Après Joe et Justin, le plus difficile reste à faire


Emmanuelle Latraverse
Les accolades furent chaleureuses, les compliments dithyrambiques.
Joe et Justin, comme ils s’appellent mutuellement, ont scellé à nouveau le pacte qui lie leurs pays face aux défis redoutables du monde d’aujourd’hui.
« Notre frontière n’est pas seulement l’endroit où nous nous rencontrons. C’est l’endroit où nous rencontrerons notre avenir, » a déclaré Justin Trudeau.
« Nous n’avons pas d’allié plus fiable, nous n’avons pas d’ami plus solide. Vous pourrez toujours compter sur les États-Unis, » a promis le président américain.
Après des mois de tourmente, Justin Trudeau obtient enfin le répit dont il a tant besoin.
Chemin Roxham, protectionnisme américain, modernisation de Norad, Haïti, les désaccords ont été résolus.
Joe Biden a même promis la lune !
C’est maintenant au gouvernement Trudeau de démontrer qu’il est capable de livrer. Il le sait.
« On doit en faire plus et plus rapidement », a-t-il concédé.
Le test viendra rapidement, dès le budget de mardi prochain.
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Accélérer
Le Canada a certainement reçu le signal économique tant attendu.
Nonobstant son protectionnisme, la Maison-Blanche veut bien faire une place aux producteurs canadiens.
C’est ainsi que le président Biden a promis que son vaste plan industriel de 400 milliards de dollars n’est pas une menace pour le Canada. La transition énergétique pourra se faire main dans la main.
Après tout, les États-Unis lorgnent nos minéraux critiques, l’expertise acquise à Bromont, par exemple, dans les semi-conducteurs. La chaîne d’approvisionnement des énergies vertes pourra en être une canado-américaine.
Mais...
Jusqu’à combien d’argent est prêt à investir le Canada pour accélérer cette transformation ici au pays et ainsi rattraper notre partenaire commercial ?
La réponse viendra dans le budget de mardi prochain. Surtout, elle ne suffira pas à elle seule.
Les États-Unis ont appuyé sur l’accélérateur. Ils avancent à 200 km/h dans la voie de droite pour transformer leur économie. Et pendant ce temps, le Canada est toujours en Lada dans la voie de gauche.
Si vraiment on veut s’intégrer à cette transition énergétique, il faudra changer les façons de faire ici au pays. Ça voudra dire ne pas prendre 10, voire 15 ans, pour approuver une mine dans le Nord. Ça voudra dire aussi débloquer des milliards pour construire les infrastructures nécessaires pour y accéder.
Il est là le vrai test pour le gouvernement Trudeau, celui de l’action.
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Gouverner
La même logique vaut d’ailleurs pour la Défense nationale et le chemin Roxham.
Joe Biden a été bon joueur. Il s’est bien gardé de critiquer notre timidité et notre lenteur sur le plan militaire. En retour, le Canada promet de moderniser nos équipements au sein de Norad plus rapidement.
Mais en sommes-nous seulement capables ?
Et accueillir 15 000 migrants supplémentaires via un nouveau programme humanitaire ? Les expériences passées nous révèlent que c’est plus facile à dire qu’à faire pour ce gouvernement.
C’est la grande leçon de cette visite présidentielle.
Justin Trudeau a su tirer profit de sa bonne relation avec le président Biden. Il doit maintenant prouver qu’il mérite toute la confiance que celui-ci vient de lui accorder.