Amitié entre Gretzky et Trump: ça fait jaser à Edmonton


Jonathan Bernier
EDMONTON | Les relations qu’entretiennent Wayne Gretzky et sa famille avec Donald Trump et son entourage ont quelque peu fait pâlir l’étoile de l’ancienne vedette des Oilers, à Edmonton.
Depuis le 18 février, une pétition circule pour que l’avenue Wayne Gretzky, située près de l’ancien domicile des Oilers, retrouve son appellation d’origine: l’autoroute Capilano.
Bien que l’élan s’essouffle, en date d’hier, le document contenait 12 911 signatures. Ce qui n’empêchera pas Grant Prete, l’homme à la tête de cette initiative, de poursuivre ses démarches.

«La première semaine, 10 000 personnes ont signé. C’était viral et c’était l’objectif, a indiqué M. Prete lors d’un entretien téléphonique. La pétition, c’était un effort de marketing pour démontrer quel est le sentiment général des Canadiens devant les choix de Wayne Gretzky.»
Puisqu’il est impossible de prouver que tous les signataires sont des résidants de la ville, cette pétition sera irrecevable auprès du comité de toponymie de la Ville d’Edmonton.
Ce qui n’a pas empêché M. Prete d’amorcer des démarches auprès de ce même comité. On lui a dit que ça pourrait prendre jusqu’à 18 mois avant de voir le bout des procédures.
M. Prete, qui soutient être prêt à faire du porte-à-porte pour rallier le plus de gens possible à sa cause, en a gros sur le cœur.
«Dans la vie, tout le monde peut être ami avec qui il veut. Là où je trace la ligne, c’est quand il est question de la souveraineté du Canada, a-t-il expliqué. En 1999, on a renommé cette route en son honneur parce que l’on considérait Wayne Gretzky comme un héros canadien. Mais au moment où on a eu le plus besoin de lui, il est demeuré les bras croisés. Les héros n’agissent pas ainsi quand quelqu’un menace leur pays.»
Une crise évitable
La pétition de M. Prete n’est pas la seule initiative du genre au pays. Une autre pétition demande qu’on lui retire la médaille de l’Ordre du Canada qu’il a reçue en 1998.
En Ontario, là où se trouve le vignoble de l’ancienne gloire du hockey, on appelle au boycottage de ses produits.
Affecté à la couverture des Oilers depuis leur entrée dans l’Association mondiale de hockey, en 1973, Jim Matheson soutient qu’il y aurait eu un moyen facile pour que «La Merveille» mette le couvercle sur la marmite.
«Je ne peux pas croire qu’il n’y a pas, dans son entourage, un spécialiste des relations publiques qui peut l’aider à composer un message de deux paragraphes disant: "Donald est un de mes amis. J’étais présent à sa cérémonie d’investiture, mais je suis un fier Canadien et on ne veut pas devenir le 51e État américain".»
«J’aurais aimé ça qu’il le fasse, a poursuivi le reporter du Edmonton Journal, membre du Temple de la renommée. Ça aurait évité toute cette polémique. D’ailleurs, il n’est pas trop tard.»
Sauf que ça ne semble pas être dans les plans. On peut se demander si Gretzky n’est pas un peu déconnecté de ce qui se passe au nord de la frontière. Après tout, ça fait maintenant 37 ans qu’il vit aux États-Unis. Ça non plus, ça ne doit pas adoucir les sentiments du public à son égard.
Cela dit, Matheson ne croit pas à la viabilité du projet de changement de nom de l’autoroute.
«Après, ça va être quoi? Ils vont déboulonner sa statue qui se trouve devant l’aréna? a-t-il déclaré. Je pense que les gens sont surtout déçus. Tu ne peux pas être fâché contre Wayne Gretzky.»
Ah non? Et si jamais Gretzky était invité au centre de la glace du Rogers Place, serait-il hué ou applaudi?
«Oh! Ça, c’est une bonne question.»