Viol collectif: Hockey Canada relance l’enquête
L’organisation présente ses excuses dans une lettre à la population

Stéphane Cadorette
Trois semaines après avoir mal paru devant les élus du comité permanent du patrimoine canadien, voilà que Hockey Canada s’est confondu en excuses jeudi en promettant de relancer l’enquête sur le viol collectif survenu en 2018 et impliquant huit joueurs évoluant sous sa bannière.
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Le 20 juin dernier, Hockey Canada assurait avoir tout fait en son pouvoir pour mener une enquête indépendante visant à faire la lumière sur les tristes événements de juin 2018. Jeudi, l’organisme national a plutôt constaté les dégâts et admis ses torts.
C’est pourquoi la fédération a promis que les 19 joueurs présents en juin 2018 dans le cadre d’un gala de la Fondation de Hockey Canada à London seraient obligés de collaborer à l’enquête, ce qui n’avait pas été le cas jusqu’à présent.
- Écoutez le point de presse de Pascale St-Onge sur QUB radio:
«Nous entendons votre colère et votre déception à l’endroit de Hockey Canada, et vos sentiments sont tout à fait légitimes. Nous savons que notre réponse a été insuffisante relativement aux agissements de certains membres de l’équipe nationale junior 2018, voire pour mettre fin à la culture de comportements toxiques au hockey. Nous en sommes sincèrement désolés», a écrit Hockey Canada dans sa lettre.
Tout joueur qui refuserait de collaborer subira «l’exclusion à vie des activités de Hockey Canada, sur la glace et ailleurs», assure la fédération.
Lettre ouverte à la population canadienne. 🇨🇦
— Hockey Canada FR (@HockeyCanada_fr) July 14, 2022
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Un bon pas
Après avoir pris connaissance de la lettre, la ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, s’est montrée encouragée, mais attendra avant de se dire entièrement satisfaite.

«Je pense que les engagements qui sont pris vont dans la bonne direction, mais je m’attends à ce que les bottines suivent les babines alors ils devront opérer un changement de culture au Canada », a-t-elle prévenu.« Maintenant, ça prend des actions qui suivent les déclarations», a-t-elle insisté.
Autres engagements
Dans sa lettre, Hockey Canada a également confirmé vouloir travailler en partenariat avec le Bureau de la commissaire à l’intégrité dans le sport.
Il s’agissait d’ailleurs d’une condition imposée par la ministre St-Onge pour rétablir le financement fédéral à Hockey Canada, qui a été retiré dans la foulée des événements.
L’institution a d’autre part fait savoir qu’elle s’engageait à imposer une formation obligatoire sur la violence sexuelle et le consentement à tous les joueurs, membres du personnel et bénévoles de la haute performance.
Une révision complète de la gouvernance de Hockey Canada par un tiers indépendant sera effectuée et un mécanisme de plainte indépendant et confidentiel sera instauré.
- Écoutez le commentaire d'Alexandre Moranville-Ouellet à LCN:
Trop peu trop tard?
Aux yeux des politiciens, il s’agit encore une fois de propositions louables, mais qui auraient dû être appliquées plus tôt.
«C’est l’attitude que nous attendions de Hockey Canada, mais quatre ans trop tard», a réagi le porte-parole du Bloc Québécois en matière de Sports, Sébastien Lemire.
«Il faudra s’assurer que l’ensemble des mesures annoncées soient mises en œuvre et que le processus demeure une démarche sincère et transparente qui permette à Hockey Canada de regagner la confiance des citoyens, des parlementaires et de ses athlètes. Nous nous attendons aussi à ce que l’enquête indépendante annoncée touche la gouvernance et vise également les décideurs qui ont visiblement décidé de camoufler l’affaire en 2018.
«Hockey Canada et ses dirigeants doivent demeurer imputables de leur mauvaise gestion de l’affaire et devront faire le suivi des actions annoncées aujourd’hui en comité, devant les parlementaires», a-t-il conclu.
Pertes importantes
La victime de l’agression avait conclu une entente de l’ordre de 3,55 millions en dommages-intérêts avec Hockey Canada et les présumés agresseurs n’ont pas été identifiés.
Depuis, la réputation de Hockey Canada en a pris pour son rhume et plusieurs commanditaires de renom ont choisi de se dissocier de ses activités, la Banque Scotia, Tim Hortons et Esso.
- Avec la collaboration de Guillaume St-Pierre