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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Apprendre à vivre avec la critique

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Photo portrait de Karine Gagnon

Karine Gagnon

2022-11-07T10:00:00Z
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Élu il y a un an à la tête de la Ville de Québec, Bruno Marchand s’estime « immensément privilégié » et parle d’un cadeau inestimable, même s’il trouve très difficile de vivre sous le feu de la critique, trop souvent sans nuance, considère-t-il.

« Tu donnes le meilleur de toi-même, au sacrifice d’éléments importants dans ta vie, des gens proches de toi, des amis, de la famille [...], confie le premier élu de Québec, en entrevue avec Le Journal. Tu y laisses une partie de toi, et il y a des jours où tu peux te dire : “Tout ça pour recevoir une volée de bois vert à chaque matin”. »

Quand on lui demande s’il n’aurait pas un peu de misère à vivre avec la critique, l’élu réplique que si c’était le cas, « je serais roulé en boule chez nous et je démissionnerais ». 

M. Marchand souligne qu’il ne s’attend pas à ce que les gens « lui fassent une bénédiction » et qu’il souhaite que les citoyens aient leur mot à dire.

Mais il affirme avoir de la misère avec « la critique inutile » ou la « critique pour la critique ». Il aimerait plus de nuance, alors qu’on vit dans une époque où elle manque cruellement.

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Si Bruno Marchand a entièrement raison sur le climat social tendu où la nuance fait défaut, quand on analyse son parcours depuis un an, la critique est cependant loin d’avoir été dure. 

Le maire a bien commis quelques gaffes, comme sa sortie trop peu nuancée à propos du restaurateur coréen qui n’offrait pas le service en français sur l’avenue Maguire.

Une meilleure connexion avec le milieu des affaires reste également à faire, et certaines de ses déclarations démontrent parfois un manque d’expérience. Il fait après tout ses débuts en politique. 

Lune de miel

Mais dans l’ensemble, M. Marchand a connu une véritable lune de miel, tant avec les citoyens qu’avec l’opposition. Il a relevé un tour de force en positionnant dans l’opinion publique le tramway comme un projet positif, et en remportant la bataille politique contre le gouvernement caquiste dans ce dossier. 

Le gouvernement Legault a d’ailleurs depuis réajusté le tir et démontre une volonté de faire preuve de bonne foi, comme en a témoigné Jonatan Julien, nouveau ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale.

Certes, depuis quelques mois, Claude Villeneuve, chef de l’opposition, a durci le ton. Le maire parle « d’effets de toge ». La critique, quoique désagréable, permet toutefois de s’interroger et de s’améliorer.

Elle est nécessaire, sauf s’il s’agit d’acharnement, ce qui n’est pas le cas.

Pas d’autre plan

La rumeur amenant Bruno Marchand vers d’autres horizons politiques, comme au provincial, circule abondamment en ville. Mais le principal intéressé jure qu’il n’a pas d’autre plan. « Je n’ai pas demandé à avoir la confiance des citoyens pour me dire que ça va être un tremplin. Je n’ai pas de plan de carrière. L’après n’existe pas dans ma tête. »

Bruno Marchand se refuse même à songer au deuxième mandat parce qu’il « ne veut pas être ce politicien qui manque de courage parce qu’il pense à ses ambitions, à sa fonction, à rester en poste ou à aller chercher un autre poste ». 

Quoi qu’il en soit, après un an, le bilan de Bruno Marchand s’avère positif, et les résultats du sondage Léger-Journal de Québec-TVA en témoignent, avec des taux de satisfaction et de confiance à faire rêver tout politicien. Mais ce bilan demeure évidemment mince.

Les véritables critiques viendront avec le temps et l’usure du pouvoir.

D’ici là, le maire aurait tout avantage à se forger une meilleure carapace.

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