Au-delà du physique de surhomme: Antoine Deslauriers et sa quête de la NFL
Philippe Asselin
SYRACUSE | Dès l’âge de 13 ans, Antoine Deslauriers avait compris qu’il avait tous les outils nécessaires pour devenir un joueur de la NFL.
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Aujourd’hui, le Québécois est déjà considéré comme espoir de premier plan pour le repêchage 2028 du circuit Goodell, même s’il vient tout juste d’amorcer l’étape qui précède son objectif, soit sa carrière en division 1 dans la NCAA.
Celui qui s’est joint à l’Orange de Syracuse en janvier pourrait devenir le premier joueur de la Belle Province à être repêché au premier tour dans la NFL depuis le porteur de ballon Tshimanga Biakabutuka (8e au total par les Panthers de la Caroline) en 1996.

Trois ans, c’est une éternité dans le monde du football, mais Deslauriers est sur une trajectoire très prometteuse.
«Antoine est une bête. Il travaille extrêmement fort sur le terrain. Il est bon sur les bancs d’école. C’est un exemple. Il sera un excellent joueur pour nous. Les gens de Syracuse porteront un gilet avec son numéro, parce que ce gars-là deviendra une super-vedette», a déclaré l’entraîneur-chef de l’Orange, Fran Brown, en avril dernier.
Ces propos du coach qui roule sa bosse dans la NCAA depuis plus de 15 ans, il les a tenus avant même que Deslauriers ne dispute un seul jeu dans la NCAA et après moins de quatre mois à le côtoyer.
À moins d’une blessure, le jeune homme d'à peine 19 ans s’enligne pour être le secondeur intérieur partant de Syracuse dès le premier match de la saison, le 30 août contre les Volunteers de l’Université du Tennessee, au prestigieux Mercedes-Benz Stadium d’Atlanta.
De Laval à Syracuse, en passant par le fin fond de la Géorgie
Deslauriers fait preuve d’une maturité déconcertante dans l’analyse qu’il fait de son parcours.
Il vit littéralement The American Dream, et il a pourtant les deux pieds bien sur terre. Jamais il n’évoque la chance, lui qui est conscient que ce sont ses efforts qui lui permettent d’être là où il est. Et en même temps, il ne fait preuve d’aucune vantardise.
«Je ne me laisse pas influencer par la pression extérieure, parce que je suis celui qui se met le plus de pression», explique-t-il.
«Ce que je fais depuis que je suis jeune me permet d’avoir des opportunités. C’est à moi de les saisir et de réaliser mes objectifs.»

Après son parcours au secondaire au Collège Laval, Deslauriers a commencé à attirer la convoitise chez nos voisins du Sud. Il a fait le saut aux États-Unis à 17 ans avec les Eagles de Rabun Gap-Nacoochee, un bled de la Géorgie où l’école préparatoire n’avait que des champs comme voisins.
Après deux saisons là-bas, Deslauriers a été classé par ESPN comme 18e meilleur espoir parmi les milliers de secondeurs évoluant aux États-Unis. Il a reçu 22 offres de la part d’universités, dont d’immenses programmes de football comme Notre Dame, North Carolina, Texas A&M et Duke, pour n’en nommer que quelques-uns.
Des sacrifices
Deslauriers a choisi Syracuse parce que c’est là qu’il pense pouvoir obtenir les meilleures chances d’être dans la NFL d’ici trois ans.
«J’ai mon plan depuis que je suis petit et je sais exactement où je m’en vais.»
«Assez tôt, je me suis imposé une rigueur que je qualifierais de différente des gens autour de moi. J’ai fait le choix de ne pas vivre une adolescence typique et ça m’a permis d’être rendu où je suis.»
Au début de son parcours, ses parents ont contacté le préparateur physique Yohan Miron.
«La première fois que j'ai parlé avec sa mère, elle m’a dit qu’Antoine était spécial. Je lui ai répondu que tous les parents pensaient que leur enfant était spécial. Mais elle avait raison, son gars est spécial», raconte celui qui œuvre aussi comme entraîneur des receveurs de passes avec les Redbirds de McGill.
«Ce qui fait sa différence, c’est sa maturité et son perfectionnisme. Tout le monde veut être le roi, jusqu’au moment où il faut faire des choix dignes d’un roi. Antoine, il a compris qu’il devait faire des sacrifices en secondaire 3.»
Depuis, Deslauriers a renoncé à des moments entre amis, aux premières sorties dans les bars, au luxe de manger ce que bon lui semble et à la possibilité de voir sa blonde sur une base régulière.
«Je reste un humain, assure-t-il avec le sourire. Il n’y a pas juste une bonne façon de faire les choses. Je suis persuadé que plusieurs personnes trouvent ça intense, mais je suis comme ça et c’est ainsi que je vais atteindre mon objectif d'avoir une brillante et lucrative carrière dans le football.»
Yannie Methot a trouvé les bons mots pour résumer la mentalité de son fils.
«Il renonce à tellement de choses pour atteindre son but ultime de jouer dans la NFL, mais il ne voit pas ça comme un sacrifice. Il a choisi de mettre certaines choses de côté pour en favoriser d’autres.»
Lors de notre rencontre à Syracuse, Antoine Deslauriers a aussi abordé ses débuts dans le football, de la fois où le directeur général des Alouettes, Danny Maciocia, a tenté de le convaincre de rester au Québec, ainsi qu’une foule d’autres sujets. Voyez notre entretien dans la vidéo ci-dessous :