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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

Antonine Maillet (1929-2025): «La plus grande des Acadiennes» - Édith Butler

Antonine Maillet, en 1996.
Antonine Maillet, en 1996. Photo d'archives
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Photo portrait de Cédric Bélanger

Cédric Bélanger

2025-02-17T19:11:07Z
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Édith Butler a encaissé un dur coup, lundi matin, quand elle a appris le décès d’Antonine Maillet, dont elle était proche depuis l’adolescence et qui est à ses yeux «la plus grande des Acadiennes».

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«C’est un choc, c’est difficile à prendre. C’est une éternelle, c’est un monument, Antonine», a confié l’artiste de Paquetville en répondant à l’appel du Journal.

Avant de devenir la grande écrivaine à qui on doit La Sagouine et Pélagie-la-Charrette, récipiendaire du prestigieux prix Goncourt en 1979, Antonine Maillet avait été enseignante. C’est dans sa classe qu’Édith Butler a croisé sa route.

«J’avais 16 ou 17 ans. Elle était déjà extrêmement bonne conteuse. Non seulement elle a été ma professeure, mais elle a aussi été mon maître à penser toute ma vie.»

Prolifique

Après cet épisode prof-élève, «on ne s’est jamais laissées», raconte Édith Butler.

Pendant que cette dernière faisait sa marque en musique, Antonine Maillet faisait rayonner l’Acadie avec sa plume. Celle que ses proches appelaient affectueusement Tonine a signé plus d’une douzaine de pièces de théâtre et une cinquantaine de livres.

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Jouée plus de 2000 fois par Viola Léger, la pièce La Sagouine a été son plus grand succès. La langue, le patrimoine acadien et la séparation entre les «gens bien» (riches) et les «éprouvés» (pauvres) sont des thèmes récurrents de son œuvre.

«Antonine, il faut la lire tout haut. Ça permet d’entendre l’accent, le vocabulaire et l’ancien français. Elle a charrié nos us et coutumes toute sa vie, notre façon de penser, nos façons de faire, tout ça à travers ses différents personnages», dit Édith Butler

Pionnière

L’écrivaine de Bouctouche a été une pionnière pour les artistes acadiens. «C’est la première qui est sortie de là. Elle a monté, monté. Il y a même un village qui s’appelle le Pays de la Sagouine.»

Malgré sa grande renommée, Antonine Maillet n’avait pas perdu contact avec ses racines, ajoute Édith Butler.

«Elle a toujours conservé son côté acadien, elle était agréable. Il paraît qu’avant de mourir, elle a dit : “Bon ben, je vais y aller pour voir ce qui se passe l’autre bord.”»

L’Université Antonine-Maillet?

Depuis l’annonce de son décès, Édith Butler dit recevoir de nombreux messages de ses compatriotes. «Tout le monde a le cœur gros. On perd quelqu’un qui s’est battu pour nous.»

Comment lui rendre hommage? Une rue porte déjà son nom à Montréal et elle a reçu d’innombrables distinctions honorifiques et doctorats.

Édith Butler croit que l’Université de Moncton, qui porte toujours le nom d’un général britannique ayant participé à la déportation des Acadiens, devrait être rebaptisée Université Antonine-Maillet.

«On n’aime pas Moncton pour ce qu’il nous a fait alors qu’on aime Antonine Maillet pour sa générosité et parce qu’elle nous a mis sur la mappe», justifie-t-elle.

Édith Butler gardera d’elle le souvenir «d’une femme inspirante avec des yeux magnifiques». «Même Simone Signoret n’avait pas des yeux aussi beaux que ceux d’Antonine Maillet.»

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