Allégations d’intimidation et de harcèlement: quatre maires en quatre ans à Wickham


Vincent Desbiens
La proximité avec le citoyen est un atout majeur de la politique municipale. Elle peut aussi devenir un puissant vecteur de polarisation quand la situation dérape dans une municipalité.
Aucune autre ville québécoise n’a connu autant de maires et maires suppléants depuis 2021 que la municipalité de Wickham, au Centre-du-Québec.
Trois personnes qui y ont été premiers magistrats ont quitté la vie municipale après s’être dits victimes d’intimidation et de harcèlement de la part de citoyens.
La décision de confier la desserte du service d’incendie aux pompiers de Drummondville a été très mal reçue par certains d’entre eux. Un groupe de résidents de la municipalité d’environ 2600 habitants s’est alors mobilisé pour exiger le statu quo.
Élu en 2021, le maire Ian Lacharité a démissionné dans les semaines suivantes parce que sa famille et lui auraient fait l’objet de menaces, selon ce qu’il a confié à plusieurs médias. Son successeur, le maire suppléant Charles-Antoine Fauteux, a lui aussi quitté son poste quelques semaines plus tard, après avoir été «victime d’une campagne de dénigrement et de harcèlement», d’après sa lettre de démission.

Suppléant au suppléant, le conseiller Michael Côté a exercé ses fonctions jusqu’à ce que Luce Daneau, qui s’oppose à la délégation du service d’incendie, soit élue en juin 2023.

En entrevue avec le journal L’Express de Drummondville en février 2024, M. Côté a confié avoir quitté son poste de conseiller municipal après avoir été «la cible d’intimidation, de commentaires agressifs, d’injures ou de menaces de la part de certains citoyens» et en raison de tensions au sein du nouveau conseil municipal.
La mairesse Daneau rappelle qu’aucune accusation n’a été déposée en lien avec ces affaires après une enquête de la Sûreté du Québec. Elle estime «qu’on en a un peu trop fait» avec ces dénonciations.
«Je trouve qu’on a rapidement accolé le mot "intimidation" dans ces cas-ci. Il n’y a pas de preuves et ce sont tous les Wickhamois qui ont été touchés par ces accusations. Des années plus tard, on essaie encore de se défaire de cette image, même si ça se passe très bien depuis mon arrivée en poste. Je n’ai rien vécu en ce sens, personnellement.»