André Pratte réplique à Emmanuelle Latraverse: pourquoi le PLQ ne s’inspirera pas de QS

Dans sa chronique du mardi 21 mai, Emmanuelle Latraverse conseille au Parti libéral du Québec de «s’inspirer» des débats déchirants qui ont cours actuellement à Québec solidaire. Le PLQ ne devrait pas se laisser conforter par la légère embellie dans les sondages, dit la chroniqueuse, ses appuis au sein de l’électorat francophone demeurant très faibles.

Je rassure tout de suite madame Latraverse (pour qui j’ai le plus grand respect), les libéraux du Québec sont parfaitement lucides quant aux défis qu’ils ont à relever. Depuis plus d’un an, nous travaillons très fort pour nous relever de la défaite de 2022. La chroniqueuse souligne que le Comité sur la relance du PLQ a proposé des solutions dans son rapport publié l’automne dernier. Mais, soutient-elle, ce rapport a été «oublié». C’est inexact.

Les suites à donner au rapport sur la relance ont été confiées à la Commission politique nationale, que j’ai l’honneur de présider. Depuis ce temps, la Commission travaille d’arrache-pied à élaborer des propositions concrètes qui mettront en œuvre les recommandations du rapport, qu’il s’agisse de développement économique, d’éducation, d’affirmation du Québec ou d’amélioration des services publics. Des groupes de travail ont été formés, au sein desquels des débats, parfois animés, ont lieu. Des colloques régionaux ont été tenus à Montréal, Québec, Laval–Laurentides–Lanaudière, Trois-Rivières–Centre-du-Québec, et d’autres sont prévus en Outaouais, en Estrie, en Montérégie, en Abitibi, au Saguenay et dans le Bas-Saint-Laurent. Pendant ces colloques, de nombreux militants discutent des orientations que devrait prendre le parti pour regagner la confiance des électeurs.

Par conséquent, il est erroné de soutenir qu’«au PLQ, on laisse ce travail aux éventuels candidats à la direction». Certes, ces colloques n’ont pas fait la manchette partout au Québec; tout de même, les militants libéraux sont au travail.

Il est vrai que le débat chez nous ne se fait pas à coup d’ultimatums et de lettres ouvertes. Sur les valeurs et les principes libéraux, nous sommes unis, et personne ne songe à claquer la porte. Pour un parti qui aspire à devenir la principale alternative au gouvernement de la CAQ, s’entendre sur ses convictions profondes est une qualité, pas un défaut.

Les libéraux n’ont pas à décider s’ils sont oui ou non un parti de gouvernement; le Parti libéral du Québec sait très bien ce qu’est gouverner. Notre chef n’a pas à nous imposer le pragmatisme, le pragmatisme est dans l’ADN de notre formation politique. Ce qui ne nous empêche pas d’être inspirés par des idéaux.

En fin de semaine prochaine, des centaines de libéraux seront réunis en conseil général à Bromont pour débattre du nouveau plan économique préparé par la Commission politique nationale. Il y aura des discussions, certaines vives sans doute. Puis, au congrès qui sera tenu en novembre 2024, des propositions seront soumises aux militants concernant les autres volets du rapport sur la relance, portant notamment sur le rôle du Québec dans la fédération canadienne, la protection et la promotion de la langue française, la gestion de l’immigration, l’éducation comme priorité nationale et l’amélioration urgente des services publics. Les journalistes sont évidemment invités à couvrir ces deux événements.

La course à la chefferie commencera officiellement en janvier 2025. Élu en juin 2025, le nouveau chef ou la nouvelle cheffe trouvera, au lendemain de sa victoire, un parti en santé, qui aura réfléchi, débattu et décidé des orientations politiques qui devraient être celles du PLQ en vue des élections de 2026. Tout le contraire du parti apathique «attendant le sauveur» que décrit Emmanuelle Latraverse.

André Pratte, président de la Commission politique nationale du Parti libéral du Québec

RÉPONSE D’EMMANUELLE LATRAVERSE

Je vous invite avec plaisir à venir en débattre au Bilan vendredi soir, à LCN, à la veille de votre conseil général.

Emmanuelle Latraverse