«La maison où j’ai grandi»: Annie-Soleil Proteau, la fille d’Hochelaga-Maisonneuve


Guillaume Picard
Annie-Soleil Proteau propose un projet très personnel lié à ses racines et faisant office de thérapie familiale avec la série documentaire «La maison où j’ai grandi».
La journaliste et animatrice, il faut le dire d’emblée, vit encore au rez-de-chaussée du triplex où elle a fait ses premiers pas. La série de 10 épisodes de moins de 15 minutes, disponible sur TOU.TV EXTRA, nous plonge dans un projet de rénovation majeur, Annie-Soleil souhaitant non seulement y demeurer à long terme, pour ne pas dire jusqu’à la fin de ses jours, mais dans un environnement plus fonctionnel et lumineux.
Décloisonner sa maison, voisine du Stade olympique, dans son quartier chéri d’Hochelaga-Maisonneuve n’est toutefois pas un simple exercice de rénovation. Son père Michel, propriétaire des lieux, est attaché à ce qu’il a aménagé à la sueur de son front.

«Ce n’est pas qu’un "show" de réno, bien que je dévore ces émissions. Dans notre cas, les rénos servent de prétexte. Tu vois d’où on partait, avec mon lave-vaisselle dans la cave», a dit Annie-Soleil dans un éclat de rire.
«Ça parle de mon attachement à mes racines, de la relation de ma famille par rapport à ma maison d’enfance et de mon amour pour mon village, Hochelaga-Maisonneuve.»
Annie-Soleil s’attendait à fondre en larmes quand les démolisseurs sont débarqués pour abattre les murs. Au contraire, tout «est devenu possible» une fois que les travaux se sont mis en branle.
Son père a senti qu’elle «défaisait son œuvre», a raconté Annie-Soleil, précisant cependant qu’il a cheminé pendant le processus.
«Plus il me voyait mal, plus il me poussait en me disant qu’il ne reviendrait jamais vivre ici», a-t-elle témoigné.

Il faut dire que le divorce de ses parents quand elle était enfant a nourri son attachement pour la maison. «Ma stabilité venait beaucoup de mes grands-parents qui habitaient à quatre portes, et elle venait de notre maison, physiquement, parce que c’est la seule chose qui ne changeait pas dans ma vie.»
La série documentaire a uni les Proteau, en quelque sorte : « Mon père le voit maintenant comme un hommage. Oui j’ai défait cette maison-là, qui avait été si difficile à acquérir pour lui dans les années 80, et dans laquelle il a aussi travaillé de ses mains... sauf que le fait que je choisisse de rester, ça prouve qu’il avait fait le bon choix pour notre famille à l’époque. »
Son ami Imposs signe par ailleurs la chanson thème, «Architecte de son destin», et l’entrepreneur qui pilote les travaux est son ami d’enfance William «parce que je suis loyale à mon monde», a-t-elle glissé au passage.

Un deuil difficile à faire
Annie-Soleil, qui est dans l’équipe de «Salut Bonjour» et qui fait de la radio sur ICI Première avec René Homier-Roy, en plus de piloter le balado «District 31: personnes d’intérêt» sur OHdio, continue de réfléchir à la situation des personnes âgées, notamment tous ces gens qui se trouvent en CHLSD et dont la pandémie a révélé la grande fragilité.
Elle a proposé l’été dernier le documentaire «La dernière maison» – toujours disponible sur TVA+ – présentant le parcours de sa grand-mère Madeleine Proteau, décédée en mars 2017, deuil qui la fait encore souffrir. Annie-Soleil croit que le Québec doit se tourner vers les soins et le maintien à domicile, comme le Danemark l’a fait.
«Tant que je ne verrai pas de volonté réelle d’améliorer le sort des ainés, peu importe le parti au pouvoir, je vais continuer de réfléchir et de poser des questions», a-t-elle dit.
Les neuf premiers épisodes de «La maison où j’ai grandi» sont disponibles dans la section VÉRO.TV de TOU.TV EXTRA. La conclusion pourra être vue sur la plateforme à compter du 27 décembre.