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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Arbres coupés par Hydro-Québec: elle devra payer près de 4000$ pour nettoyer son terrain

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Gabriel Côté

2024-08-07T04:00:00Z
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Une résidente des Laurentides devra payer près de 4000$ de sa poche si elle décide de faire ramasser les débris laissés sur son terrain par Hydro-Québec après des travaux d’élagage autour des lignes électriques.

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«C’est trop cher, c’est un pensez-y-bien», se désole Denise Lafond, une retraitée qui habite la municipalité de Mille-Isles, dans les Laurentides.

Au printemps, Hydro-Québec est venue couper des arbres et des branches chez elle. Suivant l’usage sur les terrains en milieu boisé, l’entrepreneur a laissé les débris sur le sol après avoir dégagé les fils électriques.

Comme le rapportait Le Journal en juin dernier, les débris sont déchiquetés et récupérés aux frais de la société d’État que lorsque les arbres coupés se trouvent sur des terrains «aménagés».

Autrement, il est de la responsabilité du propriétaire de mandater une entreprise pour venir déchiqueter les débris, une situation qui paraît injuste aux yeux de Denise Lafond.

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Denise Lafond devra payer 4000$ de sa poche si elle veut faire ramasser les branches coupées par Hydro-Québec sur son terrain.
Denise Lafond devra payer 4000$ de sa poche si elle veut faire ramasser les branches coupées par Hydro-Québec sur son terrain.

«S’ils ramassent les arbres à Montréal, ils devraient le faire ailleurs aussi», tonne-t-elle.

Mais du côté d’Hydro, on plaide que cette approche permet de réaliser des économies importantes pour l’ensemble des contribuables, alors que la récupération et l’élimination des débris pourraient faire exploser les coûts liés au dégagement des lignes électriques (voir autre texte).

Soumission

Dans l’impasse après des requêtes et des plaintes auprès d’Hydro-Québec, la Mille-Isloise a fait estimer les coûts du ramassage du bois laissé sur son terrain.

Le montant de la soumission s’élève à 3978,14$ (taxes incluses), une somme propre à faire un trou considérable dans un budget.

Avant de payer ce montant, Mme Lafond continue ses démarches pour essayer de trouver une autre solution, mais à mesure que les jours passent, elle perd peu à peu espoir.

«En attendant, c’est le bordel sur mon terrain», se plaint-elle.

Pas la seule

Denise Lafond n’est pas la seule à vivre cette situation. Le Journal racontait il y a quelques semaines l’histoire d’une autre citoyenne des Laurentides dont le terrain a été ravagé par des travaux d’élagage autour des lignes électriques.

Et tout indique que ce scénario est appelé à se reproduire, puisque le gouvernement Legault va renforcer le droit d’Hydro-Québec de réaliser des travaux sur les terrains privés sans avoir à demander de permission aux propriétaires, comme le prévoit le projet de loi sur l’énergie déposé par le ministre Pierre Fitzgibbon à la toute fin de la session parlementaire, au mois de juin.

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«Qu’est-ce que ça va être?» s’inquiète Denise Lafond, qui dit se sentir impuissante face à la société d’État.

Arbres coupés: ramasser les débris partout coûterait deux fois plus cher, dit Hydro-Québec

La facture de l’entretien de la végétation autour des lignes électriques exploserait si Hydro-Québec payait pour ramasser les débris sur l’ensemble des terrains où des arbres sont coupés, plaide la société d’État, alors que les budgets ont déjà plus que doublé depuis 2018.

«La récupération et l’élimination des résidus pourraient potentiellement représenter près de 50% des coûts totaux liés au dégagement des lignes et à la protection du réseau. Cette proportion pourrait également être plus importante en milieu boisé ou forestier lorsque le dégagement du réseau génère beaucoup de résidus et/ou qu’ils sont difficiles d’accès», a affirmé un porte-parole d’Hydro-Québec, Cendrix Bouchard, dans un courriel au Journal.

Photo d'archives, Agence QMI
Photo d'archives, Agence QMI

Au cours des dernières années, les budgets annuels d’entretien de la végétation ont déjà considérablement augmenté, passant de 62 millions $ en 2018 à des investissements projetés de 130 millions $ cette année.

Augmentation de 109%

Appelée à expliquer cette augmentation de 109%, la société d’État a indiqué avoir «augmenté significativement le volume annuel des travaux cycliques de la végétation». Concrètement, les équipes d’Hydro dégagent aujourd’hui 220 000 «portées» (la distance entre deux poteaux électriques), alors qu’elles n’en dégageaient que 160 000 en 2019.

Hydro-Québec dit aussi couper davantage d’arbres et de branches «à risque» (de 59 000 en 2019 à 75 000 en 2024) afin de diminuer le nombre de pannes et leur durée.

«Cette décision est en partie due à l’impact des changements climatiques qui font en sorte que nous sommes confrontés à une augmentation de la fréquence et la sévérité des événements météorologiques extrêmes, qui accroissent les risques de pannes liées à la végétation», a expliqué M. Bouchard.

Dans son Plan d’action 2035, Hydro-Québec s’est donné l’objectif de diminuer de 35% le nombre de pannes d’ici 7 à 10 ans, et de réduire de 30% le taux de pannes liées à la végétation d’ici 2028.

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