Amiante dans la terre battue: plusieurs municipalités ferment temporairement leurs terrains de tennis de façon préventive

Félix Desjardins
Après Saint-Sauveur la semaine dernière, plusieurs municipalités ou arrondissements du Québec ont aussi fermé de façon préventive leurs terrains de tennis, dont la terre battue pourrait comporter un niveau alarmant d’amiante.
«C’est un peu comme l’expérience qu’on a eue avec la COVID. On aimerait comprendre ce qui s’en vient», soutient la directrice générale de Tennis Québec, Julie Vézina. Elle attend les directives de la Santé publique concernant la terre battue grise de la marque Har-Tru, qu’on retrouve sur à peu près tous les terrains de tennis en terre battue de la province.
De son côté, le ministère de la Santé et des Services sociaux a expliqué par courriel «qu’il n’appartient pas [à son ministère] d’établir une directive pour vérifier la présence d’amiante dans les terrains en terre battue», précisant que le dossier tombait dans la cour du ministère fédéral de l’Environnement.
Dans le flou

Le 31 juillet dernier, la Ville de Saint-Sauveur a annoncé par communiqué avoir contacté la CNESST et la direction de la Santé publique après qu’une analyse eut révélé que le «produit utilisé pour l’entretien des terrains de tennis en terre battue [dépassait] la norme canadienne sur les produits contenant de l’amiante».
Mercredi, l’arrondissement d’Outremont, à Montréal, a procédé à la fermeture des terrains de trois de ses parcs. Les municipalités de Prévost et Rosemère, dans les Laurentides, et de Repentigny, dans Lanaudière, ont aussi fait de même.

«C’est sûr que les fermetures préventives ont des conséquences sur nos membres, les tournois et la logistique à long terme de l’entretien de ces terrains, poursuit Mme Vézina. On espère avoir des directives très prochainement, mais la sécurité des participants et des employés demeure notre priorité. Il y a certainement un effet domino présentement.»
Des clubs sur le qui-vive
Le conseil d’administration du club de tennis privé de Saint-Lambert surveille de près cette situation, puisque ses cinq terrains sont faits en terre battue. Il n’a toutefois pas fermé ses portes pour le moment.
«J’ai déjà demandé à nos fournisseurs de nous faire un prix pour la terre battue rouge, au cas où on devrait changer de surface, explique Joanne Galarneau, présidente du CA. On ne prend pas ça à la légère et s’il y a une hésitation, on va fermer.»
Du souci pour les employés

Selon les normes de Santé Canada et d’Environnement Canada, l’exposition à l’amiante est négligeable pour la santé lorsqu’elle compose moins de 0,1% d’un matériau donné.
«Les trois maladies reliées à l’amiante ne se développent pas rapidement, nuance toutefois France Labrèche, professeure agrégée de clinique à l’École de santé publique. Il faudrait avoir une idée de la dose qu’un joueur de tennis qui joue deux heures par jour va respirer, mais je m’inquiéterais beaucoup plus pour les travailleurs qui font l’entretien de cette surface-là.»
Har-Tru n’a pas donné suite aux demandes d’entrevue du Journal. Environnement Canada, de son côté, n’était pas en mesure de commenter le dossier avant la publication de cet article.
Tennis Canada, qui s’occupe de l’Omnium qui a lieu présentement au Stade IGA de Montréal, où il y a aussi des terrains en terre battue, n’a pas non plus répondu à nos questions.