Annie Villeneuve nous parle de la relation entre ses deux enfants
La spectacle «Être moi» est en tournée à travers le Québec
Alicia Bélanger-Bolduc
Annie Villeneuve a conquis le cœur des Québécois depuis plusieurs années, mais le public n’avait pas eu la chance de la voir en tournée avec son propre répertoire depuis 2006. Entourée de ses musiciens, et pour le plus grand bonheur de ses fidèles admirateurs, elle revient sur scène avec Être moi, un album profondément authentique, marqué par le lâcher-prise. L’équipe a eu l’occasion de la rencontrer quelques heures avant sa première médiatique.
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Annie, on se retrouve pour la première médiatique de ton spectacle! Comment te sens-tu?
Curieusement, je suis simplement dans le moment présent. Je suis très heureuse que ma famille et mon chum soient dans la salle aussi ce soir. Je suis arrivée en retard à mon test de son, parce que je ne réussissais pas à me décoller de mon bébé et à sortir de ma chambre d’hôtel. Auparavant, je ne pouvais rien faire de mes journées avant un spectacle. Maintenant, je ne veux plus mettre ma vie sur pause chaque fois. Aujourd’hui, je suis bien dans ma routine chargée, je passe d’une activité à l’autre et je le vis bien.
Est-ce que c’est justement spécial de passer de sa chambre d’hôtel en famille à une salle de spectacle comble?
On s’y habitue un peu, mais cette tournée avec mon album Être moi me représente vraiment. Au début de ma quarantaine, j’ai fait du ménage. J’ai gardé ce qui m’était utile et ce qui était positif. Je n’ai plus besoin d’impressionner le public et de faire la note la plus haute possible. Maintenant, mon ambition est de faire une tournée dans la simplicité, l’honnêteté et le confort. J’enlève toutes les pressions extérieures afin de me sentir chez moi sur scène.
À quoi le public peut-il s’attendre avec cette tournée?
Je suis entourée de musiciens exceptionnels que j’aime profondément. Pour cette tournée, le talentueux guitariste Olivier s’est joint à nous. Il apporte des idées qui enrichissent les chansons sans les dénaturer. C’est la première fois que je présente un projet entièrement composé de mon propre répertoire. Je voulais bien sûr mettre de l’avant mon nouvel album, tout en offrant les classiques que mon auditoire affectionne. J’avais l'habitude de faire des medleys d’airs populaires, mais il n'y en aura pas dans ce spectacle. J’ai choisi de faire confiance à ceux qui ont acheté un billet pour m’entendre, moi. Pendant des années, j’ai interprété des reprises pour plaire au public. Aujourd’hui, je décide de lâcher prise. J'assume pleinement mon propre matériel. C’est nouveau pour moi, car avant j’avais parfois le syndrome de l’imposteur.
Cet album s’intitule Être moi. Qui es-tu à cette période de ta vie?
J’attendais d’arriver à la quarantaine depuis un bon moment. Maintenant, j'ai moins la pression de la performance et plus d’instants ancrés dans le présent. Je fixe davantage mes limites et j’apprends à dire non. L’été dernier, j’ai dû refuser de faire le spectacle hommage à Céline Dion. Avant, je me serais démenée pour y arriver, mais maintenant j’ai d’autres priorités: un petit garçon qui pousse trop vite et une belle grande fille de 11 ans. J’ai décidé de me choisir.
Il y a sur cet opus une chanson très touchante, Ce qu’il nous reste d’elle, pour une amie, Véronique Lévesque, qui est décédée et a laissé derrière elle un enfant qu’elle a tout juste pu mettre au monde. Comment te sens-tu de la chanter sur scène?
J’ai un mouchoir sur mon tabouret parce que ça vient encore me chercher, même après un an. Je me rassure en me disant que c’est correct que ces émotions m’habitent encore. Cette chanson est également une façon de garder Véro vivante. Je l’ai faite aussi pour que, éventuellement, Lauralie, sa petite fille, comprenne à quel point sa maman était aimée et pleine de lumière. Les membres de sa famille m’ont donné leur accord pour la diffusion de la chanson, et j’ai pu les revoir au lancement de mon album. C’était tellement touchant! Mais c’était un très beau moment. Pour l’instant, la chanson nous fait vivre de grosses émotions et on les accepte. Un jour, en l'écoutant, on pensera tout simplement à elle avec un sourire imprimé dans le visage.
