Après les monuments, les tatouages


Luc Laliberté
L’année qui se termine aura vu le retrait d’un nombre record de monuments commémorant des figures majeures associées à la résistance des États confédérés, ces états ayant combattu pour maintenir l’esclavage dans le sud des États-Unis avant la guerre de Sécession. Le site NPR soulignait mercredi une autre tendance dont on a bien peu parlé.
Si le retrait de statues ou de monuments fut le résultat de manifestations et/ou de prises de conscience collectives, de plus en plus d’Américains remettent en question un choix plus personnel. En effet, ils ont été très nombreux à pousser l’introspection avant de faire disparaître des tatouages représentant des symboles confédérés.
On ne parle pas ici d’anciens membres repentis du Ku Klux Klan, de suprémacistes blancs ou de miliciens d’extrême droite, mais bien de citoyens «ordinaires» qui ont réalisé que ce qui tapissait leur corps pouvait être perçu de manière négative et offensante par les représentants des minorités.
Même si elle n’est pas forcément coordonnée, cette tendance touche l’ensemble des régions du pays. Les spécialistes qui procèdent au retrait de ces tatouages confirment que la décision de procéder est le résultat d’une démarche sincère pour limiter la propagation de messages haineux et démontrer un plus grand respect des susceptibilités.
Il n’y aurait pas qu’aux États-Unis où on assiste à ce phénomène et NPR souligne une initiative démarrée à Montréal par Corey Fleisher. «Erasing the hate» a maintenant des antennes dans plusieurs pays et le réseau permet de se débarrasser de discours haineux, de graffitis et de tatouages.
Si 2020 aura été marquée par des débats souvent acrimonieux et parfois violents autour des questions liées au racisme, je ne peux que me réjouir d’une prise de conscience plus large des enjeux. Peu importe où nous mèneront les réflexions et les échanges, le monde pourra assurément se passer de ces symboles haineux qui, trop souvent, blessent et freinent les rapprochements.