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Culture

Après 6 ans de mariage, Patrick Norman et sa conjointe ont renouvelé leurs voeux au Rwanda

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Daniel Daignault

2024-05-21T10:00:00Z
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Patrick Norman a encore l’émotion dans la voix lorsqu’il parle de son voyage au Rwanda en octobre dernier. Il s’y est rendu avec sa conjointe, Nathalie Lord, pour des raisons précises: participer au tournage d’un documentaire sur ce pays, renouveler ses voeux de mariage lors d’une cérémonie traditionnelle, et constater sur place à quel point sa chanson Quand on est en amour est populaire, et a même contribué à atténuer beaucoup de douleurs et de peines.

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Racontez-nous, Nathalie et Patrick, pourquoi vous avez fait ce voyage au Rwanda...

Nathalie: C’est un rêve qu’on a réalisé. Ça nous tenait à coeur depuis longtemps.

Patrick: On ne s’attendait vraiment pas à ce qu’on a vu et découvert.

N.: On est allés là-bas pour le tournage d’un documentaire et aussi en raison de la chanson Quand on est en amour, mais on voulait aussi rencontrer ces gens-là parce qu’ils ont vécu des choses terribles.

P.: En à peine 30 ans, tout a changé. Ça fait exactement 30 ans qu’a eu lieu le génocide des Tutsis au Rwanda. Il y a eu un million de victimes. Le nouveau président, Paul Kagame, qui a décidé de rebâtir le pays, n’a pas voulu aller dans la vengeance, mais dans la résilience. Il a dit: «Nous devons nous rebâtir, tout le monde.» Et ils ont réussi. C’est un pays magnifique: il y a des paysages extraordinaires! Je n’en revenais pas à quel point la ville de Kigali est belle! C’est un tout petit pays, le Rwanda, c’est à peine plus gros que la Gaspésie. C’est le pays des mille collines.

Comment as-tu su que ta chanson Quand on est en amour était connue au Rwanda?

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P.: C’est Michel Mpambara qui m’en a parlé la première fois. Il m’a dit que j’étais une grande vedette au Rwanda, que les gens chantaient mes chansons dans les autobus! J’ai pris ça avec un grain de sel, puis j’ai reçu un jour un courriel d’une Québécoise qui était là-bas, qui me disait qu’elle se promenait dans une rue à Kigali et qu’elle avait entendu Quand on est en amour. Elle avait ajouté dans son courriel que j’étais une vedette au Rwanda.

Partout où Patrick s’est rendu pour le tournage, les gens, jeunes et moins jeunes, connaissaient ses chansons.
Partout où Patrick s’est rendu pour le tournage, les gens, jeunes et moins jeunes, connaissaient ses chansons.

Partout où Patrick s’est rendu pour le tournage, les gens, jeunes et moins jeunes, connaissaient ses chansons.
Partout où Patrick s’est rendu pour le tournage, les gens, jeunes et moins jeunes, connaissaient ses chansons.

C’est fou! Et tu as cherché à en savoir plus?

P.: Écoute bien cette histoire incroyable... J’étais dans un resto à Montréal, au milieu de l’après-midi, entre deux tournages. Il y avait une jeune femme africaine qui était là, nous étions seuls. Elle m’a regardé, elle m’a salué et elle est venue me parler. Je pensais qu’elle voulait un autographe ou une photo. Quand elle se dirigeait vers moi, je voyais qu’elle avait une expression hors de l’ordinaire: elle avait l’air ébranlée. J’ai même pensé qu’elle allait s’évanouir. Elle m’a dit: «Vous êtes Patrick Norman? Je viens du Rwanda. J’avais huit ans lorsque toute ma famille a été tuée. J’avais réussi à me cacher et, pour ne pas entendre l’horreur qui se déroulait, je chantais Quand on est en amour en boucle dans ma tête. Cette chanson m’a aidée à traverser cette terrible épreuve. Je vais pousser un grand cri quand je vais sortir dans la rue tantôt», a-t-elle ajouté. Ç’a été un choc pour moi. Je me suis tout de suite dit qu’il fallait que j’aille au Rwanda.

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Tu as donc pu constater sur place que les gens connaissaient ta chanson?

