Amazon double son bénéfice net trimestriel à 20 G$

AFP
Porté par une saison des Fêtes faste et la forte demande pour le nuage informatique, Amazon a quasiment doublé son bénéfice net à 20 G$ au quatrième trimestre, mais le groupe américain risque d’être rattrapé par un contexte économique moins favorable en ce début d’année.
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De ses opérations promotionnelles en octobre à Noël en passant par l’Action de grâce aux États-Unis, le géant du commerce en ligne a réalisé 187,8 G$ de chiffre d’affaires trimestriel.
C’est sans doute la première fois qu’Amazon dépasse Walmart en matière de revenus trimestriels. La chaîne américaine d’hypermarchés, qui publiera ses résultats le 20 février, devrait afficher 180 G$ de recettes pour la même période, selon les estimations.
Andy Jassy, le patron de la firme, s’est félicité de ces ventes de fin d’année, «les plus réussies qu’Amazon a connues», dans le communiqué de résultats publié jeudi.
Mais ses prévisions pour le trimestre en cours, comprises entre 151 et 155,5 G$ de chiffre d’affaires, sont ressorties largement inférieures à celles attendues par le marché.
Amazon a indiqué s’attendre à un impact défavorable «exceptionnellement important, d’environ 2,1 G$», à cause des taux de change.
Les revenus de sa branche informatique, AWS, ont eux crû de 19%, à 28,8 G$, pour un bénéfice opérationnel (indicateur clef de la rentabilité) de 10,6 G$, soit près de la moitié du total du groupe.
Remise en question
Mais le marché espérait une accélération de la croissance du nuage informatique, alors que la concurrence dans l’IA générative a pris une nouvelle dimension avec l’irruption sur cette scène très américaine de la jeune entreprise chinoise DeepSeek.
Aussi performant que ChatGPT (OpenAI) et ses principaux rivaux, son nouveau modèle a été conçu à un bien moindre coût, remettant en question les dépenses faramineuses des grandes entreprises technologiques en puces de pointe et serveurs énergivores.
Les deux groupes les plus avancés dans l’IA générative, Microsoft et Google, ont déçu les analystes la semaine dernière avec des résultats inférieurs aux attentes pour leurs nuages informatiques.
«Microsoft a connu un bon trimestre, mais ce n’est pas ce que les investisseurs attendent d’un géant de l’IA qui dépense comme s’il construisait l’Étoile de la Mort [station spatiale de la taille d’une planète dans les films de la Guerre des Étoiles]», a commenté Jeremy Goldman, analyste chez eMarketer.
Google a particulièrement dévissé en Bourse quand il a annoncé 75 G$ de dépenses en capitaux en 2025, principalement dans l’IA.
Microsoft a de son côté alloué 80 G$ sur un an pour construire de nouveaux centres de données, considérés nécessaires à la nouvelle génération d’IA.
Amazon, numéro un mondial du nuage informatique, est a priori moins exposé à la concurrence de DeepSeek.
AWS n’a présenté qu’en décembre 2024 ses propres modèles d’IA générative (Amazon Nova), deux ans après la sortie de ChatGPT. Et ils ne sont accessibles qu’à ses clients professionnels, des organisations et des développeurs, aux côtés d’autres modèles.
Produits chinois
Le groupe de Seattle investit néanmoins aussi conséquemment que la Silicon Valley. En novembre, il a injecté 4 G$ supplémentaires dans Anthropic (concurrent d’OpenAI), portant ainsi le total de ses contributions à 8 G$.
En avril, Andy Jassy a prévenu que les investissements dans AWS et l’IA générative allaient augmenter, assurant que la technologie «représente déjà des revenus annuels de plusieurs milliards de dollars».
L’activité principale d’Amazon, sa plateforme de commerce en ligne, continue de capitaliser sur ses temps de livraison ultrarapides, mais sa part de marché mondial stagne à un peu plus de 12% depuis des années, selon eMarketer.
Face à la montée en puissance des plateformes de vente chinoises à petits prix comme Temu et SHEIN, elle a lancé en novembre sa propre section d’articles bon marché, aux États-Unis pour commencer.
Sur Amazon Haul, les produits coûtent moins de 10$ pour la plupart et arrivent chez le consommateur en une à deux semaines.
Un service qui pourrait potentiellement pâtir de la guerre commerciale engagée par le nouveau gouvernement de Donald Trump avec Pékin.
«Les yeux sont tournés vers Temu, mais une grande partie des produits vendus sur Amazon sont également d’origine chinoise», a souligné l’analyste indépendant Rob Enderle.
«Avec l’incertitude des tarifs douaniers, je suis sûr qu’Amazon est beaucoup plus conservateur en ce moment qu’il ne le serait autrement en ce qui concerne ses prévisions.»
Son action perdait environ 3% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.