[PHOTOS] Anticosti accède au patrimoine mondial de l’humanité
L’UNESCO donne son approbation à la proposition canadienne

Mathieu-Robert Sauvé
L’île d’Anticosti est maintenant un site du patrimoine mondial de l’humanité reconnu par l’UNESCO au même titre que la grande muraille, en Chine, les îles Galapagos, en Équateur, et le parc Yellowstone, aux États-Unis.
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Le comité du patrimoine mondial, réuni à Riyad, en Arabie saoudite, jusqu’au 25 septembre pour sa 45e session, en a fait l’annonce mardi matin.
Vidéo courtoisie de Gaétan Laprise (Alex) sur Youtube
Avec l’approbation, dimanche, d’une autre proposition canadienne consistant à inscrire à la liste la région Tr’ondëk-Klondike, au Yukon, le Canada compte maintenant 22 sites du patrimoine mondial, dont trois au Québec.

- Écoutez l'entrevue avec Hélène Boulanger, Mairesse de la municipalité de L'Île-d'Anticosti sur QUB radio :
Unique au monde
Reconnue comme le meilleur site au monde pour l’étude scientifique de la première extinction massive du vivant, il y a 444 millions d’années (MA), Anticosti contient d’innombrables fossiles datant de l’Ordovicien (488-444 MA) et du Silurien (444-419 MA).

L’inscription va « permettre la pérennité d’un travail scientifique de classe mondiale étant donné l’abondance, la diversité et l’état de conservation exceptionnel des fossiles sur l’île », a réagi André Desrochers, directeur scientifique du comité de pilotage de la proposition d’inscription d’Anticosti sur la Liste du patrimoine mondial pour l’UNESCO et professeur à l’Université d’Ottawa.

Protection permanente
La reconnaissance de l’UNESCO assurera la protection permanente le long des 550 km de berges d’Anticosti et une grande partie du lit des rivières Vauréal et Jupiter. Aucun projet de développement de pétrole, de gaz ou de mines n’y verra le jour, mais l’exploitation forestière demeurera possible hors des aires protégées. Cette année, toutefois, les activités de prélèvement d’épinette blanche sont suspendues.

Pays de chevreuils
Anticosti est reconnue pour être le paradis du cerf de Virginie, que tout le monde ici appelle « chevreuil ». Implantée au début du 20e siècle par le riche industriel français Henri Menier, l’espèce s’est rapidement adaptée à cet écosystème sans prédateur. La chasse au cerf, à l’automne, est l’activité économique principale de l’île.
Mais Anticosti est également un sanctuaire d’oiseaux exceptionnel et abrite des espèces végétales qui continuent de surprendre les botanistes. Les recherches sur les tourbières et les algues sont en expansion.

15 sites exceptionnels
L’UNESCO étudie cette semaine 15 propositions au programme du patrimoine mondial de l’humanité.
Les autres sites étudiés mardi proviennent du Portugal (vieille ville de Guimaraes), d’Iran (cité de Masouleh), de Thaïlande (cité de Si Thep), des Pays-Bas (planétarium Eise Eisinga), de Turquie (mosquées médiévales d’Anatolie), des États-Unis (site cérémonial préhistorique d’Hopewell), Mongolie (montagnes dorées de l’Altaï), d’Italie (grottes de l’Apennin du Nord), du Suriname (site archéologique de Jodensavanne) et de Grèce (paysage de Zagori). Mercredi, les déserts turaniens de l’Asie centrale, le parc national de Nyungwe, au Rwanda, un refuge faunique d’Arabie saoudite et une réserve naturelle du Tadjikistan seront à l’étude.

Réactions en vrac à la nomination :
« C’est une nouvelle ère pour l’île, sur laquelle nous allons maintenant bâtir notre avenir », s’est enthousiasmée la mairesse de Port-Menier, Hélène Boulanger.
« Aujourd’hui, c’est toute la Côte-Nord qui célèbre la reconnaissance internationale d’un de nos plus beaux joyaux naturels. Nous en serons les gardiens et nous le mettrons en valeur avec fierté, au bénéfice des Anticostiens, des Québécois et des visiteurs du monde entier », a lancé la préfète de la MRC de Minganie, Meggie Richard, qui était à Ryad pour l’annonce de l’UNESCO.
« Anticosti fait depuis toujours partie intégrante de notre Nitassinan, notre terre ancestrale, et de notre identité. Nous sommes fiers du travail que nous avons accompli avec nos partenaires anticostiens et nord-côtiers pour qu’on lui reconnaisse pleinement sa valeur universelle exceptionnelle », a déclaré Jean-Charles Piétacho, chef innu de la communauté d’Ekuanitshit et partenaire de la première heure du projet de l’UNESCO.
« Nous ferons face à des défis importants sur le plan de l’hébergement, du transport et des infrastructures capables d’accueillir les visiteurs », a indiqué le conseiller spécial Jacques Lévesque, qui s’attend à une hausse du tourisme qui est encore difficile à évaluer.
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