P.: La première personne qu’on a rencontrée s’appelait David. Je lui ai demandé s’il connaissait la chanson Quand on est en amour, et il m’a répondu: «Oui. Je pense que c’est un chanteur français qui l’a faite.» Imagine! J’ai commencé à la chanter, et il s’est mis à chanter aussi. Quand je lui ai dit que j’en étais l’auteur, il tremblait!

Nathalie et toi vous êtes mariés en 2017, et là, vous avez décidé de renouveler vos voeux là-bas...

P.: Oui, c’est une idée qui m’est passée par la tête sur place. Nous étions à bord d’un véhicule lorsque j’ai proposé ça à Nathalie.

N.: Il a lancé ça comme ça, et je peux te dire que ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde! Nous étions avec Marie-Josée, une amie rwandaise qui vit maintenant au Québec. Quand elle a entendu Patrick, elle a embarqué tout de suite dans le projet et a pris les choses en main. En cachette, elle s’est chargée de tout organiser. Elle a préparé les costumes, pour que tout soit parfait pour le renouvellement de nos voeux. C’était tellement touchant! J’ai pleuré... C’était une cérémonie très intime.

P.: J’ai demandé la main de Nathalie à Jean-Pierre, qui jouait le rôle de son père. Aimé, qui agissait à titre de père pour moi, lui a dit: «Ma fille avait son oreiller sur son lit, mais à partir de maintenant, l’épaule de mon fils sera son oreiller.» C’était quelque chose dans ce style-là. C’était très beau, j’ai trouvé ça magnifique.

N.: Aucun membre de notre famille n’était avec nous, parce qu’au départ, nous n’allions pas au Rwanda pour ça. À la fin du mariage, la coutume veut que les femmes encerclent la mariée et lui chantent une chanson rwandaise. C’était tellement beau! C’était un moment extraordinaire!

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P.: Tu sens qu’ils ne font pas ça pour le paraître. C’est vraiment plein d’amour.

Diriez-vous que cette cérémonie était encore plus émouvante que votre mariage aux Bahamas?

N.: On a été très émus à notre mariage — ça va faire sept ans cet été —, mais nous avons vécu un moment très spécial là-bas.

P.: Ça nous a beaucoup touchés. Il y avait beaucoup de profondeur dans ce qui se disait lors de la cérémonie.

N.: C’était le soir, il faisait beau, et ça se passait autour d’un feu. C’était tellement parfait! Tu sais, encore aujourd’hui, il me demande en mariage tous les soirs. Quand il voit sur mon cadran qu’il est minuit, j’entends: «Nathalie...» Je sais qu’il va encore me faire la demande. (Elle éclate de rire.)

Eric Myre / TVA Publications
Eric Myre / TVA Publications

C’est beau de vous voir aussi amoureux tous les deux!

P.: On est dans la vérité. C’est inespéré pour moi. On est heureux, et je ne l’ai jamais autant été dans ma vie.

N.: C’est de plus en plus fort entre nous.

Parlez-nous de vos habits pour la cérémonie!

N.: La mushanana est la tenue traditionnelle et se compose d’une jupe froncée aux hanches, d’un bustier et d’une étole par-dessus l’épaule. Je portais également un diadème. Les hommes portent également la longue jupe. C’est Marie-Josée qui nous a fait la surprise: c’est elle qui a choisi les couleurs. Et Patrick avait son collier... Ah! qu’il était beau!

Vous avez échangé des voeux?

N.: Oui, mais on n’avait rien préparé. C’était naturel. On a dit ce qui venait de notre coeur, et c’est ça qui était touchant. En fait, ça se passe entre les papas: l’un présente sa fille à l’autre papa, et ils ont un échange ensemble, avant qu’on échange nos voeux.

P.: C’était une vraie fête. Ils ressentaient sincèrement la joie qu’on éprouvait, ils étaient heureux pour nous.

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Eric Myre / TVA Publications
Eric Myre / TVA Publications

Vous avez vécu de grandes choses ensemble, mais il y a aussi eu des moments difficiles...

N.: Il y a des hauts et des bas, mais jamais dans notre couple. Ça, c’est toujours parfait. Mais dans la vie, dans notre famille, il y a des choses qui viennent nous chercher, et on s’appuie l’un sur l’autre.

