Antisémitisme au Québec: la visite de Mélenchon doit être dénoncée

Julien Corona, Directeur associé aux communications et aux relations médias du CIJA
«Il y a un cordon sanitaire à placer autour de personnes qui refusent de considérer que des barbares sont des barbares. [...] Pour Mélenchon, quand Merah a assassiné une gamine juive de 3 ans à bout portant, c’était un “incident”. C’est la gauche de la destruction de tout, la gauche des ténèbres et un vertige d’obscénité.» Ces mots sont ceux de l’avocat reconnu Richard Malka, mais clairement pas l’opinion de Québec solidaire, alors que Jean-Luc Mélenchon tiendra le 16 avril un évènement avec Ruba Ghazal.
Avant cela, le 15 avril, celui qui considère que l’antisémitisme est «résiduel» en France tiendra une conférence à McGill, dont le campement pro-Hamas a favorisé la diffusion de propos flirtant avec l’islamisme et l’antisémitisme. Ce choix représente l’exemple chez nous de l’obscénité que dénonce Me Malka. C’est que Mélenchon et son parti, La France insoumise (LFI), cultivent une ambiguïté avec ces deux phénomènes.
Tout d’abord avec l’islamisme, Mélenchon est celui qui n’hésite pas à marcher avec des personnes liées aux Frères musulmans, comme lors de la «Marche contre l’islamophobie». Celle-ci faisait suite à l’appel du 3 novembre 2019 où ce dernier avait cosigné une lettre avec, entre autres, un ex-imam de Brest, Rachid Eljay, qui a demandé aux enfants de ne pas écouter de musique sous peine d’être changés en singes et en porcs, et à justifier le viol des femmes «sans honneur».
Considéré comme un «butin de guerre» par Houria Bouteldja, marchant aux côtés de Marwan Muhammad – un activiste proche des Frères musulmans qui «ne condamne pas les choix des uns et des autres d’être homosexuels ou d’être polygames» –, Mélenchon est vu par beaucoup en France comme celui qui est désormais membre d’un parti allié des islamistes, selon le couple Klarsfeld.
Si l’ambiguïté avec l’antisémitisme précède le 7 octobre 2023, les attaques terroristes du Hamas l’ont exposée encore plus au grand jour.
Il y a moins de trois semaines, dans un éditorial du Monde, le journal a dénoncé le fait que le LFI et son leader jouent avec le feu concernant les massacres commis le 7 octobre 2023 et la guerre à Gaza «qui exacerbent les colères». «Cela signifie aussi rompre avec la longue tradition de lutte contre le racisme et l’antisémitisme de la gauche», a ajouté le quotidien.
LFI est le parti qui a refusé de qualifier le Hamas d’organisation terroriste. Jean-Luc Mélenchon n’a pas hésité à parler de la présidente de l’Assemblée nationale française, Yaël Braun-Pivet, comme celle qui «campe à Tel-Aviv». Et c’est sans compter une affaire d’affiche aux inspirations suspectes et les sorties toutes plus ignobles de la députée européenne Rima Hassan.
«Rompre avec la longue tradition de lutte contre le racisme et l’antisémitisme de la gauche», c’est ça.
Alors que les divisions sont de plus en plus fortes dans notre société, est-ce donc normal qu’un parti, qui lui aussi pourrait avoir affaire avec des accusations d’ambiguïté du fait de prises de positions antisionistes, tienne un rassemblement avec M. Mélenchon?
Ruba Ghazal a publié sur sa page Instagram une affiche reprenant le slogan génocidaire anti-israélien «From the River to the Sea». Manon Massé a utilisé sa déclaration en vue de la Journée internationale sur le droit des femmes pour prononcer un slogan similaire au cœur du Salon rouge. Et c’est sans compter d’autres polémiques de la sorte qui ont touché Québec solidaire depuis le 7 octobre 2023.
Jean-Luc Mélenchon rêve de la présidence, Québec solidaire souhaite une société plus juste et égalitaire. Alors, pourquoi s’enfermer dans des choix qui ne peuvent être source que de déshonneur et surtout d’écœurement pour une population se jetant de plus en plus dans les bras d’un autre extrême tout aussi dangereux pour la société que le leur.
Julien Corona
Directeur associé aux communications et aux relations médias du CIJA