Après 11 interventions majeures en 20 ans, la santé de Jano Bergeron s’améliore

Érick Rémy
Qu’elle gagne ou non les grands honneurs de Zénith, le simple fait d’avoir chanté en direct à l’émission vaudrait une médaille de bravoure à Jano Bergeron. En août dernier, lorsque l’équipe de production l’invitait à y participer, elle n’avait encore qu’un léger filet de voix, et voilà que sa récente performance lui a permis de se rendre à la prochaine étape.
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«Je ressens une incroyable fierté. Lorsque je suis entrée dans le studio, j’ai réalisé, malgré ma très longue absence, que j’avais marqué le paysage musical. Sans dire que j’avais oublié ce pan de ma vie, je dois avouer que je l’avais mis de côté pour ne plus en souffrir ni me faire d’illusions, mais m’occuper de moi. Ma vraie victoire est dans tout le travail qu’on a fait, mon équipe médicale et moi, pour y arriver», explique celle qui n’avait pas chanté à la télé depuis 30 ans et dont la carrière a connu ses heures de gloire du milieu des années 1980 jusqu’à la fin des années 1990, entre autres grâce à sa chanson Recherché, en 1993.
Graves ennuis de santé
Entre sa décision de retourner dans l’ombre et son retour sous les projecteurs, elle a subi pas moins de 11 interventions chirurgicales majeures. «Il y a 20 ans, ça a commencé par un polype au côlon. Il avait un diamètre de 7 cm et était cancéreux. Ensuite, tous les deux ans, j’ai eu des interventions pour en retirer d’autres, dont certains étaient douteux. Je suis en rémission depuis trois ans. Cependant, ils ont causé des dommages irréversibles à mon intestin. Il y a une dizaine d’années, on a dû me greffer un filet interne pour retenir mes organes tellement les parois de mon abdomen avaient été tailladées par toutes ces chirurgies. Un an plus tard, j’ai fait un rejet de cet implant. Ensuite, à cause de problèmes digestifs, j’étais constamment en carence alimentaire. Je n’avais plus aucune force physique ni de masse musculaire. Je marchais avec une canne et je tombais partout. Ç’a été la pire période de ma vie.»
Elle faisait des allers-retours incessants en ambulance entre chez elle et l’hôpital. De quoi miner son moral. «J’étais au bout du rouleau. Je n’endurais plus la souffrance. J’ai même envisagé l’aide médicale à mourir.» Ne pouvant guère dépasser les confins de son appartement à Roberval, Jano Bergeron a longtemps cru que le sort en était jeté et qu’elle devrait composer avec ce qui lui restait de capacités. Puis, un jour, ses médecins lui ont proposé une chirurgie à la fois risquée et audacieuse. «Ils m’ont offert de reconstruire ma paroi abdominale. En octobre 2020, ils m’ont greffé un corset interne à trois épaisseurs, un prototype, qu’ils ont cousu à ma colonne vertébrale. L’intervention était à ce point innovatrice qu’une vingtaine de chirurgiens de partout à travers le Canada y ont assisté. Ç’a été une réussite. Je me souviens de l’étonnement de mon père lorsqu’il m’a vue assise droite sur le bord de mon lit d’hôpital, il s’est mis à pleurer. À partir de ce moment, j’ai pu recommencer à marcher, me tenir debout, conduire mon auto et, depuis les derniers mois, chanter s’est ajouté à tout ça.»
Il y a trois ans, Jano entreprenait, avec l’aide de son équipe médicale, l’escalade de son Everest personnel. «Ç’a été trois années de travail intense. Le corps est une machine exceptionnelle. Il m’a fallu intégrer une nouvelle discipline de vie, des habitudes nutritionnelles différentes et faire une remise en forme progressive. Ça m’a redonné une qualité de vie et la possibilité d’avoir des projets.»
Le défi de sa vie
À la fin de l’été dernier, l’équipe de Zénith l’a contactée. «Lorsque j’ai accepté, ce n’était pas encore clair que je serais capable de chanter. Parce que ma voix avait perdu tout son tonus, j’ai dû réapprendre à respirer avec ce corset interne afin d’atteindre les notes et tonalités nécessaires. Tout comme ça avait été le cas lors de ma réadaptation physique, j’ai peu à peu retrouvé mes moyens. J’ai dû faire des choix de chansons adaptées à mes capacités vocales, qui ne cessent de s’améliorer», dira-t-elle avec fierté et modestie.
La représentante des Boomers s’est mesurée à des artistes tels que Steve Veilleux de Kaïn (génération X), Alex Nevsky (génération Y) et Lyxé, alias Sarah-Maude (génération Z), révélée grâce à Star Académie. De l’autre côté de l’écran, son fils, Gabriel, 35 ans, et ses parents, tous deux âgés de 89 ans, l’ont vue à nouveau briller devant le public et plus d’un million de téléspectateurs. «Mon fils n’a pu être en studio parce qu’il travaillait ce soir-là. Pour lui, ç’a été une grande victoire. Il m’a dit: “J’ai reconnu ma mère, la survivante et la guerrière.” Quant à mes parents, ils habitent dans une RPA en Abitibi. Papa souffre d’alzheimer. Je lui avais parlé la veille de l’émission. Il m’a dit: “Je vais être devant la télé pour m’en souvenir.” Comme ils l’ont enregistrée, ils ont pu la réécouter. Il a dit à ma mère: “C’est Jano!” Il m’a reconnue. J’aurai eu la chance de faire cette émission avant qu’il ne perde toutes ses facultés», dit-elle, très émue.
Ici et maintenant
Celle qui, le lendemain de l’émission, a tout bonnement pris l’autobus pour s’en retourner chez elle se promet d’être encore plus étonnante la prochaine fois. «Je ne pars pas en peur. Je connais mon niveau d’énergie. Je me dois de respecter mes limites. Le fait d’être capable de chanter à nouveau à 65 ans, c’est inespéré. Quand on me demande si je reprends ma carrière, je réponds que non; je profite du moment présent et c’est tout. Je commence à vivre.»
Zénith est en ondes le jeudi à 20 h, à Radio-Canada. Jano Bergeron sera de la finale de la génération Boomers le 29 février.