Arme à feu saisie dans son bureau: le roi des Lamborghini s'en tire à bon compte
Le patron de Lamborghini Montréal a discrètement plaidé coupable à une accusation d'entreposage négligent d'arme à feu


Jean-François Cloutier
Le patron de Lamborghini Montréal a discrètement plaidé coupable à une accusation d'entreposage négligent d'arme à feu dans les bureaux du concessionnaire de voitures de luxe.
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L'arme avait été découverte dans le cadre d'une enquête sur le recyclage de produits de la criminalité impliquant certains membres du crime organisé montréalais (voir autre texte).
L’avocat de M. Scotti a toutefois fait valoir que l’arme trouvée par la police constituait un simple cadeau d’un client, Dario Comastri.
Pasquale Scotti, qui dirige l’immense garage Lamborghini sur la desserte de l’autoroute Transcanadienne depuis 2014 (le plus gros au monde, selon lui), avait été accusé l’an passé de deux chefs liés à la possession de cette arme à feu.
L’arme, une carabine de calibre .22 (de marque Henry Repeating Arms, modèle Golden Boy), avait été saisie par la police lors d’une perquisition menée dans la bâtisse même abritant le prestigieux commerce, comme l’avait rapporté notre Bureau d’enquête au printemps dernier.

Au terme d’une entente avec le ministère public, M. Scotti a reconnu avoir entreposé une arme à feu en février 2021 de façon non conforme aux règlements. Le deuxième chef d’accusation a été retiré.
Bien que le plaidoyer de culpabilité de M. Scotti soit passible d’une peine de prison, la poursuite et la défense se sont entendues pour que le dirigeant fasse un don de 20 000$ au CAVAC (Centre d'aide aux victimes d'actes criminels) et puisse bénéficier d’une absolution inconditionnelle.
Pas écrit
L’avocat de M. Scotti a bien insisté pour que ce don aux victimes d’actes criminels ne soit pas écrit dans les registres de la cour.
Il a laissé entendre qu’une issue différente de l'entente convenue entre les parties pourrait avoir des conséquences sérieuses pour M. Scotti.
- Écoutez le segment judiciaire avec Félix Séguin qui est sur place via QUB radio :
M. Scotti «doit répondre à certains critères qui sont très précis [pour la concession Lamborghini]. [...] Lamborghini a un droit de regard», a-t-il expliqué.
L’avocat a aussi souligné que d’autres membres de la famille avaient des intérêts dans le concessionnaire. M. Scotti possède en outre de l’immobilier en Floride et doit pouvoir se rendre aux États-Unis pour des événements Lamborghini, a-t-il dit.
Nombreux cadeaux
Il est fréquent pour M. Scotti de recevoir des cadeaux lors de transactions automobiles de centaines de milliers de dollars, selon son avocat.
Plusieurs chandails d’équipes sportives signés, une serviette des Steelers de Pittsburgh, un aileron avant de Formule 1, un vase antique chinois, un banc du Forum de Montréal et une assiette de bronze antique sont d’autres cadeaux qui ont été trouvés dans le bureau, a souligné l’avocat.
«Un public bien informé de l’ensemble des circonstances qui m’ont été expliquées viendrait à la conclusion que la suggestion qui est soumise à la cour n’est pas déraisonnable», a estimé la juge.
- Avec la collaboration d'Ian Gemme

UNE ARME TROUVÉE LORS D’UNE VASTE ENQUÊTE POLICIÈRE
L’arme trouvée dans le bureau de Pasquale Scotti a été saisie dans le cadre d’une vaste enquête policière ciblant des membres haut placés du crime organisé montréalais, dont le Hells Angels Vincent Boulanger.
L’enquête Percuter de l'Escouade nationale sur la répression du crime organisé (ENRCO) visait à comprendre comment un réseau de trafiquants de cocaïne, la Fratrum FSF, parvenait à recycler son argent, notamment dans l’industrie des véhicules de luxe.
L'une des entreprises dans la ligne de mire des policiers, Imperial Leasing, avait ses bureaux dans la bâtisse même abritant Lamborghini Montréal, selon un affidavit d’un policier.
Actionnaire
Selon les policiers, Scotti était l'un des actionnaires de cette entreprise.
La compagnie aurait été financée par Seeyomak Salemi Seyfeddin.
Ce dernier, surnommé «Le Perse» dans le monde interlope, est décrit par le ministère public comme l'un des dirigeants d’un réseau de trafic de stupéfiants.
Le Hells Angels Vincent Boulanger avait en outre été aperçu avec deux personnes faisant l’objet d’une enquête policière, dont un trafiquant de drogue, dans la cour de Lamborghini Montréal, selon l'affidavit d’un policier.
«Le modèle d’affaires de la compagnie Imperial Leasing est qu’ils financent des individus ne se qualifiant pas au crédit pour l’achat ou la location d’un véhicule et qui majoritairement désirent payer comptant», alléguait ce dernier.
► Les éléments divulgués dans l'affidavit n'ont pas été prouvés en cour.
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