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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Armani: la fin d’une époque

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Photo portrait de Sophie Durocher

Sophie Durocher

2025-09-04T21:00:00Z
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Vous rappelez-vous l’époque où les hommes s’habillaient chic? Des vestons hyper bien coupés, des pantalons qui tombaient bien quand tu mettais tes mains dans les poches, des couleurs neutres mais pas plates, une sorte de luxe discret, sobre mais épatant...

Quand ils portaient un t-shirt en dessous de leur veston, c’était propre, droit. Tout le contraire du linge mou, négligé. Pas de logo de designer en grosses lettres, pas de bling-bling, pas de clinquant. Dis.cré.tion.

Je n’ai jamais trouvé les hommes aussi élégants que dans les années 80. Richard Gere dans American Gigolo, pour moi, c’était le summum du chic. Rien n’a été capable d’accoter ça depuis.

Eh bien, ce style-là, c’est la signature Armani. Et, avec la mort de Giorgio Armani, c’est comme si on tournait la page sur une époque où les gars s’habillaient comme du monde.

Ciné-Armani

Je n’ai jamais compris pourquoi la mode était considérée comme un art mineur, alors que ses créateurs les plus illustres sont des artistes de plein droit, au même titre que des peintres, des chanteurs ou des architectes. Le power suit inventé par Armani est aussi important dans la culture populaire que les boîtes de conserve de Warhol ou les solos de guitare de Jimi Hendrix.

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Quand un comédien portait de l’Armani au cinéma, on le reconnaissait dès qu’il apparaissait à l’écran. Je vous parlais de Richard Gere, mais je pourrais aussi vous parler de Kevin Costner dans Les Incorruptibles (The Untouchables en anglais). Armani avait dessiné les costumes pour tous les personnages de ce film qui se déroule dans les années 30. Costner, qui jouait le rôle d’Eliot Ness, était tiré à quatre épingles dans un costume trois-pièces chicissime inoubliable. Les costumes étaient si importants, si iconiques, dans ce film, qu’ils étaient des personnages à eux seuls. Et c’est sans parler de Leonardo DiCaprio dans The Wolf of Wall Street ni de Justin Timberlake dans The Social Network. Comme on dit en anglais, the suit makes the man (le costume fait l’homme).

Mon fils de 17 ans étudie en mode. Cet été, quand on est allé à Paris, il nous a emmenés au Palais Galliera voir une exposition sur le designer Rick Owens. À l’espace Azzedine Alaïa, on a vu une expo Thierry Mugler. Et, au Musée des arts décoratifs, une expo sur Paul Poiret, un créateur de mode des années 20. Chacune de ces expos était aussi débridée qu’une visite au Louvre ou au Musée d’Orsay. Au Québec, entre Yves Saint Laurent et Jean Paul Gaultier, on a eu une expo Denis Gagnon.

Quand vous pensez au passage mémorable de Céline Dion sur la tour Eiffel chantant L’hymne à l’amour pendant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, c’est indissociable de sa robe Dior. On peut d’ailleurs la voir au musée Dior de Paris.

Ciao, Armani!

Ma citation préférée de Giorgio Armani est la suivante: «Elegance is not about being noticed, it’s about being remembered», que je traduirais par ceci: «L’élégance, ce n’est pas quand on vous remarque. C’est quand on se souvient de vous.»

Bref, exactement le contraire de notre époque, où la seule chose qui compte, c’est d’être remarqué... et aussitôt oublié.

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