Armée: faudra-t-il réécrire le budget fédéral?

Emmanuelle Latraverse
Il aura fallu 625 missiles russes, près de 1,5 million de réfugiés, des millions d’autres vies détruites. Le constat est brutal : les démocraties occidentales sont mal armées pour faire face à la nouvelle réalité imposée par Vladimir Poutine.
Un nouvel ordre mondial est en voie de se redéfinir. Déjà, une conclusion s’impose : les dépenses militaires ont repris leur place en tête des priorités.
« Nous devons reconnaître que les choses ont changé et nous devons nous concentrer à nouveau sur notre sécurité collective », a tranché le premier ministre britannique Boris Johnson au terme de sa rencontre avec Justin Trudeau.
Le message est clair. Le Canada n’a pas le luxe de rester en marge de cette vaste mobilisation sécuritaire.
Le gouvernement Trudeau, qui rêvait de croissance inclusive et d’infrastructures vertes, devra dorénavant faire une large place au militaire.
- Écoutez la rencontre Latraverse – Dumont diffusée chaque jour en direct 17 h via QUB radio :
Agir
Justin Trudeau répète souvent ces jours-ci que son gouvernement est en voie d’augmenter les dépenses militaires de 70 % au Canada... sur 20 ans ! Or, c’est maintenant que l’urgence se fait sentir, alors que le Canada n’a toujours pas rempli son engagement auprès de l’OTAN d’investir 2 % du PIB en dépenses militaires.
Championne de la mobilisation pro-Ukraine, la ministre des Finances Chrystia Freeland n’aura d’autre choix que de réécrire une partie du budget fédéral.
Or le plus facile, ce sera le beau coup d’éclat politique, milliards à l’appui, le jour du budget.
Dans ce dossier, le diable est ailleurs. Dans le dédale des contrats d’approvisionnements militaires, dignes de la maison des fous.
Faut-il rappeler que le Canada n’a pas encore identifié ce qui remplacera les CF18 en 2032 ! Ou que les nouvelles frégates et les destroyers arriveront avec tout autant de retard !
Imaginez l’aide que le Canada pourrait fournir à ses alliés en ce moment, s’il ne s’était pas traîné les pieds depuis 20 ans.