P.: J’ai des problèmes de santé, notamment à une épaule. J’ai de l’âge: je suis un vieux bazou de 1946! (rires) Il faut changer les shocks, la pompe à l’huile... Je vais avoir 78 ans en septembre.

Votre différence d’âge — Nathalie a 55 ans —, le temps qui passe, ça vous inquiète ou vous n’y attachez pas d’importance?

P.: «Plus le temps passe, moins j’ai le temps de pleurer.» Quand je chante les mots de cette chanson, Moins j’ai le temps de pleurer, si tu savais comme c’est vrai! Ce qu’il me reste, c’est à moi, ça m’appartient. Ça ne m’inquiète pas de voir le temps passer, même que je n’essaierai pas de m’acharner en m’accrochant.

N.: On pense quand même à ça, et ce n’est pas le fun.

P.: Je ne veux pas me rendre au moment où je ne serai plus capable de ne rien faire. Je trouve que ma mère a sûrement vécu deux années de trop, mais c’était sa décision. C’était dur pour moi de la voir dans ses dernières années. Mais je suis en forme. Au Rwanda, j’ai gravi une montagne: ça m’a pris une heure et demie, mais je l’ai fait!

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L’artiste a été frappé par la beauté des paysages.
L’artiste a été frappé par la beauté des paysages.

As-tu eu l’occasion de chanter souvent Quand on est en amour là-bas?

P.: Oui. On a fait un spectacle et une émission de télé là-bas. Je n’arrêtais pas de la chanter pour des gens un peu partout. Et partout, tout le monde chantait avec moi. On a vraiment vécu des moments extraordinaires.

N.: C’était vraiment spécial de constater que tout le monde connaissait la chanson.

P.: Un jour, le procureur général a demandé à venir souper avec nous. Il avait fait pratiquer ses filles d’environ huit ans, et elles nous ont chanté Quand on est en amour! Si je n’étais pas allé au Rwanda, j’aurais raté tout ça.

Et vous étiez au Rwanda pour le tournage d’une émission?

P.: Oui, ça s’appelle Le devoir de mémoire, un documentaire de 90 minutes. On a passé trois semaines là-bas pour les besoins du tournage de cette émission. On était dans le pays de la bienveillance: ces gens-là sont tombés dans la résilience et le pardon, ils ont décidé d’arrêter cette folie-là. Quand les gens sortent de prison, il y a un village où ils peuvent aller demander pardon; et le pardon leur est accordé. La femme qui a fondé ça prenait soin des enfants des génocidaires.

N.: Tu ne peux pas avoir plus résiliente qu’elle: toute sa famille s’est fait tuer, elle était la seule survivante.

P.: Imagines-tu? C’est l’espoir en l’humanité, ça!

Eric Myre / TVA Publications
Eric Myre / TVA Publications

Le but du documentaire, c’est de nous faire découvrir le pays aujourd’hui, 30 ans après le génocide?

N.: Oui. Durant les deux premières semaines de tournage, ç’a été très difficile sur le plan émotif, parce que des gens nous racontaient leurs histoires vécues durant le génocide. C’était vraiment bouleversant, au point que le soir, on soupait et on n’était pas capables d’arrêter de pleurer. On s’est beaucoup attachés à ces gens-là.

Cela dit, Patrick, as-tu des spectacles au programme au cours des prochains mois?

P.: C’est ma tournée d’adieu. Le 31 décembre 2024, ce sera fini. Je vais redevenir Yvon Éthier. Les gens sont présents, les billets se vendent partout. On arrive dans la salle et on prend des photos. C’est tellement le fun.

Tu ne vas pas cesser toutes tes activités...

P.: Je veux repenser mes affaires, me réorienter. Je n’abandonne pas, c’est juste que je ne veux plus faire de tournées: les déplacements sont tough et prennent beaucoup de temps. Je vois mes 80 ans qui s’en viennent à grands pas. Il faut que je planifie mes affaires. Ça me prend un plan B. Je vais un peu mettre la pédale douce et voyager plus souvent. J’aimerais quand même ça rester dans le monde, parce que je suis heureux, moi, à faire ça.

Le documentaire Patrick Normand au Rwanda: Le devoir de mémoire sera présenté le 25 mai à 19 h, à Historia.

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