Tu fais également partie de la distribution du spectacle We Will Rock You. La méchante que tu interprètes doit te sortir de ta zone de confort! On n’a pas dû t’attribuer un personnage ayant un tel caractère bien souvent!
En ce moment, je m’amuse beaucoup, puisque je m’approprie graduellement le personnage. Je dois avoir confiance en moi-même pour entrer dans la bulle de mes partenaires de jeu en adoptant une attitude assez dérangeante. Parfois, je m’arrête pour leur demander s’ils vont bien, parce que je n’ai pas l’habitude d’être dans la peau de ce genre de personne! (rires) C’est toutefois très plaisant à interpréter, et je suis de moins en moins nerveuse. Nous avons bien hâte de présenter le spectacle en mai.
L’univers de la radio t’a aussi énormément appris à lâcher prise...
La radio m’a montré à rester connectée et à mettre en lumière mes erreurs pour faire rire mon auditoire. On ne peut pas être parfait à chaque intervention: il faut être concis, précis et bien s’exprimer en peu de temps. Je dois penser à qui je m’adresse pour leur proposer des sujets qu’ils vont aimer. Les gens apprécient mon authenticité, et j’ai une très belle relation avec eux. Ils n’hésitent d’ailleurs pas à m’écrire pour me donner leur opinion ou pour partager leur histoire. C’est très précieux pour moi. Je me suis vraiment découvert une nouvelle passion.
Parle-moi de la connexion avec ton public...
Il est incroyablement fidèle. À chaque concert, je demande qui m’a déjà vue sur scène, et souvent, une bonne moitié est là depuis mes débuts. Ils ont suivi mes explorations musicales, du country-pop à l’album de Noël, et à d’autres projets fous. Mon public est toujours présent, il prend le temps de me parler après le spectacle ou de m’écrire. Il y a aussi ceux qui me découvrent; j’espère qu’ils seront surpris par ce que je propose. Cette fois-ci, j’ai osé évaluer ma foule au fil des chansons en m’alignant sur ce que, d'après moi, ils ont envie de vivre. On échange, et certains me lancent même des demandes spéciales! (rires) Les nouveaux sont généralement charmés, et pas seulement par mes performances, mais aussi par la connexion avec mes musiciens, avec le public, et par l’ambiance joyeuse qu’on crée ensemble.
Ton fils, Noah, n’a pas encore un an. Est-ce qu’il te suivra en tournée?
Non, je priorise sa stabilité. Le dodo et la douceur sont bien importants pour un enfant de son âge. Je ne l’avais pas fait non plus avec ma fille, Léa. Cela dit, je respecte ceux qui le font, mais moi j’aime mieux lui offrir un environnement équilibré. Il aura assez de temps dans sa vie pour faire toutes sortes de projets qui l’amèneront un peu partout. Et il me verra en show plusieurs fois pareil!
Comment va la relation entre ta fille, Léa, qui a maintenant 11 ans, et son petit frère?
Ils ont une belle chimie! Elle l’aime comme une petite maman! (rires) Je crois que c’est un beau cadeau dans sa vie puisqu’elle est une enfant qui s’exprime, qui a ses belles couleurs et une bonne énergie. Avec son frère, elle s’apaise, se calme et se responsabilise. Elle a gagné en autonomie et elle est à l’âge de comprendre pourquoi sa mère peut un petit peu moins s’occuper d’elle en ce moment. Elle est aussi très bonne pour affirmer ses besoins. J’aime être une maman bien différente pour les deux: je fais des devoirs, mais je change aussi des couches! (rires)
Ton conjoint est donc très présent dans votre nouvelle vie de famille. Un amour qui a commencé au Saguenay!
On est allés à l’école ensemble, on a joué dans le même band aussi et on s’est finalement retrouvés durant la pandémie quand je suis retournée au Saguenay. On habite maintenant à Québec. Il y était déjà et il ne pouvait pas vraiment déménager. C’est donc moi qui suis allée le rejoindre. C’était durant une période de ma vie où j’étais prête à quitter Montréal, car je commençais à me sentir étouffée. Je suis très heureuse de la vie que je peux donner à mes enfants.
Pour vous procurer des billets pour le spectacle Être moi: www.annievilleneuve.com






