Amira Elghawaby s'«excuse sincèrement» de ses propos sur les Québécois
Raphaël Pirro | Agence QMI
Amira Elghawaby, la première représentante spéciale de la lutte contre l’islamophobie au Canada, s’est excusée «sincèrement» pour «la manière dont ses mots ont blessé» les Québécois, mercredi. Québec réclame tout de même encore sa démission.
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Au sortir d’une discussion privée «vraiment constructive» avec le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet, Mme Elghawaby a parlé pour la première fois devant les journalistes de la tempête ayant suivi sa nomination par le gouvernement Trudeau.
«Je veux dire aux gens québécois : je vous ai entendus, je vous ai écoutés, et je comprends les effets de mes mots, et je veux vous rencontrer, je veux entendre plus, je veux bien comprendre l’histoire québécoise, et je veux bien comprendre comment on peut avancer vers une société qui est plus inclusive pour tous», a-t-elle déclaré en français.
D’une voix posée dans un corridor du Parlement, elle a insisté pour souligner que son rôle était celui d’«écouter», de «créer des ponts» entre les communautés et de faire «avancer le vivre ensemble que les Québécois veulent».
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Réagissant aux excuses de la représentante spéciale, Justin Trudeau a déclaré que celles-ci démontrent «à quel point c’est une personne sensible, qui est ouverte aux préoccupations des autres, qui veut justement bâtir des ponts dans un dossier qui est difficile».
«Il y a beaucoup de travail à faire, et elle est la bonne personne pour le faire», a dit le premier ministre, avant la période de questions.
Mme Elghawaby a remercié le chef bloquiste Blanchet «parce qu’il m’a invitée pour avoir un dialogue directement, pas à travers les médias, pas à travers la politique, mais pour bien entendre mon point de vue et j’ai entendu son point de vue».
M. Blanchet doit prendre la parole sur cette rencontre demain matin.
Opposition à la loi 21 inchangée
Mme Elghawaby a cependant maintenu son point sur la loi 21 : «c’est une loi discriminatoire», a-t-elle affirmé, sans détour.
«Cela étant dit, la façon dont nous allons avancer dans ces discussions difficiles est en étant capables d’écouter et de s’assurer que la façon dont nous parlons de ces enjeux n’est pas blessante, et ce, des deux côtés», a-t-elle poursuivi.
À ses yeux, il faut se défaire du «journalisme de conflit» et de la «politiquer de conflit» car elle heurte les «gens de tous les jours» qui sont coincés au milieu des débats.
Excuses insuffisantes pour Québec
Au gouvernement Legault, on accueille les excuses de Mme Elghawaby, tout en continuant de réclamer son congédiement.
Le ministre responsable de la Laïcité, Jean-François Roberge, lui a reproché d’avoir tenté de justifier ses propos passés dans un premier temps. « C’est une erreur qui est trop grave », estime-t-il.
« C’était une bonne chose qu’elle s’excuse, j’apprécie ses excuses, mais je ne crois toujours pas qu’elle a la légitimité et la crédibilité pour occuper la fonction que le premier ministre lui a confiée. Donc, je pense que maintenant, la deuxième chose à faire, c’est de remettre sa démission », a déclaré le ministre Roberge dans les couloirs de l’Assemblée nationale.
Les déclarations passées de Mme Elghawaby sont «terribles» et «s’apparentent à du racisme», juge-t-il. «Elle a exprimé, d’abord, des préjugés qui sont très graves à l’égard des Québécois. Elle a pris beaucoup de temps avant de s’excuser puis, je répète, avant de présenter des excuses aujourd’hui, elle a tenté de justifier des propos qui étaient totalement odieux et inacceptables», estime Jean-François Roberge.
Son collègue responsable de la Lutte contre le racisme, Christopher Skeete, estime également qu’elle s’est disqualifiée à titre d’interlocutrice. «Si son rôle numéro un c’est de bâtir des ponts, je ne vois pas comment elle peut le faire», a-t-il confié.
–Avec la collaboration de Patrick Bellerose