Souffrant d'aphasie, il a été arrêté parce qu’on croyait qu’il avait conduit ivre


Jean-François Racine
Victime de deux AVC en moins de dix ans, Claude Hébert a recommencé à conduire sa voiture, mais son aphasie a déjà mené des policiers à l’arrêter, croyant à tort qu’il était en état d’ébriété.
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« Bruce Willis est une vedette mais nous, personne ne parle de nous. Ce n’est pas écrit dans mon front. En plus, si je veux l’expliquer, ils vont trouver ça trop long », explique le quinquagénaire de Québec.
Cette perte partielle ou complète de la capacité à s’exprimer peut vite devenir très handicapante.
« L’orthophoniste a fait son possible mais des fois, dans les restaurants ou au téléphone, les gens sont pressés et ils ne nous écoutent pas », ajoute-t-il.
Des abandons difficiles
M. Hébert a fait un premier AVC le 11 juillet 2011 à l’âge de 48 ans et un second, le 11 juillet 2020. « Pas à la même heure ! » assure-t-il.
Au cours de sa carrière, Claude Hébert a travaillé comme boucher et assistant-gérant dans le milieu de l’alimentation. Il a dû faire une croix sur son emploi, de même que sur son poste d’entraîneur de hockey et de soccer. Seule la rééducation permet de récupérer. Le soutien psychologique est aussi important.
« Ça allait bien. J’ai tout perdu. Je cherche mes mots. Ça ne sort pas comme je voudrais. C’est dur de m’expliquer même s’il y en a des pires que moi. »
Au fil des années, les anecdotes se sont accumulées malgré des situations peu amusantes.
« On m’a déjà dit que c’était contagieux. Quand j’ai commandé une pizza sur place, trois voitures de police sont venues parce que quelqu’un a signalé que j’étais chaud. En demandant une bière, le gérant m’a dit que j’en avais assez pris. »
- Écoutez l'entrevue de Mario Dumont avec Carole Anglade, orthophoniste et chercheuse post-doctorale, membre du conseil d'Aphasie Québec, sur QUB radio:
Impliqué dans un organisme
Depuis quelques années, Claude Hébert s’implique auprès de l’organisme ARTÈRE, qui favorise la réintégration des personnes ayant subi un AVC. Résilient, il a appris à se débrouiller et il livre parfois des témoignages inspirants.
« Les gens ne connaissent pas les ressources qui sont disponibles. Il y a un manque d’information », termine la directrice d’ARTÈRE, Joëlle Duchesne.