Antwan Raymond, un rare porteur de ballon québécois aux portes de la NFL

À ce jour, Tshimanga Biakabutuka demeure le seul porteur de ballon québécois à avoir atteint la NFL. Antwan Raymond, qui fait actuellement un malheur à l’Université Rutgers, pourrait devenir son digne successeur.

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C’était en 1996... Les Panthers de la Caroline faisaient de Biakabutuka leur choix de premier tour au repêchage de la NFL. Depuis, d’autres Québécois ont fait leur chemin jusqu’à la grande ligue, mais aucun comme porteur de ballon.

Il est encore trop tôt pour savoir si Antwan Raymond sera le prochain élu, mais ce qui ne laisse aucun doute, c’est qu’il connaît une éclosion sensationnelle dans la NCAA.

Avec 560 verges au sol en six matchs avec les Scarlet Knights, Raymond est quatrième dans la puissante conférence Big 10. Ses 10 touchés lui procurent le deuxième rang parmi tous les porteurs de ballon dans le circuit universitaire américain.

La semaine dernière, contre les Huskies de Washington, il s’est envolé sur une spectaculaire réception de 48 verges pour un touché, qui démontre qu’il contribue dans toutes les phases de l’attaque.

«Je m’attendais définitivement à connaître un bon début de saison parce que je mets tous les efforts nécessaires. Je donne le meilleur de moi-même tous les jours plutôt que de simplement me présenter chaque samedi. Nos entraîneurs font un travail incroyable pour me préparer. Je suis reconnaissant d’être dans cette position», a commenté le Montréalais de 20 ans, cette semaine, lors d’un entretien téléphonique avec Le Journal.

La NFL dans la mire

Celui qui en est à sa deuxième saison à Rutgers, dans le New Jersey, pourrait profiter de son admissibilité au repêchage de la NFL au terme de sa troisième campagne.

Dans l’esprit de l’ancien des Aigles d’Or de Dalbé-Viau, c’est chaque chose en son temps.

«La NFL est certainement dans mes ambitions, mais je m’assure de ne jamais penser trop loin dans le futur. J’ai toujours eu l’impression que si tu regardes trop loin en avant, tu vas t’enfarger dans des roches! Mon prochain défi, c’est le prochain match, et cette semaine, c’est Oregon», a-t-il lancé.

De bons précédents

Le programme est dirigé par Greg Schiano, ancien entraîneur-chef des Buccaneers de Tampa Bay, qui a toujours ses entrées dans la NFL.

Ceux qui ont précédé Raymond dans les dernières années dans le champ-arrière de Rutgers ont obtenu l’opportunité attendue.

Isiah Pacheco a été un choix de septième ronde des Chiefs de Kansas City en 2022 et il est toujours avec l’équipe. Le printemps dernier, Kyle Monangai a aussi été sélectionné en septième ronde, par les Bears de Chicago.

«Je pense que je lance un bon message, mais on est à la moitié de la saison et il y a une autre moitié pour continuer de prouver qui je suis», a sagement indiqué Raymond quant à ses chances de séduire les recruteurs.

Dès sa saison de recrue, Raymond a démontré un bel aperçu de son talent en courant pour 457 verges et huit touchés. Il avait excellé dans une défaite crève-cœur le 26 décembre dernier au Rate Bowl, contre l’Université d’Éttat du Kansas, avec 113 verges au sol et trois touchés en 18 portées.

Cette saison, il est l’unique porteur en division 1 à avoir inscrit au moins deux touchés dans quatre matchs de suite. Sa progression est fulgurante.

«Mon seul but, c’est de gagner. Je ne pense pas en fonction de statistiques. Si on gagne et que je suis la meilleure version de moi-même, c’est ce qui va me conduire à mes objectifs», a-t-il résumé.

Une véritable pépinière de talent

Quelques années après avoir dirigé Antwan Raymond, Dominique Ménard, son entraîneur-chef à l’école secondaire Dalbé-Viau, observe de près ses exploits et ceux d’autres anciens, dont la présence ne cesse de croître aux États-Unis.

Raymond a porté le ballon pour les Aigles d’Or de sa deuxième à sa cinquième année de secondaire, jusqu’en 2022. Il a ensuite traversé la frontière pour rejoindre Clearwater Academy International, où il s’est attiré les regards de la NCAA.

Au total, une trentaine d’universités lui ont soumis des offres avant qu’il n’accepte celle de Rutgers.

«Je ne suis vraiment pas surpris de ce qui lui arrive et je sais que je vais tomber dans les clichés, mais il a un talent rare et une éthique de travail exceptionnelle. Il travaille vraiment fort.

«Quand il était ici à l’école, on ouvrait la salle d’entraînement à 6h le matin et il était là à l’ouverture quatre fois par semaine, à l’année. Il était en mission», a souligné Ménard.

Ce dernier assure qu’il n’est pas au courant des intentions de Raymond, mais il croit qu’il se rendra admissible au repêchage de la NFL dès qu’il le pourra, soit au printemps 2027.

«Je pense qu’il a clairement le talent pour la NFL. On a juste à voir ce qu’il fait dans le Big 10 présentement. À sa deuxième année, il est déjà le porteur numéro un à Rutgers. Sa troisième année sera déterminante.

«Il ne m’a rien dit, mais comme je le connais, il va tout mettre en œuvre pour atteindre la NFL rapidement», a-t-il fait savoir.

Des joueurs en émergence

Pas peu fier, Dominique Ménard souligne que Raymond n’est pas le seul représentant de Dalbé-Viau à briller.

Trois des cinq Québécois qui obtiennent les meilleures notes du site analytique Pro Football Focus pour leur jeu cette saison dans la NCAA sont issus de l’école de Lachine, soit Raymond, ainsi que les ailiers défensifs Edwin Kolenge (Collège de Boston) et Tycoolhill Luman (Florida Atlantic). Neuf Aigles d’Or évoluent dans les écoles secondaires américaines, dont sept qui ont déjà reçu des offres de programmes de la NCAA.

Dalbé-Viau compte aussi six de ses anciens dans la LCF, ainsi que trois avec les Carabins et sept à Concordia.

«On essaie de développer nos jeunes le mieux possible et s’ils progressent sur le terrain, ils vont rester à l’école. À la base, le programme a été mis sur pied pour contrer le décrochage scolaire. Sans football, plusieurs jeunes n’auraient peut-être pas poursuivi leurs études», a expliqué Ménard.