Antoine Jean: à moins d'une semaine de réaliser l’improbable au prochain repêchage du baseball majeur
Benoît Rioux
Grâce à une détermination peu commune, le Québécois Antoine Jean devrait réaliser ce qui pouvait sembler improbable aux yeux de plusieurs en étant sélectionné au prochain repêchage du baseball majeur, les 13 et 14 juillet.
«Personnellement, je n’ai jamais arrêté d’y croire», tranche le principal intéressé.
À 23 ans, le lanceur gaucher originaire de Montréal devait connaître la saison de sa vie pour espérer attirer à nouveau les regards des dépisteurs. C’est ce qu’il a fait, et ce, de façon admirable dans l’uniforme des Cougars de l’Université de Houston, en étant nommé le lanceur de l’année dans la puissante conférence Big 12.
«Je suis fier de cette nomination, car c’était mon objectif», vient préciser le releveur québécois, qui est demeuré au Texas en vue du repêchage.
Plus de 100 retraits sur des prises
En 67 manches lancées, Jean a notamment réussi un impressionnant total de 110 retraits au bâton. Il a par ailleurs affiché une moyenne de points mérités de 2,55.
«Dans ma mentalité, depuis que je suis tout jeune, je me mets dans la tête que je suis le meilleur quand je vais sur le terrain», indique-t-il.
On l’a également élu sur la première équipe d’étoiles «All America» de la NCAA parmi tant d’autres honneurs individuels.
Une décision difficile
S’il est déjà rare pour un athlète du Québec d’être repêché au baseball, force est d’admettre que Jean a connu un parcours qui en aurait découragé plus d’un. Il a dû faire preuve de ténacité, d’une force mentale extraordinaire et d’une éthique de travail irréprochable.
L’artilleur n’avait encore que 17 ans quand il avait été repêché une première fois, en 17e ronde, par les Twins du Minnesota en 2019. C’est alors qu’il a refusé une offre généreuse pour se tourner vers les rangs universitaires américains, d’abord avec le Crimson Tide de l’Alabama.
Également repêché par les Twins cette année-là, soit au tour suivant, c’est un autre Québécois, Édouard Julien, qui a touché un boni de signature de 493 000$. Plusieurs ont alors remis en question la décision de Jean.
«Je n’ai pas regretté une seconde, mais c’était une décision super difficile à prendre, dit Jean avec conviction. Mentalement, même à 17 ans, je crois que j’étais prêt pour le baseball professionnel, mais physiquement, je devais encore me développer et je ne lançais pas assez fort.»
Le parcours du guerrier
Coup du sort: une blessure allait ensuite nuire à ses performances et ultimement nécessiter une intervention chirurgicale au bras gauche en juin 2023. Plus que jamais, ils ont été nombreux à clamer qu’il avait commis une bête erreur en n’acceptant pas l’offre des Twins quatre ans plus tôt.
Certains disaient que le Québécois était rendu trop vieux pour être de nouveau repêché un jour et qu’il avait simplement raté sa chance. Mesurant 6pi 2po et faisant désormais osciller l’aiguille de la balance à 190 livres, Jean n’avait pas dit son dernier mot, poussant désormais régulièrement des rapides entre 92 et 94 milles à l’heure.
«Je sens que je suis plus proche du baseball majeur, aujourd’hui, que je l’étais en 2019», conclut-il, rempli d’espoir en vue du repêchage.
«J’ai parlé à toutes les équipes» – Antoine Jean
Âgé de 23 ans, le Québécois Antoine Jean devrait logiquement entendre son nom à la deuxième journée du repêchage, qui se poursuivra à partir de la quatrième ronde lundi prochain.
«J’ai parlé à toutes les équipes», a mentionné Jean, qui est appuyé par son agent, Ryan Ware.
Le repêchage du baseball majeur a la particularité de permettre des conversations entre les joueurs et les équipes avant, pendant et après l’encan. Avant de sélectionner un athlète, les organisations cherchent à connaître le prix demandé pour le boni de signature, ce qui dicte bien souvent la ronde où sera sélectionné le joueur en question.
Dans le cas d’Antoine Jean, classé 196e sur la liste des meilleurs espoirs de la Centrale de recrutement, on croit savoir qu’il pourrait être choisi au quatrième ou au cinquième tour.
À titre d’exemple, la quatrième ronde du repêchage prévoit, sur papier, des bonis variant entre 544 900$ et 722 600$. Il se pourrait très bien que Jean accepte un montant inférieur, une stratégie répandue, afin de permettre à sa future organisation d’avoir davantage d’argent à offrir à un jeune espoir plus tard dans le repêchage.
Journées fertiles en émotions
Chose certaine, les journées des 12 et 13 juillet seront fertiles en émotions pour Jean. Il sera alors au Texas pour vivre le tout avec plusieurs coéquipiers et entraîneurs des Cougars de l’Université de Houston. Son bon ami Sylvain Nadeau, qu’il considère comme un grand frère, doit par ailleurs aller le rejoindre afin de partager ce moment important avec lui.
Parmi les autres Québécois, le voltigeur Charles Davalan, des Razorbacks de l’Université de l’Arkansas, figure au 54e rang de la Centrale. À 21 ans, il pourrait pour sa part être appelé dimanche, dès la première journée du repêchage.