’à dire Barbara Barrett, à la tête de l’AFHT.

«Ces petites entreprises familiales – créées et réglementées exclusivement pour l’exportation – sont poussées au bord du gouffre par des circonstances complètement indépendantes de leur volonté», craint-elle.
L’an dernier, un rapport de son organisation estimait que ces boutiques payent environ 35 M$ d’impôts de toutes sortes chaque année et investissent 60 M$ dans leur région.
«Semer la peur»
D’après Phillipe Bachand, les campagnes de publicité du gouvernement québécois qui font la promotion de l’achat québécois ont un bon et un mauvais côté.
«Je bois du jus de pomme. Je suis à Frelighsburg», lance-t-il avec fierté. Il comprend et participe au soutien de l’économie locale.
Il pense cependant que l’autre côté de la médaille, c’est que les Québécois ont commencé à avoir peur d’aller aux États-Unis. Même chose pour les Américains ici.
«Quand je vois une université dire à ses étudiants de ne pas aller aux États-Unis, j’appelle cela semer de la peur», dénonce-t-il.
«On ne devrait pas dire aux gens d’arrêter de voyager», conclut-il.
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