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L'article provient de Bureau d'enquête

Allégations de «Ponzi»: Robert Giroux contre-attaque

L’homme d’affaires qui est poursuivi pour 150 M$ par les millionnaires floués dans la chute du Groupe Huot les poursuit à son tour pour 40 M$

Photo fournie par VOYOU – PERFORMANCE CRÉATIVE
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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2023-10-30T04:00:00Z
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L’homme d’affaires qui a convaincu 75 millionnaires de Québec d’investir plus de 200 M$ dans les projets du Groupe Huot avant sa débâcle répond à la poursuite des investisseurs qui l’accusent d’une fraude «de Ponzi» en les poursuivant à son tour pour 40 M$.

• À lire aussi: «C'est un gros échec»: Stéphan Huot brise le silence sur sa débâcle financière

• À lire aussi: Débâcle du Groupe Huot: des millionnaires de Québec évoquent un «système de Ponzi» et réclament 150 M$

Robert Giroux riposte.

Poursuivi pour 150 M$ par les investisseurs qu’il a lui-même recrutés, l’homme d’affaires a déposé dans les derniers jours sa défense dans ce dossier, en plus d’une contre-poursuite de 40 M$.

Dans le document déposé au palais de justice de Québec, Robert Giroux dément avec véhémence les allégations formulées à son endroit qui dressaient des parallèles entre lui et les fraudeurs notoires Vincent Lacroix et Bernard Madoff.

Rappelons que les millionnaires accusent M. Giroux d’avoir mis sur pied un stratagème à la Ponzi pour les convaincre de maintenir leurs investissements dans les projets du Groupe Huot. L’opération se serait faite par l’entremise de deux fonds d’investissement pilotés par Giroux et ses entreprises, les demandeurs alléguant qu’il aurait été au fait des déboires financiers de Stéphan Huot.

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Aura de toxicité

«La preuve et même les faits allégués démontrent plutôt que ces allégations sont sans aucun fondement et qu’elles ont été formulées avec l’objectif de teinter le dossier et la réputation de M. Giroux», peut-on lire dans le document de 97 pages obtenu par Le Journal.

L’accusation de fraude «de Ponzi» a particulièrement choqué Robert Giroux, qui estime que ces allégations l’ont marqué «d’une aura de toxicité qui a amené ses anciens clients, associés, institutions financières, amis et connaissances à couper leurs liens avec [lui]». 

Une ordonnance de saisie avant jugement avait d’ailleurs été rendue sur ses actifs pour en éviter la liquidation, avant d’être cassée par la Cour supérieure. «La juge [Marie-Paule] Gagnon a conclu qu’«aucune allégation factuelle ne [supportait] cette allégation [de Ponzi]», écrivent les avocats de Giroux dans leur défense.

C’est pourquoi M. Giroux, qui se dit victime d'une campagne de salissage et d'intimidation, réclame des dommages moraux et pécuniaires à l’ensemble des demandeurs dans les poursuites liées aux deux fonds d’investissement qu’il pilotait, FIISH et Q-12.

«L’institution des procédures par les demandeurs, la teneur des allégations qui s’y trouvent, et leur publicisation et leur diffusion subséquente ont plongé le Défendeur, M. Giroux, dans un état de détresse psychologique profonde», peut-on lire dans la demande reconventionnelle.

Berné lui aussi?

Et Robert Giroux soutient avoir lui aussi été berné par le Groupe Huot, n’ayant jamais été mis au fait des difficultés financières avant que n’éclate la bulle qui a mené Stéphan Huot à se placer à l’abri de ses créanciers, à qui il doit 1,2 milliard.

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Si des problèmes de liquidités avaient bel et bien été soulevés, jamais M. Giroux n’aurait été avisé de l’insolvabilité du Groupe Huot selon ses prétentions.

«[Les] tableaux de bord mensuels [fournis par Groupe Huot] démontrent que l’encaisse en début de période est positive tout au long de l’année 2022 et passe dans le négatif en décembre 2022. [...] C’est seulement en février 2023 que ces informations ont été connues des défendeurs», insistent les avocats de Robert Giroux dans leur défense.

«Château de cartes fragile»

S’il y a eu violation des conventions de crédit et des ententes avec les prêteurs, elles sont donc imputables à Stéphan Huot selon Robert Giroux.

«Les pertes éventuelles et toujours hypothétiques subies ou à être subies découlent avant tout des pratiques commerciales douteuses de Stéphan Huot et des conditions de marché», soutient à sa défense l’homme d’affaires, parlant de l’empire Huot comme d’un «château de cartes fragile».

Stéphan Huot
Stéphan Huot Photo Stevens LeBlanc

D’ailleurs, le rachat d’une partie du parc immobilier de Huot par le Groupe Mach est toujours en marche. Les discussions, initiées par Robert Giroux peut-on apprendre dans des documents de cour, iraient bon train malgré le report de deux audiences visant à boucler le dossier. 

Une transaction de cette ampleur comporte «plusieurs ficelles à attacher» affirment des sources, qui se disent confiantes de voir le tout aboutir.

Cette opération devrait permettre de rembourser les créanciers garantis, en plus du groupe de millionnaires, en partie du moins.

«Ça va leur donner l'opportunité de récupérer, en tout ou en partie, avec le temps, l’investissement qu’ils ont fait dans ce projet-là», avait confié Vincent Chiara, président du Groupe Mach.

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