Ottawa veut geler la vente et l’achat des armes de poing
Avec son projet, le premier ministre a dans sa mire la violence qui ronge les grandes villes canadiennes

Guillaume St-Pierre
OTTAWA | Gel sur les armes de poing, programme de rachat obligatoire, peines plus sévères : le gouvernement Trudeau a déposé, lundi, un projet de loi sur le contrôle des armes à feu qui a été perçu comme un pas de géant par les militants anti-armes. « Des victimes des armes à feu, il y en a eu beaucoup trop », a affirmé Justin Trudeau lundi, en conférence de presse à Ottawa. Tour d’horizon des réactions et des différentes mesures annoncées par le gouvernement fédéral visant à endiguer le fléau de la violence armée, qui pullule dans nos grandes villes comme Montréal et Toronto.
UN GEL DES ARMES DE POING

Il s’agit de LA mesure phare du plan libéral sur le contrôle des armes à feu.
Le projet de loi fédéral entend interdire l’achat, la vente, le transfert et l’importation des armes de poing à l’échelle du pays.
À l’heure actuelle, il y aurait environ un million de ces armes en circulation au pays, légales et illégales, selon le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino.
Ce dernier souligne que le gel empêchera environ 55 000 armes de poing supplémentaires d’entrer sur le marché chaque année.
« La violence armée est un problème complexe, mais en fin de compte, le calcul est assez simple : moins il y a d’armes dans nos rues, plus nos communautés sont sûres », a commenté le premier ministre Trudeau.
Les libéraux de Justin Trudeau vont donc plus loin qu’il ne l’avait promis en campagne électorale.
L’automne dernier, le Parti libéral fédéral suggérait de donner aux provinces le pouvoir d’interdire ces armes, ce qui risquait de créer une courtepointe de règles à l’échelle du pays.
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CINQ CARTOUCHES PAR CHARGEUR
Ottawa exigera que les chargeurs d’armes d’épaule ne puissent contenir plus de cinq cartouches. De plus, on souhaite créer une nouvelle infraction dans le Code criminel (peine maximale de cinq ans d’emprisonnement) interdisant l’augmentation d’un chargeur au-delà de la limite légale.
UN PAS DE GÉANT, SELON LES MILITANTS ANTI-ARMES À FEU

Avec son projet de loi, le gouvernement Trudeau est de retour dans les bonnes grâces des militants pour un contrôle plus rigide des armes à feu.
« Il y a un gel des armes de poing au pays. C’est une énorme victoire. Il y a un programme de rachat obligatoire, c’était fondamental pour nous, souligne Nathalie Provost, une survivante de la tuerie de l’école Polytechnique présente au point de presse. Pour nous, c’est un très grand jour. »
Justin Trudeau avait déposé, il y a un an et demi, un projet de loi sur les armes à feu qui avait amèrement déçu ces militants.
Des groupes tels que PolySeSouvient estiment aujourd’hui avoir remporté une bataille importante.
« On a lutté pour ça. C’est une journée historique », a laissé tomber le porte-parole de la Mosquée de Québec, Boufeldja Benabdallah.
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a salué elle aussi « le message fort » envoyé par Ottawa. Elle souhaite toutefois que ce « pas nous mène vers l’interdiction complète des armes de poing sur notre territoire et hors de la portée des jeunes ».
RACHAT OBLIGATOIRE D’ARMES D’ASSAUT
Comme promis en campagne électorale, le gouvernement libéral met de l’avant un programme de rachat des armes qui sera obligatoire. Les propriétaires de certaines armes d’assaut devront les revendre au gouvernement pour les faire détruire, tout en recevant une compensation. Le coût du programme n’est pas encore connu.
DRAPEAUX ROUGES ET PEINES PLUS SÉVÈRES
Les peines maximales pour les personnes reconnues coupables de contrebande ou de trafic d’armes à feu seront allongées, passant d’un maximum de dix à 14 ans. En outre, Ottawa veut permettre aux proches de personnes possédant une arme à feu de demander aux tribunaux une ordonnance pour la saisie des armes (« drapeau rouge ») ou la suspension du permis de possession (« drapeau jaune »).
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