Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles

Après Ottawa, la magie rouge libérale opère à Québec

Photo COURTOISIE
Partager
Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2025-05-15T04:00:00Z
Partager

C’était à prévoir puisqu’il s’agit d’une sorte de loi d’airain de la politique québécoise.

• À lire aussi: La CAQ dégringole en 3e place: les Québécois prêts pour du sang neuf

Lorsqu’ils perdent le pouvoir, les libéraux redeviennent, en moins d’une décennie, extrêmement compétitifs. Un repêchage et les voilà de retour dans le mix, comme le naturel au galop.

On le voit avec ce résultat ahurissant que nous révèle le dernier sondage Léger: Pablo Rodriguez, sans avoir remporté la chefferie du PLQ et en n’ayant pour l’instant aligné que des banalités («faut pas diviser, faut rassembler»), peut déjà affirmer aux militants libéraux: «Avec moi, vous reviendriez au pouvoir». Et c’est pour eux tout ce qui compte, au fond.

Trucs

Comme les magiciens, le PLQ a ses trucs infaillibles. Après avoir été victime du mode de scrutin (1966 et 1998), il en profite aujourd’hui à fond, entre autres grâce à l’anglicisation du grand Montréal.

En 2022, avec à peine plus de voix que le Parti conservateur (591 077 contre 530 786), il obtint 21 sièges et put former l’opposition officielle, lui garantissant une belle visibilité. Le parti de Duhaime, lui? Zéro élu.

À Ottawa, les rouges ont évidemment des trucs de prestidigitation redoutables. En quelques semaines, en changeant le visage du chef et en jouant à fond sur la crainte du méchant Donald-annexeur-de-Dominion, leur marque a retrouvé sa virginité.

Publicité

Le rouge a solidement (malgré son statut de minoritaire) repris les rênes. De nombreux anciens ministres de Trudeau-le-honni sont maintenant décrits comme des gages d’expérience. On les maintient en poste à côté de quelques nouveaux venus.

C’est le changement dans la continuité ou la continuité dans le changement, choisissez.

Tout et son contraire

Rodriguez profite d’un effet Carney.

En septembre 2024, après son sauve-qui-peut qui l’amena à franchir ostentatoirement le pont entre Ottawa et Gatineau, il jurait de ne jamais faire du PLQ une succursale du PLC.

Aujourd’hui, avec les rouges devenus, le 28 avril, le premier parti fédéral du Québec, il n’hésite plus à souligner ses prétendus bons coups à Ottawa.

Avec la canadianisation du Québec redevenu «province» comme les autres, qui se soucie que le PLQ mime son grand frère?

Mais Rodriguez, s’il devient chef, pourra-t-il profiter longtemps de l’effet Carney? Lorsqu’on écoute les entrevues (uniquement en anglais pour l’instant) du nouveau premier ministre fédéral, on est en droit de se demander si ça va durer.

Certes, la magie rouge, c’est savoir être tout et son contraire. Mais Carney pourra-t-il longtemps, et de manière aussi cassante, renier dans sa gouverne ce qu’il a jadis célébré (taxe carbone, oléoducs, évitement fiscal, etc.)?

Du reste, Pablo Rodriguez a aussi cet ADN caméléon. Il défend les décisions dépensières prises dans le gouvernement Trudeau, mais s’est adjoint Martin Coiteux, le plus tranchant des présidents du Conseil du trésor que le Québec ait eu depuis l’ère Duplessis.

Pour l’instant, une sorte d’illusion rouge semble faire écran. Même l’habituellement clairvoyante Marwah Rizqy, par exemple, martèle que «Pablo est l’homme de la situation».

Publicité
Publicité