Alors qu’ils parlaient du «mix», les joueurs du Canadien rêvaient à plus grand

Jonathan Bernier
Être dans le mix, disputer des matchs importants après la date limite des transactions, profiter de cette expérience pour préparer l’avenir: c’est le narratif que la direction et les joueurs du Canadien ont répété des dizaines de fois depuis le tournoi de golf du mois de septembre.
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Sauf qu’à l’interne, on voyait un peu plus grand.
«On voulait faire les séries à tout prix. C’était ça, notre objectif», a lancé Juraj Slafkovsky, dans les minutes suivant la confirmation de cette présence dans le tournoi éliminatoire.
«On ne l’a pas dit haut et fort, on a gardé ça entre nous, mais c’était notre souhait dès le départ. Et on a réussi», a ajouté le Slovaque.

Oui, le Canadien y est parvenu. Par la peau des fesses, contre vents et marées, et lors du tout dernier match de la saison. Comme en 2010, soit dit en passant.
«Je ne me suis jamais arrêté à penser au risque de rater les séries, a affirmé Lane Hutson, à propos des 10 derniers jours. Je n’ai jamais voulu regarder derrière, à ce qui pourrait arriver. Tout ce qui m’importait, c’est de trouver une façon de parvenir à notre objectif.»
«On n’a jamais douté»
Le Canadien a confondu les sceptiques, qui étaient nombreux avant même le début de la saison et possiblement unanimes durant les six semaines que le CH a passées au 16e et dernier rang de l’Association de l’Est, du 7 novembre au 17 décembre.
«Toutes les probabilités étaient contre nous, mais on n’a jamais douté. Même dans les moments les plus difficiles», a soutenu Slafkovsky.
Des périodes creuses, il y en a eu quelques-unes. Du 23 janvier au 9 février, le Tricolore n’a remporté qu’une victoire en neuf matchs. Au matin du 7 février, le site MoneyPuck établissait les chances du Canadien de participer aux séries éliminatoires à 3,9%.
Ça s’approche des 2% évoqués mercredi soir par l’entraîneur-chef du Canadien et quelques joueurs rencontrés dans le vestiaire.
«Ça commence avec Marty [Martin St-Louis]. Avec lui, on n’a jamais perdu confiance que c’était réellement possible, a souligné Mike Matheson. Après les 4 nations, on était à 2% de chance de faire les séries. Aujourd’hui, ben, c’est 100%.»
St-Louis et ses hommes sont parvenus à renverser la vapeur en maintenant un dossier de 15-5-6 dans le dernier tiers de sa saison, la troisième plus solide fiche de l’Association de l’Est.
«Il y a des moments où ce n’était pas parfait, où les chances n’étaient pas aussi élevées qu’on le souhaitait, mais on a continué de travailler», a mentionné Matheson.
Voilà la définition de ce qu’est la résilience, un mot qu’on a entendu souvent dans l’entourage de l’équipe au cours de cette saison parsemée de hauts et de bas.
«Je suis fier de la façon dont on s’est battu, a déclaré Slafkovsky. Après la pause des 4 nations, on a remporté des matchs importants, on a fait tourner la situation en notre faveur.»
«On perdait des séries de matchs, mais on trouvait toujours une façon de rebondir et de gagner. On mérite d’être où on est», a-t-il poursuivi.
Le voyage qui a tout changé
Cette façon de rebondir, le Tricolore en a donné un premier exemple à la fin du mois de décembre, alors qu’il se trouvait au plus creux de sa saison. Alexandre Carrier, acquis tout juste avant, est persuadé que c’est ce qui a donné l’élan au reste du calendrier.
«À Noël, on est allés en Floride, à Tampa et à Vegas. On a gagné ces trois matchs-là. Quelques jours plus tard, on a battu le Colorado. Ça a été un moment tournant, a estimé le défenseur, acquis des Predators. On s’est dit qu’on était capables de battre les meilleures équipes de la ligue, qu’on avait ce qu’il fallait pour le faire, que ça prenait simplement de la constance. Ça nous a donné des ailes.»
Comme pour un jeune oiseau poussé hors du nid, on s’est parfois demandé si les ailes du Canadien allaient tenir le coup. Malgré quelques descentes à pic, elles ont résisté.
Quelques jalons de la saison
17 décembre: le vent tourne
De l’avis de plusieurs, c’est la date à laquelle la saison du Canadien a tourné. Propulsé par le tour du chapeau de Patrik Laine en supériorité numérique, le Tricolore rosse les Sabres de Buffalo au compte de 6 à 1. Les huées, devenues courantes depuis quelques semaines au Centre Bell, font place à l’euphorie. Le lendemain, Kent Hughes fait l’acquisition d’Alexandre Carrier. Une transaction qui amènera une grande stabilité au sein de la brigade défensive du Canadien.
28 décembre au 10 janvier: une bonne dose de confiance
Le Canadien a beau avoir repris des couleurs, on s’attend à ce que le voyage du temps des Fêtes, qui l’amènera en Floride, à Tampa et à Vegas soit une catastrophe. Contre toute attente, la troupe de Martin St-Louis rentre à la maison avec trois victoires. Après un faux pas à Chicago, il ajoutera trois autres gains. Parmi ses victimes, on note l’Avalanche et les Capitals. Le Tricolore vient donc de battre trois des quatre meneurs de section.
22 février: une pause bénéfique
Les joueurs du Canadien font une pause à la Confrontation des 4 nations sur les genoux. Ils n’ont gagné qu’un de leurs neuf derniers matchs. Le niveau d’énergie semble à son plus bas. Le site MoneyPuck établit à 3,9% ses chances de participer aux séries. Ravigotés par cet arrêt d’une dizaine de jours, ils se remettent en selle en connaissant une séquence de cinq victoires consécutives pour la première fois en trois ans.
1er avril: deux points inespérés
Face aux Panthers, Nick Suzuki joue les héros en créant l’égalité avec neuf secondes à écouler à la troisième période et en inscrivant le but gagnant après 29 s au début de la prolongation. Déjà, on invoque que ces deux points de classement inespérés pourraient faire la différence à la fin de la campagne. Cette victoire est la deuxième d’une série de six. Du jamais-vu à Montréal depuis 2017.