Arme à feu à Montréal: un jeune immature implore le juge de le libérer


Michael Nguyen
Un jeune Montréalais qui multiplie les accusations pour des frasques ayant culminé jusqu’à son arrestation avec une arme jure que la prison lui a ouvert les yeux et implore d’être libéré, tandis que la Couronne met en garde contre ces jeunes aussi immatures que dangereux.
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«Malheureusement, ce qu’on voit, ce sont des gens sans maturité, influençables, qui ont des armes chargées. Le danger est là, à un moment il faut que ça arrête», a lancé Me Hussein Hassan en demandant le maintien en détention d’Abderrezak Boukharouba, ce mardi au palais de justice de Montréal.
Juste avant, l’accusé de 20 ans témoignait sur ses deux dernières semaines en prison, abandonné de tous ses amis avec qui il aurait multiplié les mauvais coups, dont le fait d'avoir tiré une balle de peinture sur un véhicule de la Sûreté du Québec qui répondait à un appel d’urgence sur l’autoroute.
«Je ne m’attendais pas à ce que la prison soit comme ça, a-t-il dit en pleurs. Je ne faisais que réfléchir, à ce que je faisais là, à si ça valait la peine. Au final, je me suis retrouvé seul entre quatre murs.»
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Stupeur
Boukharouba, qui est en attente de plusieurs procès pour des crimes dont la gravité ne fait qu’augmenter, vient pourtant d’une famille honnête et travaillante.
Son père, qui était médecin en Algérie, a dû se résoudre à devenir chauffeur de taxi pour subvenir aux besoins de sa famille. Il est ensuite devenu un «ange gardien» pendant la pandémie et travaille comme préposé aux bénéficiaires en espérant devenir infirmier.
Sa mère tient une garderie en milieu familial, tandis que sa sœur étudie au doctorat en pharmacie.
Présents dans la salle d’audience, c’est avec stupeur qu’ils ont appris toutes les frasques du jeune qui a arrêté l’école avant d’obtenir son secondaire 5, par manque de motivation.
De plus en plus grave
Les déboires de Boukharouba ont ainsi commencé en 2021, quand il aurait aidé un ami qui aurait participé au passage à tabac d’un joueur de soccer lors d’une dispute pendant une partie improvisée. L’accusé ne semble pas avoir participé à la bataille, mais aurait aidé son ami à fuir.
Il s’est retrouvé impliqué dans une affaire de vol de véhicule à Longueuil.
Puis, cet été, il a été arrêté en lien avec une balle de peinture tirée sur la vitre du côté conducteur d’une autopatrouille.
«Les policiers ont abandonné leur appel initial pour faire un ratissage du secteur», a expliqué Me Hassan.
Boukharouba avait été arrêté un peu plus tard, avec plusieurs amis, dans un véhicule où se trouvaient des fusils à peinture.
Sa plus récente arrestation remonte au mois dernier quand il avait été vu par des policiers de l’escouade ARRET en train de briser un couvre-feu imposé par le tribunal. Lors de son arrestation, les policiers ont trouvé une sacoche contenant un pistolet semi-automatique chargé.
«Les trois autres individus qui étaient dans le véhicule ont dit que l’arme à feu n’était pas à eux», a souligné la Couronne.
Soutien
Accusé en lien avec tous ces événements en plus de plusieurs bris de conditions, Boukharouba a toutefois imploré le juge de lui donner une chance, maintenant qu’il a vécu l’expérience de la prison.
Tout penaud, il s’est dit prêt à respecter toutes les conditions proposées par son avocat Me Olivier Cusson, même si cela implique qu’il doive rester chez lui en tout temps, sans cellulaire, tout en coupant les liens avec ses amis.
«Ma liberté vaut plus qu’un cellulaire et des amis, a-t-il dit. Parce qu’à la fin, on est seul en prison pendant que nos amis sont dehors.»
Sa famille a également témoigné, en se disant prête à le surveiller étroitement et à appeler la police si jamais il ne respecte pas ses conditions. Car même s’ils ont été choqués d’apprendre les frasques de Boukharouba, ils souhaitent à tout prix l’aider à reprendre le droit chemin.
Mais même si le plan de sortie est «fantastique» et même si la famille de l’accusé est prête à l’aider, il est temps d’envoyer un message fort que la violence par arme à feu ne peut pas être tolérée, a plaidé la Couronne, en rappelant que c’était à l’accusé de se responsabiliser.
Le juge Thierry Nadon a pris l’affaire en délibéré et rendra sa décision vendredi.
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