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L'article provient de TVA Nouvelles

Après Elizabeth II en 1977, l’histoire se répétera (pas mal) avec Charles III aujourd’hui

Photo AFP
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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2025-05-27T04:00:00Z
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Vraiment, l’histoire bégaie. C’est la conclusion à laquelle on vient en lisant le discours du trône d’Elizabeth II (EII) prononcé à Ottawa le 18 octobre 1977.

Prétexte de l’invitation à l’époque? Inaugurer la télédiffusion des débats. Quoi de mieux que le spectacle du pouvoir (vide), expertise absolue de la monarchie britannique, pour ouvrir la téléréalité parlementaire?

Des raisons implicites expliquaient la visite monarchique aussi. Au Québec, moins d’un an auparavant (15 nov. 1976), le Parti Québécois avait été élu pour une première fois, avec la promesse de tenir un référendum sur la souveraineté.

Sous Trudeau père, le Dominion se trouvait menacé existentiellement de l’intérieur. Sous Carney, il l’est de l’extérieur, par l’ancien allié américain.

Mais, en 1977 comme en 2025, Ottawa a le même réflexe. Appeler à la rescousse un souverain étranger (techniquement roi du Canada) afin d’exprimer la souveraineté et l’unité du Dominion.

Un roi qui rappelle pourtant de mauvais souvenirs aux nations québécoise et autochtones. (Voir notre sondage d’hier.) Mais de ça, Ottawa se soucie peu.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

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Inflation, énergie

Je m’attendais à être dépaysé par le texte de 1977, écrit bien entendu par PE Trudeau et lu par Son Altesse. Mais plusieurs thèmes sont similaires à ceux que Charles III risque d’aborder aujourd’hui.

  • L’inflation: depuis le choc pétrolier de 1973, elle était galopante et s’accompagnait d’un fort chômage. Trudeau, après avoir promis en 1974 de ne jamais prendre des mesures radicales comme le contrôle des prix et des salaires, avait l’année d’après fait adopter une loi... de contrôle des prix et des salaires. Mais, en 1977, on constatait l’échec relatif de ces mesures. La reine annonçait leur fin graduelle.
  • Énergie: l’objectif à viser pour le Dominion était «l’indépendance énergétique». Par conséquent, on devait développer des moyens «d’acheminer du gaz naturel aux marchés du Québec et [...] de l’Atlantique»! Aussi, la reine rêvait d’un «gazoduc du Nord» et demandait aux élus d’approuver un accord «avec les États-Unis sur [un] pipeline».
Unité

En 2025, Charles, il faut s’y attendre, nous parlera de favoriser «une économie canadienne et non 13». Il aura peut-être une phrase sur les mouvements séparatistes québécois et albertain.

En 1977, Elizabeth II déplorait que «l’incertitude qui règne au Québec [nuise] à l’économie»; annonçait des efforts pour modifier la Constitution en profondeur, afin de créer un «nouveau fédéralisme, susceptible de recevoir l’assentiment et l’adhésion de tous les Canadiens».

On connaît la suite. Après le non au référendum de 1980, PE Trudeau rapatria unilatéralement, sans «l’assentiment» de l’Assemblée nationale du Québec, la Constitution, y ajoutant une charte des droits, mais en conservant le cordon ombilical royal britannique. Le 17 avril 1982, Elizabeth II revint à Ottawa pour officialiser ce coup de force.

48 ans plus tard, son fils lira un discours d’un premier ministre libéral nous demandant de rester unis. L’histoire se répète, a déjà dit Hegel: une première fois de manière tragique, la seconde comme une farce.

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